Critique : Decision to leave

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Decision to leave

Corée du Sud : 2022
Titre original : Heojil Kyolshim
Réalisation : Park Chan-Wook
Scénario : Park Chan-Wook, Chung Seo-kyung
Interprètes : Tang Wei, Park Hae-il, Go Kyung-pyo
Distribution : Bac Films
Durée : 2h18
Genre : Romance, Drame, Policier
Date de sortie : 29 juin 2022

1.5/5

Ces derniers temps, le cinéma sud-coréen a surtout été représenté par Bong Joon-ho et Hong Sang-soo et on en était presque arrivé à oublier Park Chan-wook qui n’avait plus tourné de long métrage pour le cinéma depuis Mademoiselle, présenté en compétition au Festival de Cannes 2016. Ce réalisateur est particulièrement connu pour sa « Trilogie de la vengeance », Sympathy for Mr. Vengeance en 2002, Old Boy en 2003 et Lady Vengeance en 2005, quand bien même on est en droit de leur préférer Joint Security Area, un film antérieur, sorti en 2000. Grand Prix du Jury du Festival de Cannes 2004 avec Old Boy, Prix du Jury en 2009 avec Thirst, ceci est mon sang, Park Chan-wook est revenu en force lors du dernier Festival de Cannes, Decision to leave étant reparti avec le Prix de la mise en scène.

Synopsis : Hae-Joon, détective chevronné, enquête sur la mort suspecte d’un homme survenue au sommet d’une montagne. Bientôt, il commence à soupçonner Sore, la femme du défunt, tout en étant déstabilisé par son attirance pour elle.

Une fascination qui tombe mal

Flic à Busan, la 2ème plus grande ville de la Corée du Sud, Jang Hae-joon ne voit sa femme que de temps en temps : elle vit au bord de la mer, à bonne distance de Busan. Une femme qui organise leur sexualité à des fins thérapeutiques : faire l’amour une fois par semaine pour combattre les maladies cardiovasculaires, pour elle se nourrir de grenades pour retarder la ménopause, pour lui consommer de l’extrait de tortue pour accroitre la production de testostérone. Hae-joon arrive à s’en accommoder, même s’il semble prendre davantage de plaisir dans son travail que dans son couple. Alors qu’il vient de reconnaître, et sans doute de regretter, qu’à Busan, « c’est calme en ce moment », voilà qu’arrive une affaire qui va le déstabiliser. Une affaire qui peut paraitre banale à première vue : un homme est mort en tombant du sommet d’un piton proche de la ville. Accident ? Suicide ? Meurtre ? Et si c’était son épouse, Sore, qui l’avait poussé dans le vide ? Sore, une immigrée chinoise qui a été acceptée sur le sol coréen parce qu’elle est la petite fille d’un homme considéré comme étant un héros pour la Corée. Sore, accusée par la Chine d’avoir tué sa mère. Son travail de flic oblige Hae-joon à soupçonner Sore, à la suivre, à l’épier. Le problème pour lui, c’est que plus il voit Sore, plus il est troublé, plus il est enjôlé, plus il est fasciné par elle. Difficile de faire correctement son boulot de flic dans ces conditions !

Un film frigide

Un flic qui tombe amoureux de la principale suspect de ce qui est peut-être un crime : beau sujet même s’il n’est pas vraiment nouveau ! Beau sujet, à condition qu’il ne soit pas confié à un réalisateur narcissique, un réalisateur qui n’aime rien tant que de se regarder filmer, un réalisateur pervers qui, manifestement, adore jouer au plus malin en prenant du plaisir à perdre les spectateurs de son film dans une histoire alambiquée à l’excès. Alors oui, ce film qui lorgne sans vergogne sur le Vertigo d’Alfred Hitchcock est esthétiquement très beau, la mise en scène est parfaite, mais c’est au service d’un film qui ne dégage aucune émotion, d’un film qu’on peut sans exagération qualifier de frigide, d’un film qui s’efforce par moment de faire rire, qui y arrive parfois mais qui, tirant beaucoup trop en longueur, s’avère in fine fort ennuyeux. Il est vrai que, depuis quelques années, il est bon de dépasser les 2 heures pour augmenter ses chances de figurer dans la sélection officielle du Festival de Cannes !

Elle est belle, il est beau, mais …

Tang Wei, l’interprète de Sore, est une comédienne chinoise, aujourd’hui mariée à un réalisateur coréen, qui avait dû quitter la Chine suite à sa prestation dans Lust, Caution de Ang Lee, très mal reçue dans son pays. Park Hae-il est un comédien coréen qu’on avait vu dans Memories of murder et dans The Host, deux films de Bong Joon Ho. Elle est belle, il est beau, mais elle et il, malgré leurs qualités, n’arrivent pas à apporter la chaleur émotionnelle qu’on aurait aimer trouver dans ce film malheureusement si froid.

Conclusion

Avec Park Chan-Wook, un réalisateur qui adore se regarder filmer, avec Kim Ji-Yong, un directeur de la photographie chevronné, Decision to leave bénéficie d’une très belle image et d’une mise en scène de qualité, mais c’est avec la façon prétentieuse de raconter une histoire somme toute banale, en la délayant en plus jusqu’à plus soif, que tout s’écroule, quand bien même la distribution fait tout son possible, sans vraiment y arriver, pour faire passer la pilule.

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