Test Blu-ray : The Card counter

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The Card counter

États-Unis : 2021
Titre original : –
Réalisateur : Paul Schrader
Scénario : Paul Schrader
Acteurs : Oscar Isaac, Tye Sheridan, Tiffany Haddish
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h51
Genre : Thriller, Drame
Date de sortie cinéma : 29 décembre 2021
Date de sortie DVD/BR : 20 avril 2022

Mutique et solitaire, William Tell, ancien militaire devenu joueur de poker, sillonne les casinos, fuyant un passé qui le hante. Il croise alors la route de Cirk, jeune homme instable obsédé par l’idée de se venger d’un haut gradé avec qui Tell a eu autrefois des démêlés. Alors qu’il prépare un tournoi décisif, Tell prend Cirk sous son aile, bien décidé à le détourner des chemins de la violence, qu’il a jadis trop bien connus…

Le film

[3,5/5]

On n’avait pas eu l’occasion de voir Paul Schrader passer derrière la caméra depuis Sur le chemin de la rédemption en 2017. Distribué en France fin 2021, sur un circuit de 89 salles seulement, son dernier film, The Card Counter, n’a probablement pas bénéficié de la promotion nécessaire afin d’attirer les spectateurs français, et est, de ce fait, passé plutôt inaperçu, en dépit de sa présentation courant 2021 dans deux festivals prestigieux – la Mostra de Venise et le Festival du cinéma américain de Deauville. C’est d’autant plus dommage que The Card Counter marquait les retrouvailles entre Paul Schrader et Martin Scorsese, qui occupe ici le poste de producteur exécutif : on se souvient que Paul Schrader lui avait dans le passé écrit les scénarios de Taxi Driver, Raging Bull, La Dernière Tentation du Christ et À tombeau ouvert.

Qu’à cela ne tienne cependant : les cinéphiles français auront l’occasion de rattraper The Card Counter au format Blu-ray, histoire de se plonger dans cette histoire de poker et de comptage de cartes dissimulant une trame narrative autrement plus ambitieuse suivant la trajectoire de plusieurs êtres à la vie brisée, rongés par la culpabilité, la douleur et les fantômes du passé. Paul Schrader construit donc un récit captivant, mettant en parallèle la torture physique et ses répercussions sur les âmes, des victimes comme des bourreaux. Pour autant, en mettant en avant le monde du poker et un duo de personnages complètement paumés (Oscar Isaac et Tye Sheridan), The Card Counter parvient tout de même à créer, malgré le malaise ambiant, une petite touche d’espoir, comme pour montrer qu’en optant pour la bonne « philosophie », tourner le dos à la douleur et aux traumatismes est toujours possible.

Après avoir passé huit ans en prison pour le rôle qu’il a tenu dans le scandale d’Abou Ghraib, William Tell (Oscar Isaac) gagne sa vie en mettant en application les méthodes de « comptage de cartes » qu’il a apprises durant sa détention. Il se contente cependant de gagner « petit », et voyage de ville et ville, de motel en motel, suivant une série de rituels étranges que Paul Schrader traite avec finesse, et qui trouveront – du moins en partie – une explication avant la fin du film. Après nous avoir permis de rencontrer le personnage central, The Card Counter opère un petit changement narratif en faisant rencontrer à William deux personnages qui bouleverseront son existence.

Dans un premier temps, il est approché par Linda (Tiffany Haddish), qui lui propose de le « sponsoriser » dans le monde du poker, afin de participer à de plus gros tournois et de partager ses gains avec elle. D’abord réticent, il acceptera finalement après avoir rencontré Cirk (Tye Sheridan), un jeune homme sombre et perturbé : dévoré par un désir de vengeance depuis le suicide de son père, il est bien décidé à obtenir réparation pour sa vie familiale brisée en tuant le major John Gordo (Willem Dafoe), un militaire ayant échappé aux poursuites après avoir pris part à la torture dans la prison d’Abou Ghraib. Ayant définitivement tourné le dos au passé, Tell refuse de s’impliquer dans la vengeance du jeune homme, mais souhaite le sortir de ses dettes et lui permettre de renouer les liens avec sa mère dont il s’est séparé.

Avec The Card Counter, Paul Schrader fait preuve d’une remarquable ambition en mêlant deux histoires qui semblent, à priori, ne rien avoir en commun. Si les deux intrigues ne convergent pas toujours de manière évidente, mais le succès du film tient en partie à la volonté du scénariste / réalisateur de laisser « vivre » ses personnages, et de laisser le matériau s’exprimer de lui-même, en laissant au public le soin de démêler l’écheveau de l’intrigue plutôt que de lui apporter une série de réponses « toutes faites ». Malgré de petites longueurs, le rythme est globalement bien tenu, et parvient régulièrement à capter l’attention du spectateur dans sa façon d’aborder le monde trépidant du comptage des cartes, sans occulter les événements interdépendants et la discrétion dans la pratique complexe du calcul mental qu’implique cette pratique. The Card Counter est par ailleurs porté par le talent et la crédibilité de ses acteurs. Oscar Isaac véhicule parfaitement le sentiment d’isolement de son personnage, de même que son détachement de toutes les contingences matérielles. Son alchimie à l’écran avec Tifffany Haddish est remarquable, d’autant que l’actrice gère avec talents les nuances dramatiques de son personnage, dont la relation avec William évolue de manière vraiment réaliste et passionnante.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Côté technique, l’image du Blu-ray de The Card Counter édité par Universal Pictures est d’une précision étonnante, et fait honneur à la belle photo du film, pourtant souvent plongée dans l’obscurité. Les couleurs sont éclatantes sur les scènes diurnes, surtout concentrées sur la première bobine, les contrastes laissent s’affirmer des noirs profonds et denses, et on ne dénote pas de souci de compression : l’éditeur compose parfaitement avec le matériau dont il dispose et nous offre un travail d’encodage remarquable, dont l’impact est encore renforcé par la présence de deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 (VF/VO), immersifs et extrêmement efficaces lors des impressionnantes séquences de flashbacks prenant place dans les geôles d’Abou Ghraib.

Dans la section suppléments, on trouvera un court making of (5 minutes), qui aura cependant le mérite de survoler les thématiques du film et de donner la parole à Paul Schrader ainsi qu’à Oscar Isaac, qui s’exprimeront tous deux sur la profondeur psychologique du personnage.

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