Test Blu-ray : Rock-O-Rico

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Rock-O-Rico

États-Unis, Royaume-Uni, Irlande : 1992
Titre original : Rock-A-Doodle
Réalisation : Don Bluth
Scénario : David N. Weiss
Acteurs (VF) : Eddy Mitchell, Lio, Tom Novembre
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h14
Genre : Animation
Date de sortie cinéma : 24 juin 1992
Date de sortie DVD/BR : 6 avril 2022

Pour les animaux de la basse-cour, le soleil ne se lève que lorsque le coq se met à chanter. Or, ce matin-là, Chanteclerc, le coq le plus rock’n roll de la ferme a oublié de chanter et le soleil s’est quand même levé. Ridiculisé, il décide de quitter la ferme. Une bonne nouvelle pour le Grand Duc, le hibou qui va pouvoir faire régner la nuit éternelle. Pour les autres animaux de la ferme, un seul objectif : faire revenir leur coq…

Le film

[3/5]

Ayant profité, au milieu des années 80, de l’affaiblissement temporaire des Studios Disney afin de faire son trou dans le domaine de l’animation, Don Bluth a rencontré deux énormes succès publics avec Fievel et le Nouveau Monde (1986) et Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles (1988). Malheureusement pour lui, l’année 1989 marqua le grand retour aux affaires de Disney : La Petite Sirène pulvérisa le box-office international, reléguant malheureusement son pourtant très réussi Charlie au rang de cuisant échec commercial.

Trois ans plus tard, rebelote pour Don Bluth : malgré une date de sortie décalée afin de ne pas entrer en concurrence directe avec La Belle et la Bête (1991), son film suivant, Rock-O-Rico, se ferait pulvériser par le rouleau-compresseur Disney : le film de Don Bluth ne réaliserait que 11 millions de dollars de recettes, contre 146 millions pour son concurrent. Une véritable catastrophe industrielle, qui entraînerait la liquidation du studio de Don Bluth six mois après sa sortie. Dans les salles françaises, comme dans le reste du monde, Rock-O-Rico n’attirerait que bien peu de curieux : un peu moins de 210.000 spectateurs en tout et pour tout.

Trente ans après sa sortie, que reste-t-il aujourd’hui de Rock-O-Rico ? Hé bien, pour être tout à fait honnête, si par certains aspects il nous semble impossible de ne pas saluer la vision dont a su faire preuve Don Bluth dans cette adaptation de la pièce d’Edmond Rostand « Chantecler », on admettra tout de même que le film porte sur lui les stigmates d’une production contrariée :  Rock-O-Rico est en effet bourré d’ellipses scénaristiques et souffre d’une histoire beaucoup trop confuse. Dès les premières minutes du film, le personnage du coq Chantecler, qui devrait être le véritable héros du film, est mis à mal dans ses convictions, et quitte la ferme pour la « Grande ville ».

De fait, Don Bluth délaissera rapidement le personnage pour centrer le film sur la quête d’Edmond et de ses copains afin de retrouver le coq en disgrâce. On a dès lors l’impression assez nette que pour adapter la narration au fait que le héros du film n’est pas (ou plus) le coq adepte du rockabilly, le premier acte du film a dû subir quelques modifications drastiques au montage : les dix premières minutes de Rock-O-Rico donnent en effet l’impression d’avoir été « condensées » afin de détourner l’attention du public de la personnalité de Chantecler, et cela se traduit par une narration donnant l’impression de se dérouler en accéléré. En l’espace de quelques minutes, on assistera en effet à une véritable rafale d’images et d’idées montées en dépit du bon sens, ce qui étouffera en grande partie l’explosion musicale qui était censée lancer le film.

Rock-O-Rico peine également à convaincre dans ses passages tournés en « live », avec des acteurs de chair et de sang, qui ont pour but d’amener le méchant du film, le hibou Grand Duc, à débarquer dans le monde réel. Cet élément narratif, qui aurait dû constituer un élément dramatique capital du film, est complètement foiré par Don Bluth, qui s’avère complètement incapable d’aborder le virage entre l’animation et le monde réel. Conscient de cet état de fait, le cinéaste et son équipe de scénaristes font le choix d’ajouter un deuxième méchant à l’intrigue, Pinky, le manager de Chantecler, qui ne reculera devant rien pour que sa poule aux œufs d’or continue de chanter.

La coexistence extrêmement confuse de ces deux trames narratives au cœur de Rock-O-Rico semble déjà, à sa manière, s’imposer comme un amer constat d’échec pour Don Bluth, qui tente de recoller les morceaux de son intrigue en balançant n’importe quoi dans tous les sens à l’écran dans l’espoir que quelque-chose finisse par fonctionner. Cela se produira à l’occasion, grâce à la magie d’une animation old school toujours aussi féerique et fascinante. Le soin apporté au design des personnages et à l’animation du film en général permettront ainsi aux amoureux de cinéma d’animation d’y trouver leur compte. On imagine également que l’effet « nostalgie » pourra fonctionner sur les spectateurs ayant découvert le film dans leur enfance.

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de Rock-O-Rico édité par Rimini Éditions fait honneur à la réussite visuelle du film de Don Bluth. L’image est d’une précision à couper le souffle, les couleurs sont vraiment éclatantes. La définition est précise, le grain d’origine très présent, les contrastes tranchent dans le vif, et on saluera la fort belle tenue des noirs, qui s’avèrent très profonds. Bien entendu, la redécouverte d’un film tel que Rock-O-Rico en Haute-Définition ne pourra que souligner à l’image les limites techniques du métrage, et en particulier de l’animation – mais il s’agit là d’un constat que l’on pourra également faire sur nombre de films produits par Disney pendant les décennies 70/80. Niveau son, VO et VF d’origine s’offrent des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 aux dialogues parfaitement clairs et rendant un bel hommage à la musique du film, et aux chansons assurées, dans la version française, par Eddy Mitchell et Lio.

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose une présentation du film par Xavier Kawa-Topor, spécialiste du cinéma d’animation (25 minutes). Ce dernier remettra le film dans son contexte de tournage et reviendra sur la situation de déclin dans laquelle se trouvait Don Bluth au moment de la production de Rock-O-Rico. Il reviendra sur l’adaptation avortée de « Chantecler » par Disney, ou encore sur les séquences « live » du film, qui créent une filiation avec Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Il évoquera ensuite l’excellent choix d’Eddy Mitchell pour la VF du film, et reviendra sur la noirceur générale de Rock-O-Rico ainsi que le motif du déluge, récurrents dans la carrière du cinéaste.

On notera également que cette édition Combo Blu-ray + DVD de Rock-O-Rico est proposée dans un Digipack 3 volets surmonté d’un fourreau, et qu’il contient également quatre cartes postales tirées du film.

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