Le Vétéran
États-Unis : 2021
Titre original : The Marksman
Réalisation : Robert Lorenz
Scénario : Chris Charles, Danny Kravitz, Robert Lorenz
Acteurs : Liam Neeson, Jacob Perez, Katheryn Winnick
Éditeur : M6 Vidéo
Durée : 1h48
Genre : Thriller, Action
Date de sortie DVD/BR : 6 avril 2022
Poursuivis par les membres d’un cartel mexicain, une mère et son fils traversent la frontière qui sépare le Mexique de l’Arizona et se retrouvent sur les terres de Jim Hanson. Aigri, vieillissant, celui-ci dénonce traditionnellement les immigrés clandestins aux autorités. Mais quand la mère est tuée dans une fusillade, l’américain récalcitrant décide d’aider le jeune Miguel à fuir. Le vétéran de guerre veuf et désabusé et le garçon orphelin vont devoir traverser les États-Unis, poursuivis par des criminels et des policiers corrompus…
Le film
[3/5]
Le Vétéran est le deuxième long-métrage de Robert Lorenz. Son nom ne vous est d’ailleurs probablement pas inconnu : il avait en effet réalisé Une nouvelle chance en 2012, un solide petit film mettant en scène Clint Eastwood. La carrière de Lorenz est d’ailleurs très liée à celle du grand Clint : il travaille à la direction de Malpaso Productions, la boite de production de Clint Eastwood, depuis 1994, et a également tenu le poste d’assistant réalisateur auprès du Géant américain sur rien de moins que neuf films.
C’est probablement en raison de cette grande complicité entre Robert Lorenz et Clint Eastwood que l’on ne parviendra pas à s’enlever de la tête que Le Vétéran aurait été un projet absolument parfait pour le grand Clint, qui fêtera bientôt ses 92 ans. Bien sûr, il y a pire pour un projet que d’atterrir entre les mains de Liam Neeson, et l’acteur naturalisé américain se débrouille plutôt bien dans la peau de Jim Hanson, le vétéran taciturne et patrouilleur frontalier civil. Sur le point de perdre sa maison quelques mois après avoir perdu sa femme, il s’agit d’un personnage aux abois, cependant animé par un fort sentiment de justice.
Solidement construit, racontant sans temps morts une histoire globalement assez prenante, très joliment photographié et bénéficiant d’une excellente prestation de la part de Liam Neeson, Le Vétéran souffre cependant d’être un film d’action totalement générique, ne disposant ni de suffisamment de scènes d’action inventives, ni de suffisamment de cœur ou de punch pour s’imposer comme une œuvre sur laquelle on reviendra par la suite. La réalisation de Robert Lorenz est passe-partout, et le tout fonctionne comme un parfait divertissement du samedi soir, mais rien n’y fait : Le Vétéran sera un plaisir réel mais fugace – le genre de films dont on aura probablement tout oublié l’année prochaine.
De fait, on ne pourra s’empêcher de penser que la présence de Clint Eastwood en lieu et place de Liam Neeson aurait probablement apporté au projet le supplément d’âme et de classe qui manque aujourd’hui au film. Mais ces reproches que l’on fait au film de Robert Lorenz pourraient être élargis à la plupart des films récents de Liam Neeson, qui s’imposent le plus souvent comme des films d’action parfaitement efficaces et divertissants, mais qui manquent à chaque fois le coche faute de creuser un peu plus profondément au-delà de la surface. Comme Le Vétéran, ses derniers films sont tous solidement exécutés et carrés, mais demeurent pour l’essentiel de jolies coquilles vides qui s’appuient sur un vernis superficiel pour masquer l’absence de motivations et de profondeur psychologique de leurs personnages principaux.
Pour mémoire, Liam Neeson avait opté, à l’âge de 56 ans, pour un changement de carrière assez radical : délaissant peu à peu le cinéma d’auteur et les rôles dramatiques, il s’était lancé dans le cinéma d’action tendance sévèrement burné. Sous l’impulsion du duo Luc Besson / Pierre Morel, qui lui ont mis le pied à l’étrier du thriller avec Taken en 2008, Neeson s’est donc mis à enchaîner les polars badass et autres blockbusters d’action, souvent très violents, avec un plaisir étonnant. L’acteur a d’ailleurs l’imposant physique de l’emploi, doublé d’un charisme animal qui explose littéralement à l’écran lors des scènes d’action les plus brutales. Cependant, quinze ans après ses premiers pas dans le genre, on a aujourd’hui vaguement l’impression de le voir incarner à l’écran toujours le même rôle.
Le Vétéran est donc, ni plus ni moins, simplement le « nouveau film d’action de Liam Neeson », et ne lui permettra à aucun moment de renouveler un tant soit peu le personnage dans lequel il s’est enfermé ses dernières années. Sa prestation dans la peau d’un homme brisé n’ayant plus rien à perdre est parfaitement maîtrisée cela dit, et constitue plus ou moins tout ce que le film a à offrir – ce n’est déjà pas mal, me direz-vous. Et vous aurez raison, même si on aurait aimé que Le Vétéran dépasse ce contexte de tension et de gravité de façade. Et on ne nous enlèvera pas de l’idée que la présence de Clint Eastwood au générique aurait permis au film d’aller bien au-delà de ce statut de « petit » actioner, efficace mais oubliable.
Le Blu-ray
[4/5]
Côté Blu-ray, la sublime photo du Vétéran signée Mark Patten (Morgan) est réellement magnifiée par un transfert aux petits oignons signé M6 Vidéo : le master affiche une forme insolente, le piqué et le niveau de détail sont à 100% satisfaisants, tout est fait pour que l’on s’extasie des séquences d’action du film – et de tout le reste d’ailleurs. Niveau son, comme d’habitude chez l’éditeur, VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 redoutablement spatialisés : l’immersion est totale, les effets sont dynamiques et nombreux, et le rendu acoustique affiche une ampleur assez impressionnante. On privilégiera naturellement la VO, ne serait-ce que pour apprécier à sa juste valeur la performance générale du casting. On notera par ailleurs que M6 Vidéo n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema, puisque l’éditeur nous propose également deux mixages DTS-HD Master Audio 2.0 (VF/VO), qui s’avéreront probablement plus cohérents si vous visionnez Le Vétéran sur un « simple » téléviseur.
Dans la section suppléments, le Blu-ray édité par M6 nous propose de découvrir un making of (14 minutes), qui s’avère, à l’image du film, parfaitement carré et professionnel, alternant images volées sur le tournage, extraits du film et entretiens avec l’équipe.
