À voir sur OCS : Paranormal Activity – Next of Kin

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Paranormal Activity – Next of Kin


États-Unis : 2021
Titre original : –
Réalisateur : William Eubank
Scénario : Christopher Landon
Acteurs : Emily Bader, Roland Buck III, Dan Lippert
Durée : 1h38
Genre : Horreur
Date de sortie VOD : 14 février 2022

Note : 3,5/5

Margot, une jeune femme qui a grandi dans une famille adoptive après avoir été abandonnée devant un hôpital, reçoit un jour une lettre d’un certain Samuel, qui se présente comme un membre de sa famille biologique. En compagnie de ses amis, Sarah et Chris, elle décide de répondre à son invitation. Pour Chris, c’est l’occasion de tourner un documentaire qui relatera l’histoire de Margot. Quand ils arrivent sur place, ils se retrouvent au milieu d’une communauté amish. Margot est étonnée d’avoir de tels parents. Tout d’abord charmée, elle commence à comprendre qu’il se passe quelque chose d’inquiétant. Sans renoncer au principe de la franchise, la caméra subjective, ce 7ème opus travaille l’ambiance, sinistre à souhait…

Entre 2009 et 2015, la franchise Paranormal Activity créée par Oren Peli et Jason Blum a donné naissance à rien de moins que sept films : cinq se déroulant dans le même contexte, un spin-off hispano (The Marked Ones) et un autre spin-off non officiel tourné au Japon (Tokyo Night). En l’espace de seulement six ans, la saga avait donc généré plus de 920 millions de dollars de recettes à l’international, et enregistré, rien qu’en France, près de 4,5 millions d’entrées dans les salles obscures. Cependant, les deux derniers films de la franchise, en 2014/2015, avaient marqué un net déclin en n’atteignant pas tout à fait les 100 millions de dollars de recettes : Jason Blum avait donc pris la décision de mettre sa poule aux œufs d’or au placard en attendant des jours meilleurs.

Peu désireux de laisser trop longtemps au repos une franchise encore susceptible de générer quelques millions de dollars de bénéfice pour une mise de départ réduite, les studios Paramount et Blumhouse ont donc annoncé en 2019 le développement d’un nouvel opus. Cependant, les technologies ont énormément évolué en l’espace de dix ans, et à une époque où le premier venu peut tourner des images en 4K avec son smartphone, le concept des caméras de surveillance fixes et en noir et blanc qui avaient tant fasciné le public il y a dix ans avait clairement besoin d’être dépoussiéré.

C’est donc chose faite avec Paranormal Activity : Next of Kin, qui conserve certes grosso modo le concept du found footage, mais le met à jour par rapport aux technologies actuelles. L’intrigue du film, traditionnellement resserrée autour d’une famille et des sinistres événements se déroulant de nuit dans la maison, garde également son aspect chronologique, mais comme dans le cas de The Marked Ones, le récit quitte le confort douillet des grandes villas Wasp, pour cette fois s’installer dans une petite communauté amish, l’intrigue étant centrée sur une jeune orpheline à la recherche de sa mère y ayant séjourné avant de l’abandonner.

L’intrigue imaginée par Christopher Landon pour Paranormal Activity : Next of Kin s’attarde énormément sur la communauté amish au cœur du film, ainsi que sur les secrets étranges qu’elle tente de dissimuler, qui seront peu à peu révélés aux personnages ainsi qu’au spectateur. Le scénariste de Happy Birthdead 2 you et Freaky s’inscrit de fait ici dans une longue tradition du cinéma fantastique, tendant à nous faire découvrir de singulières communautés cachant des mœurs inavouables derrière un retour à un style de vie supposément plus « authentique » : on pense à des films tels que The Wicker Man (Robin Hardy, 1973), Le Village (M. Night Shyamalan, 2004), Midsommar (Ari Aster, 2019) ou, plus récemment, Détour mortel – La fondation (Mike P. Nelson, 2021).

Rien de bien neuf sous le soleil, donc, mais on ne pourra retirer à Paranormal Activity : Next of Kin l’efficacité dont il fait preuve quand il s’agit de faire monter la pression, lentement mais sûrement. Beaucoup plus « cinématographique » que les précédents films de la franchise, le film permet même au réalisateur William Eubank (Underwater) et à son talentueux directeur photo Pedro Luque (Don’t Breathe, Antebellum) de nous livrer une poignée de plans assez ébouriffants, à la fois très jolis visuellement et conservant juste ce qu’il faut de la patine « roots » nécessaire à l’immersion au cœur de l’intrigue.

Bien sûr, comme on l’a dit, le scénario de Christopher Landon joue globalement la carte de la sécurité, et en dehors du tout dernier acte du film, il n’y aura pas à attendre de surprise majeure de l’intrigue de Paranormal Activity : Next of Kin. Pour autant, l’ensemble fonctionne plutôt bien, le récit avance sans temps mort, et l’étrangeté de la communauté au cœur de laquelle se retrouvent nos héros fait le boulot, en abordant de front les peurs liées aux sectes démoniaques. Les clichés du genre sont présents, mais jamais réellement gênants : on trouvera donc au fil du récit le lot habituel de passages obligés du genre. Bruits étranges, petits enfants absolument flippants, générateur tombant en panne en pleine nuit (sic), lumières inexplicables, voiture en panne, animaux difformes, forêt sombre et profonde… La terreur est donc au rendez-vous !

De plus, les allergiques au found footage seront heureux de constater que William Eubank ne respecte que très partiellement les codes intrinsèques liés à ce processus technique, et glisse au cœur du métrage quelques éléments bizarrement stylisés et fascinants, qui donnent occasionnellement à son film une esthétique alternative tout à fait singulière. Ces plans contribuent d’ailleurs clairement à faire de Paranormal Activity : Next of Kin le film le mieux réalisé depuis les tous débuts de la franchise – et de très loin.

Ainsi, et même si le film de William Eubank n’a rien d’un chef d’œuvre, Paranormal Activity : Next of Kin est d’ailleurs peut-être bien le meilleur film de la saga Paranormal Activity, tout court. Pour autant, il y a fort à parier que l’Histoire du cinéma de genre retiendra sans doute d’avantage le premier opus, ne serait-ce que pour son originalité. Que l’on aime le film d’Oren Peli ou qu’on le déteste, le cinéaste était en effet parvenu, dix ans après Le projet Blair Witch (Daniel Myrick et Eduardo Sánchez, 1999), à réinventer les codes du found footage par un procédé très simple – l’utilisation de simples caméras de surveillance – qui parviendrait à remettre deux sous dans le jukebox et à relancer le genre pour quelques années supplémentaires.

Contrarié dans son exploitation par la pandémie mondiale de Covid-19, Paranormal Activity : Next of Kin n’a pas pu bénéficier d’une sortie dans les salles obscures, ni en France, ni de l’autre côté de l’Atlantique. Le film est ainsi sorti aux États-Unis exclusivement sur Paramount+ à l’automne 2021. Dans l’hexagone, après avoir été présenté en clôture du Festival de Gérardmer le 31 janvier 2022, il est arrivé sur les plateformes de VOD le 14 février. Parallèlement, le film est également disponible à la demande sur OCS.




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