En cette semaine de la Saint-Valentin, les distributeurs se montrent exceptionnellement généreux à l’égard des amoureux de cinéma. Le nombre des films à l’affiche depuis ce mercredi est plutôt dans la moyenne. Mais en termes de qualité – supposée – et de diversité, on atteint des sommets qu’on aimerait voir plus souvent. Nos trois coups de cœur de la semaine sont donc plus que jamais subjectifs, ne serait-ce qu’en raison de leur complémentarité parfaite par rapport à ceux de notre cher confrère Jean-Jacques !
Finalement, le chemin vers l’Oscar du Meilleur Film International du candidat autrichien se sera achevé prématurément avec l’annonce des nominations avant-hier. Il n’empêche que Great Freedom de Sebastian Meise mérite amplement d’être vu : pour son douloureux rappel historique que le fait d’être gay pouvait se traduire en lourdes peines de prison en Europe il n’y a pas si longtemps, ainsi que pour sa description d’une complicité presque amicale en milieu carcéral. Un autre retour historique, peut-être encore plus urgent et salutaire, s’opère dans le documentaire Golda Maria de Patrick et Hugo Sobelman sur le difficile parcours d’une femme rescapée de la Shoah. Enfin, dans L’Horizon de Emilie Carpentier, c’est surtout le message écologique et social qui nous tient à cœur. Peu importe les éventuelles lourdeurs d’un point de vue filmique avec lesquelles il peut y être exprimé.
Quatre autres films à l’affiche cette semaine ont eu le sceau d’approbation de la part de Jean-Jacques. Et effectivement, on ne trouve a priori rien à redire ni au récit durassien Vous ne désirez que moi, l’un des rares films de fiction de Claire Simon, ni au conte exotique Bulado de Eché Janga, ni au thriller médiatique Enquête sur un scandale d’état de Thierry De Peretti et encore moins au nouveau film de Ferzan Ozpetek, Pour toujours. Celui-ci ferait un double programme ingénieux avec Great Freedom, afin de mieux se rendre compte à quel point les mœurs ont évolué en quelques décennies à peine !
Sans oublier au moins deux autres films dignes d’intérêt : le documentaire sur la mort aussi lente qu’inéluctable du parti socialiste en France La Disparition ? de Jean-Pierre Pozzi et le film d’horreur norvégien The Innocents de Eskil Vogt, fraîchement nommé à l’Oscar du Meilleur scénario original pour Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier.
Longtemps absent des écrans français, le cinéma hollywoodien opère son retour en force en cette période de vacances d’hiver pour un nombre croissant de spectateurs. Les trois films concernés ne sont sans doute pas des chefs-d’œuvre. Ils nous inspirent par contre une sensation irrésistible de nostalgie : des comédies romantiques des années 2000 avec Jennifer Lopez pour Marry Me de Kat Coiro avec … Jennifer Lopez, des enquêtes policières de Hercule Poirot sous les traits de Albert Finney ou de Peter Ustinov pour Mort sur le Nil de Kenneth Branagh et enfin de toutes sortes de spectacles spatiales grotesques pour le plus aberrant des films catastrophes, Moonfall de Roland Emmerich.
On parle certes un peu d’amour dans quelques films nouveaux en salles cette semaine. Toutefois, les véritables pépites romantiques se trouvent du côté des films en reprise. Pour la génération plus si jeune – quoique sensiblement plus jeune que la nôtre –, ce sera à travers les premiers déboires de Renée Zellweger dans le rôle qui l’a rendue célèbre, à savoir Le Journal de Bridget Jones de Sharon Maguire. Pour tous les autres, on ne pourra jamais assez vous conseiller le sublime Lettre d’une inconnue de Max Ophüls, l’un des plus beaux films de l’Histoire du cinéma sur l’amour impossible !!
Enfin, dans Fellini Satyricon de Federico Fellini, il n’est point question d’amour chaste, mais de volupté débridée. Ce qui peut être une option alternative pas sans charme en ces jours de mièvrerie accrue …
Bulado de Eché Janga (Pays-Bas, Drame, 1h27, distribué sur 20 copies) avec Tiara Richards, Felix De Rooy et Everon Jackson Hooi (critique)
La Disparition ? de Jean-Pierre Pozzi (France, Documentaire, 1h25)
Enquête sur un scandale d’état de Thierry De Peretti (France, Thriller médiatique, 2h00, distribué sur 194 copies) avec Roschdy Zem, Pio Marmaï et Vincent Lindon (critique)
Golda Maria de Patrick Sobelman et Hugo Sobelman (France, Documentaire, 1h55)
Great Freedom de Sebastian Meise (Autriche, Drame, 1h56) avec Franz Rogowski, Georg Friedrich et Anton von Lucke
L’Horizon de Emilie Carpentier (France, Drame, 1h24) avec Tracy Gotoas, Niia Hall et Sylvain Le Gall
The Innocents de Eskil Vogt (Norvège, Thriller, 1h57) avec Rakel Lenora Flottum, Alva Brynsmo Ramstad et Sam Ashfra
Marry Me de Kat Coiro (États-Unis, Comédie romantique, 1h52) avec Jennifer Lopez, Owen Wilson et Maluma
Moonfall de Roland Emmerich (États-Unis, Science-fiction, 2h10, distribué sur 614 copies) avec Halle Berry, Patrick Wilson et John Bradley
Mort sur le Nil de Kenneth Branagh (États-Unis, Policier, 2h14) avec Tom Bateman, Annette Bening et Kenneth Branagh
Pour toujours de Ferzan Ozpetek (Italie, Drame, 1h54, distribué sur 61 copies) avec Stefano Accorsi, Jasmine Trinca et Edoardo Leo (critique)
Les Vedettes de Jonathan Barré (France, Comédie, 1h41, distribué sur 450 copies) avec Grégoire Ludig et David Marsais
Vous ne désirez que moi de Claire Simon (France, Drame, 1h35) avec Swann Arlaud, Emmanuelle Devos et Christophe Paou (critique)
White Snake de Amp Wong et Zhao Ji (Chine, Animation, 1h38, distribué sur 273 copies)
Reprises
Fellini Satyricon (1969) de Federico Fellini (Italie, Comédie dramatique, 1h58) avec Martin Potter, Hiram Keller et Max Born
Le Journal de Bridget Jones (2000) de Sharon Maguire (Royaume-Uni, Comédie romantique, 1h40) avec Renée Zellweger, Hugh Grant et Colin Firth
Lettre d’une inconnue (1948) de Max Ophüls (États-Unis, Drame romantique, 1h27) avec Louis Jourdan, Joan Fontaine et Mady Christians