Test Blu-ray : Flag Day

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Flag Day

États-Unis : 2021
Titre original : –
Réalisation : Sean Penn
Scénario : Jez Butterworth
Acteurs : Dylan Penn, Sean Penn, Josh Brolin
Éditeur : Le Pacte
Durée : 1h49
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 29 septembre 2021
Date de sortie DVD/BR : 2 février 2022

John Vogel était un personnage hors norme. Enfant, sa fille Jennifer s’émerveillait de son magnétisme et de sa capacité à faire de la vie une grande aventure. Il lui a beaucoup appris sur l’amour et la joie, mais elle va découvrir sa vie secrète de braqueur de banques et faussaire. Tiré d’une histoire vraie, Flag Day est le portrait d’une jeune femme luttant pour guérir des blessures de son passé, tout en reconstruisant sa relation père-fille…

Le film

[3,5/5]

Tout le monde s’accordera pour considérer Flag Day comme un joli petit film, attachant et plein d’une sensibilité probablement encore accentuée par le fait que Sean Penn y joue aux côtés de sa propre fille, Dylan Penn. Il y a ainsi de fortes chances pour que le drame et les différentes implications psychologiques de cette relation père / fille contrariée par les excès paternels ait pris sur le plateau une certaine coloration autobiographique, qui transparait aujourd’hui à l’écran. C’est joli. Mais dans « joli petit film », il y a aussi « petit », et il va sans dire que Flag Day est également un film assez mineur – presque anecdotique – dans la filmographie de Sean Penn, même s’il lui permet de renouer avec une certaine « légitimité » artistique.

Car si le talent de Sean Penn en tant qu’acteur a rarement été remis en question ces 20/30 dernières années, son travail en tant que réalisateur a quant à lui parfois été amené à diviser le public, et surtout la critique. Ses trois premiers films en tant que cinéaste, entre 1991 et 2001, avaient semble-t-il mis tout le monde d’accord, mais ces vingt dernières années, son aura n’avait cessé de péricliter, jusqu’à son dernier film, The Last face, qui avait été malheureusement été accueilli sous les huées au Festival de Cannes il y a cinq ans. Pour son retour au poste de réalisateur, il a donc opté avec Flag Day pour un drame familial basé sur les mémoires de l’auteure et journaliste Jennifer Vogel, se réservant à cette occasion le rôle d’un petit escroc assez pitoyable.

A travers l’étude de ce personnage et de l’impact qu’ont pu avoir sa mythomanie et ses petits larcins sur sa relation avec sa fille (Dylan Penn), la volonté du cinéaste semble bien d’utiliser les clichés afin de retrouver la forme classique de l’épopée américaine. Ce recours à des figures et des rebondissements déjà vus et revus dans de nombreux films et romans avant lui, et l’attachement de Sean Penn à plonger les personnages de Flag Day au cœur d’une réalité sociale tangible lui permettent de cultiver un style hérité du « Grand roman américain » dans ses thématiques et ses résonances sociales. Pour renforcer cette impression, le cinéaste utilise une patine formelle assez particulière, avec le recours à une pellicule 16MM bien granuleuse et à un style narratif fragmenté à base de flashbacks dont la construction reflète l’instabilité de l’éducation de l’héroïne, obligée de composer avec une mère alcoolique et un père ne tenant pas son rôle de modèle.

Ce soin apporté à la forme de Flag Day permet à Sean Penn de souligner son propos de manière relativement efficace, d’autant que derrière la tragédie de ces vies brisées se cache un amour indéfectible entre le père et ses enfants, incarnés à l’écran par les propres rejetons de l’acteur, Dylan et Hopper Jack Penn. La dynamique familiale n’est certes pas très originale, mais elle s’avère touchante, et résonne forcément de fait avec la propre histoire de l’acteur / réalisateur. Reprenant le flambeau de ses parents, Dylan Penn, 30 ans, nous livre une prestation à fleur de peau : la connexion entre le père et la fille est flagrante, et c’est indéniablement dans les scènes qu’ils partagent à l’écran que Flag Day s’avère le plus fort et le plus émouvant.

La bande-son, que l’on doit en partie à Eddie Vedder, leader du groupe Pearl Jam, ne fonctionne pas toujours à plein régime, et l’abus de sentimentalité mélodramatique frôle presque l’indigestion en fin de métrage, mais le jeu des acteurs est globalement suffisamment habité pour permettre à Flag Day d’atteindre son but, malgré la banalité de cette histoire de famille cousue de fil blanc.

Le Blu-ray

[4/5]

Sorti dans les salles françaises en septembre dernier, et en n’attirant qu’un peu moins de 67.000 spectateurs, Flag Day n’y a pas spécialement trouvé son public, et c’est Le Pacte qui offre aujourd’hui la possibilité à ceux qui l’auraient loupé au cinéma de découvrir le petit dernier de Sean Penn sur support Blu-ray. Et à cette occasion, l’éditeur nous offre d’ailleurs une galette de toute beauté. La forte granulation du film n’empêche pas au piqué de briller, les couleurs sont superbes et la définition sans faille : c’est un sans-faute technique. Les pistes son ne sont pas en reste, puisque la VF et la VO sont encodées en DTS-HD Master Audio 5.1 : dynamiques, immersives, elles distillent toutes les deux leur quota d’effets d’ambiance efficaces. On ne peut cependant s’empêcher de souligner à quel point le film s’appréciera forcément mieux en VO, pour de simples raisons artistiques, et ce même si la VF – assurée entre autres par Emmanuel Karsen, voix traditionnelle de Sean Penn (et de Daryl dans The Walking Dead) – est indéniablement soignée.

Côté suppléments, on trouvera, outre la traditionnelle bande-annonce du film, un entretien avec Sean Penn (9 minutes) qui permettra au cinéaste / réalisateur de s’exprimer sur la genèse de son film entre deux saillies enthousiastes – presque exaltées – de la journaliste lui posant des questions.

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