Test Blu-ray 4K Ultra HD : Reminiscence

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Reminiscence

États-Unis : 2021
Titre original : –
Réalisation : Lisa Joy
Scénario : Lisa Joy
Acteurs : Hugh Jackman, Rebecca Ferguson, Thandiwe Newton
Éditeur : Warner Bros.
Durée : 1h56
Genre : Science-Fiction
Date de sortie cinéma : 25 août 2021
Date de sortie BR/4K : 23 décembre 2021

Nick Bannister, un détective privé engagé par des clients afin de retrouver leurs précieux souvenirs navigue dans le monde séduisant du passé lorsque sa vie est bouleversée par une nouvelle cliente, Mae. Une simple affaire se transforme en obsession après sa disparition, et il se bat pour apprendre la vérité sur elle…

Le film

[3,5/5]

Reminiscence est un trip de science-fiction à la fois visuel et cérébral, écrit et réalisé par Lisa Joy. Si vous ne connaissez pas forcément son nom, vous connaissez à coup sûr son travail : il s’agit en effet de la co-créatrice de la série WestWorld, qu’elle a développé pour HBO avec son mari Jonathan Nolan. Il n’est ainsi point étonnant que son film s’inscrive dans la plus pure tradition d’une science-fiction post-Matrix, complexe et adulte, à la « Nolan Family ».

Reminiscence est donc un beau morceau de SF sous influences. Il s’agit avant tout d’une enquête, dont le déroulement nous est amené « façon puzzle », avec en son centre névralgique un dispositif permettant à celui qui y pénètre de revivre ses souvenirs, afin d’y trouver, selon les cas, soit un peu de réconfort, soit des éléments précis n’ayant pas immédiatement imprimé sa mémoire. On pense naturellement à Inception et à Tenet, avec également une bonne dose de Philip K. Dick.

Le tout est également saupoudré d’une ambiance très « Film Noir ». Reminiscence tend en effet par moments vers l’architecture visuelle développée par Alex Proyas sur Dark City, et surtout, le film de Lisa Joy construit dans toute sa première partie un personnage de Femme Fatale de tout premier ordre : une garce manipulatrice semblant tout droit sortie d’un roman de Raymond Chandler. Ce personnage est d’ailleurs le « cœur » du film, en dépit du soin apporté par Lisa Joy pour tenter de nous faire croire le contraire, en mettant sur le devant de la scène son récit de science-fiction dystopique d’un côté, et sa romance contrariée, douloureuse et mélancolique, de l’autre.

Craignant probablement de se voir taxée de misogynie par toutes les pseudo-féministes du monde entier, Lisa Joy multiplie les atermoiements, hésite à proposer au spectateur le puissant portrait de femme abjecte qui se dessine pourtant pendant les trois quarts du récit. Pire : elle fait même machine arrière dans les dernières minutes de Reminiscence, en se disant peut-être que le revirement final pourra, peut-être, être envisagé par le spectateur comme une façon de nous montrer que le personnage incarné par Hugh Jackman a clairement et définitivement sombré dans la folie. C’est en effet une interprétation possible, mais elle sonne en l’occurrence un peu comme un aveu de faiblesse.

A cause de ces hésitations à y aller franco dans l’opposition entre les deux personnages principaux du film (qui s’imposent comme les deux faces d’une même pièce), Lisa Joy finit par enliser Reminiscence dans une narration un peu trop confuse pour s’avérer à 100% convaincante, et ce malgré de beaux restes. Le film impose en effet une classe visuelle de tous les instants, et l’impact général du métrage est encore renforcé par les prestations inspirées du casting, mené par Hugh Jackman, Thandiwe Newton et Rebecca Ferguson. Probablement un peu remanié par la Warner, Reminiscence semble également souffrir du « syndrome Blade Runner », avec une voix off très artificielle régulièrement calquée sur les images afin d’expliciter le contexte au spectateur et d’ajouter un peu de clarté à l’histoire.

On ne peut en revanche que saluer l’ambition générale de Reminiscence : qu’on le prenne du point de vue de l’image ou de la narration, le film s’impose comme une production « adulte », complexe et exigeante, à contre-courant de la production actuelle. On regrette juste que Lisa Joy ne se laisse finalement que très peu de place pour le pur « plaisir » cinématographique, ce qui nous parait d’autant plus dommageable qu’elle semble s’être un peu réfrénée elle-même sur le fond du récit. Pour autant, Reminiscence fera peut-être partie de ces films qui prendront de la bouteille en vieillissant, au fur et à mesure des visionnages successifs.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4/5]

Cuisant échec commercial dans le monde entier (14,7 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis, 138.575 entrées en France), Reminiscence bénéficie aujourd’hui contre toute attente d’une belle édition vidéo au format Blu-ray 4K Ultra HD : on suppose que la branche française de Warner Bros. est bien décidée à faire découvrir le film au plus grand nombre. Tourné en 4K, Reminiscence s’offre fort logiquement un transfert 2160p absolument sublime. Le niveau de détail est bluffant, et les nombreux plans nous montrant une ville de Miami dévastée par les eaux mettront naturellement en valeur toute une série de détails frappants, ainsi que, dans l’ensemble, une intégration assez remarquable des effets visuels. Les couleurs sont absolument superbes, de même que les contrastes, et la technologie HDR10 nous garantit une saturation exceptionnelle : profondeur des couleurs, finesse des détails, belle densité de l’ensemble… On tient là un vrai beau disque de démo, qui vous permettra assurément de convaincre les (nombreux) réfractaires à la 4K dans votre entourage. Du côté des enceintes, Warner fait également honneur à son poulain, qui bénéficie d’une piste Dolby Atmos en version originale. Les amplis non compatibles décoderont cette piste tonitruante en Dolby TrueHD 7.1. Les dialogues sont clairs et bien équilibrés, la spatialisation est généreuse, et les quelques séquences d’action du film s’offrent également un dynamisme puissant. La VF devra quant à elle se contenter d’un mixage Dolby Digital 5.1, au rendu acoustique propre, bien équilibré et parfaitement immersif.

Pour voir les suppléments, il faudra en revanche insérer la version Blu-ray de Reminiscence, également incluse dans le boitier. Si les bonus sont relativement modestes, ils bénéficient de la qualité habituelle des featurettes de chez Warner : à la fois ludiques et informatives, elles nous donneront un aperçu incomplet mais intéressant de la production du film. On commencera donc avec une présentation générale de l’histoire et des personnages (4 minutes), ainsi que des modules plus techniques revenant sur la conception des décors (7 minutes) ainsi que des technologies futuristes aperçues dans le film (8 minutes). Enfin, on reviendra sur la dimension presque « familiale » d’un tournage qui réunissait une partie de l’équipe de WestWorld (8 minutes). On terminera enfin avec le clip musical de « Save my Love », la chanson du film, interprétée par Lonr. et Amber Mark (5 minutes).

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