Test DVD : Les Fantasmes

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Les Fantasmes

France : 2021
Titre original : –
Réalisation : Stéphane Foenkinos, David Foenkinos
Scénario : Stéphane Foenkinos, David Foenkinos
Acteurs : Ramzy Bédia, Nicolas Bedos, Céline Sallette
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h37
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 18 août 2021
Date de sortie DVD : 18 décembre 2021

Face à leurs fantasmes, six couples tentent d’explorer les faces cachées de leur vie intime. Six questionnements sur l’accès au plaisir. Du jeu de rôle à l’abstinence, en passant par l’exhibition, six histoires séparées avec au centre le même questionnement sur le désir aujourd’hui. Le sien mais aussi celui de l’autre…

Le film

[3/5]

En France, on a toujours un peu de mal avec la notion de « remake » au cinéma. Dans le pays des frères Lumière, du cinéma d’Auteur et de la Nouvelle Vague, l’idée de reproduire une œuvre d’Art en provenance d’un autre pays a toujours entraîné avec elle un vague sentiment de honte, alors même que nos voisins en Espagne ou en Italie n’ont jamais tellement hésité à le faire. Pourtant, depuis quelques années, on a vu apparaître en France au cinéma et à la télévision une poignée de remakes, ayant dans l’ensemble l’étrange particularité d’être des remakes « inavoués » : leur nature d’adaptation fut ainsi le plus souvent dissimulée au public au moment de leur sortie.

Et ta sœur (Marion Vernoux, 2016) est donc un remake de Ma meilleure amie, sa sœur et moi (2012). Un homme à la hauteur (Laurent Tirard, 2016) est un remake de Corazón de león (2013). Persona non grata (Roschdy Zem, 2019) est un remake de O Invasor (2002). Just a Gigolo (Olivier Baroux, 2019) est un remake de How to Be a Latin Lover (2017). Belle, Belle, Belle, téléfilm français réalisé par Anne Depétrini en 2021, est un remake du film I Feel Pretty (2018). Idem pour les séries Malaterra, Je te promets, Mouche, Les bracelets rouges, Insoupçonnable, Un homme d’honneur, Plan B, La Maison d’en face

Dans le cas du dernier film écrit et réalisé par Stéphane et David Foenkinos, Les Fantasmes, la nature de remake du projet est à nouveau probablement vécue comme un peu honteuse, dans le sens où elle n’est indiquée ni sur Wikipedia, ni sur le site de référence IMDb. Pour autant, le générique indique bien que le scénario du film est « librement inspiré de The Little Death de Josh Lawson ». Remake avoué est à moitié pardonné. Le film ayant servi de base au scénario des Fantasmes est donc le film australien connu chez nous sous le titre If you love me, une excellente comédie sortie en 2015 en Blu-ray et DVD chez nous, et qui avait déjà fait l’objet d’un remake en Espagne : Kiki, el amor se hace (Paco León, 2016).

On ne vous répétera pas ici tout le bien que l’on pense d’If you love me, que l’on vous avait d’ailleurs conseillé de revoir durant le grand #Confinement l’année dernière. Un conseil qu’ont du suivre les frères Foenkinos, qui reprennent le concept et une partie des sketches du film original, et en écrivent de nouveaux. De fait, les deux sketches les plus drôles des Fantasmes (illustrant les concepts de ludophilie et de dacryphilie) sont repris, tels quels, du film australien. Signe des temps, d’autres fantasmes évoqués dans If you love me n’ont en revanche pas fait le voyage : on pense à celui tournant autour d’une femme rêvant de se faire violer, et à celui abordant la somnophilie, qui consiste à être excité par des personnes endormies ou inconscientes. Si on pouvait encore en rire il y a six ans, on peut supposer que les deux sujets auront aujourd’hui été considérés comme trop « touchy » en cette période post #MeToo. La scatologie téléphonique, qui valait au film de 2014 une de ses séquences les plus épatantes, n’est pas non plus de la partie dans Les Fantasmes.

Pour remplacer ces trois sketches, Stéphane et David Foenkinos choisissent de mettre en scène d’autres histoires, abordant d’autres paraphilies : la sorophilie, la thanatophilie, l’hypophilie et l’autagonistophilie. L’idée d’aborder des déviances peu connues du grand public est louable, mais malheureusement, le problème est que les frères Foenkinos n’ont pas spécialement la fibre comique, et que cela commencera à se faire énormément ressentir dans la deuxième partie du film : une fois passés les deux sketches recyclés du film australien, tout devient très laborieux, et même parfois assez gênant – grosso modo, au terme de sa première demi-heure, le film ne provoquera plus le moindre sourire chez le spectateur, qui pourra commencer à trouver le temps long.

De plus, un des points forts d’If you love me était que le film de Josh Lawson parvenait à créer une vraie et belle émotion entre les éclats de rire : ce n’est pas le cas dans Les Fantasmes. Peut-être les deux frères ont-ils considéré que tisser un lien entre l’accomplissement des fantasmes et le sentiment amoureux était le comble du conservatisme, et qu’il fallait de fait clairement séparer le cœur et le cul. Au final cependant, c’est sans doute pour cette raison que le film manque un peu d’âme. Heureusement, les acteurs donnent le meilleur d’eux mêmes, et sauvent Les Fantasmes grâce à leur énergie – on notera tout particulièrement les prestations de Denis Podalydès, Céline Sallette, Marie-Julie Baup, Joséphine de Meaux et William Lebghil, absolument remarquables.

Le DVD

[4/5]

Sorti en salles à la fin de l’été, Les Fantasmes n’a probablement pas rencontré le succès escompté par Gaumont : seuls un peu plus de 99.000 curieux se sont en effet déplacés afin d’assister à l’énumération de déviances sexuelles orchestrée par Stéphane et David Foenkinos. De ce fait, le film ne bénéficiera pas pour le moment d’une sortie vidéo au format Blu-ray. Cependant, il n’y a pas à se plaindre : le DVD des Fantasmes édité par Gaumont nous permettra de découvrir ce petit film sorti de nulle-part dans des conditions tout à fait satisfaisantes. L’éditeur est rodé depuis de nombreuses années au format DVD, et nous propose une nouvelle fois un master sans faille : définition, piqué et couleurs composent parfaitement avec les limites d’un encodage en définition standard. Côté son, la version française est proposée en Dolby Digital 5.1, dans un mixage dynamique et bien enveloppant, toujours clair malgré la profusion de personnages s’exprimant parfois en même temps. Un mixage Dolby Digital 2.0 est également disponible, et s’avérera sans doute plus cohérent si vous visionnez Les Fantasmes sur brancher le Home Cinema. En guise de bonus, l’éditeur nous propose de retrouver la traditionnelle bande-annonce.

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