Test Blu-ray : Outrages

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Outrages


États-Unis : 1989
Titre original : Casualties of War
Réalisation : Brian De Palma
Scénario : David Rabe
Acteurs : Michael J. Fox, Sean Penn, Don Harvey
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h59
Genre : Guerre, Drame
Date de sortie cinéma : 10 janvier 1990
Date de sortie DVD/BR : 1 décembre 2021

En 1966 au Vietnam, un jeune soldat s’oppose à un sergent brutal et borné. Une opposition qui devient dégoût et haine quand l’escouade enlève une jeune fille et la viole…

© 1989 Columbia Pictures Industries, Inc. Tous droits réservés

Le film

[4/5]

L’intrigue d’Outrages est inspirée d’une histoire vraie, survenue en novembre 1966 dans la province de Bình Định pendant la guerre du Vietnam : il s’agit de l’enlèvement, du viol collectif et du meurtre d’une jeune vietnamienne par un groupe de soldats américains. Ce sordide fait divers fut révélé par Daniel Lang dans un article du New Yorker paru en 1969 ; ce dernier lui consacrerait par la suite un livre intitulé « Incident de la colline 192 ». En 1970, le cinéaste allemand Michael Verhoeven avait déjà réalisé un film sur le sujet, O.k., qui fut à l’époque de sa sortie considéré comme un pamphlet anti-américain. En 1972, Elia Kazan s’attarderait également sur le sujet, d’une façon un peu détournée, avec Les visiteurs, qui mettait en scène deux soldats ayant été condamnés à deux ans de prison pour avoir violé et tué une jeune Vietnamienne retrouvant, au pays, celui qui les avait dénoncés.

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que derrière la maestria technique et visuelle déployée par Brian De Palma, Outrages soulève des questions troublantes sur la façon dont l’éthique et même l’humanité en général se retrouvent gravement compromises en situation de guerre. Le scénario de David Rabe, vétéran du Vietnam, ne cherche pas à trouver des excuses au comportement de ses personnages, dont les choix et les actions sont passées au crible sans manichéisme. Le bourbier moral dans lequel ils sont empêtrés fait naturellement écho à une situation vietnamienne en train de s’enliser totalement.

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Au cœur d’Outrages, il y a donc le duo Michael J. Fox / Sean Penn, qui, de loin, semble représenter l’éternelle dichotomie entre le Bien et le Mal, mais qui, quand on se rapproche un peu, paraît en réalité beaucoup complexe que cela. Rien n’est ni tout noir, ni tout blanc, et la ligne ténue qui sépare le bien du mal est pleine de contrastes, surtout en ce qui concerne le personnage de Tony Meserve (Sean Penn), qui malgré sa nature d’ordure s’impose aussi presque comme une « figure paternelle » pour Eriksson (Michael J. Fox) et les autres membres de son escouade. Ainsi, Meserve est aussi un héros qui, sur le champ de bataille, s’est avéré prêt à faire n’importe quoi pour sauver la vie de ses camarades. On pense bien sûr à la séquence d’ouverture du film, extraordinairement chorégraphiée, au cœur de laquelle De Palma met en scène Meserve tirant d’affaire un Eriksson complètement coincé dans un tunnel souterrain peuplé de Viet Congs.

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Dans le même état d’esprit, on ne peut pas reprocher à Meserve de ne pas être un mec ouvert, comme en témoigne la relation étroite qu’il entretient avec le caporal Brown (Erik King), son meilleur ami. C’est la mort de ce dernier qui va faire basculer le personnage de Sean Penn dans la haine et la folie – sentiments entretenus par le sentiment indéfectible de se situer du côté du « Bien ». Il est à l’image de ces milliers de soldats dont la guerre a peu à peu réduit à néant la boussole morale, sans même qu’ils s’en rendent compte. Le scénario d’Outrages met ainsi en évidence l’influence de la guerre sur les actes barbares de ce petit groupe de soldats. La guerre du Viêt Nam était en effet un rouleau-compresseur, une broyeuse qui écrasait physiquement et mentalement les soldats livrés à eux mêmes au cœur de la jungle et passait leurs âmes à la moulinette. Plus les soldats restaient au front, plus ils perdaient la raison.

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Si le message d’Outrages n’est certes pas original, il a en revanche le mérite d’être clair : la guerre fait ressortir le pire de l’être humain. Brian De Palma construit son récit en prenant bien soin de souligner le nombre de victimes « collatérales » des conflits armés. Ce qui est dommage en revanche, c’est sa tendance à s’écarter du réalisme cru développé durant la première demi-heure du film – pourtant mis en scène à grands renforts de plans « impossibles » visuellement très impressionnants – au fur et à mesure que le récit avance. La dernière partie d’Outrages n’évitera ainsi ni le pathos, ni la tendance au mélo tire-larmes… Qu’à cela ne tienne : il s’agit tout de même d’un sacré beau morceau de péloche !

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Le coffret Blu-ray + DVD + Livre

[5/5]

Proposé par Wild Side Vidéo dans une prestigieuse édition collector grand format et limitée à 2500 exemplaires, Outrages s’offre vraiment un coffret de grande classe. Un bel objet de 22 centimètres… sur 22, contenant non seulement le Blu-ray et le DVD du film mais également un livre grand format de 200 pages consacré au film, écrit par Nathan Réra et illustré de très nombreuses photos et d’archives rares. On a donc entre les mains un véritable objet de collection, vraiment remarquable.

On tire donc notre chapeau à Wild Side, qui affiche ici sa volonté farouche de proposer du beau coffret au consommateur, ce qui d’ailleurs semble être le dernier moyen de lutter contre la dématérialisation. Depuis quelques années, on notera une vraie émulation – doublée probablement d’une certaine forme de rivalité – entre différents éditeurs français spécialisés dans les éditions de luxe (Carlotta, Le Chat qui fume, Wild Side…). Cette émulation joue bien sûr en faveur du consommateur ; le seul problème maintenant se résume à un problème de place : ces « grosses » éditions prennent en effet une place considérable sur nos étagères.

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On notera que le film de Brian De Palma est uniquement proposé en Haute-Définition dans sa version « Director’s Cut », d’une durée d’1h59. Pour revoir la version « Cinéma », il faudra se rabattre sur le DVD disponible au sein du coffret. Du côté du Blu-ray proprement dit, l’image Haute Définition d’Outrages est d’une parfaite propreté : le bond qualitatif par rapport à l’édition DVD est vraiment saisissant. Le grain d’origine a été préservé, le piqué est d’une belle précision, et la photo du film est respectée à la lettre, qu’il s’agisse des couleurs ou des contrastes. Si l’on oublie de très occasionnels scintillements et fourmillements visibles dans quelques plans épars, si l’on met de côté une poignée de baisses de définition, la qualité de la restauration s’impose tout naturellement d’elle-même. Côté son, VF et VO sont proposées en DTS-HD Master Audio 5.1, toutes deux pleines d’ampleur et faisant honneur à la musique du film : la sensation d’immersion au cœur de l’action est optimale. On notera également que Wild Side n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema, puisque l’éditeur nous propose également un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 en VO, plus cohérent si vous visionnez Outrages sur un « simple » téléviseur.

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Au rayon des bonus, on retrouvera quelques intéressants suppléments hérités du DVD édité par Sony Pictures en 2002 : on commencera avec le passionnant making of signé Laurent Bouzereau (30 minutes), qui sera l’occasion de ré-entendre le réalisateur Brian De Palma expliquer comment il a réussi à ne pas être envoyé au Vietnam. On poursuivra avec un entretien avec Michael J. Fox (18 minutes) au cœur duquel il reviendra sur sa préparation ainsi que sur ses relations avec Brian De Palma et Sean Penn sur le tournage. L’acteur évoquera également les dilemmes moraux auxquels son personnage – tout autant que les vrais soldats ayant été envoyés au Vietnam – ont été confrontés. Au rayon des nouveautés, Wild Side nous propose tout d’abord un entretien avec Erik Schwab (41 minutes), réalisateur de seconde équipe ayant souvent collaboré avec De Palma, et qui reviendra essentiellement sur ses méthodes de travail. Enfin, on terminera avec une poignée d’images du tournage du film en 8MM (25 minutes), récemment retrouvées et restaurées, mais globalement dégueulasses. On salue cela dit leur importance historique. Bien sûr, on n’oubliera pas le livre inédit de Nathan Réra, qui nous propose une espèce de Reader’s Digest de son bouquin consacré à Outrages sorti il y a quelques mois chez Rouge Profond. 34 pages de texte environ, 165 pages de photos, dont certaines rares – du joli travail.

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