Test Blu-ray : Porco Rosso

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Porco Rosso

Japon : 1992
Titre original : Kurenai no buta
Réalisateur : Hayao Miyazaki
Scénario : Hayao Miyazaki
Acteurs (VO) : Shuichiro Moriyama, Akemi Okamura, Akio Otsuka
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h33
Genre : Animation
Date de sortie cinéma : 21 juin 1995
Date de sortie DVD/BR : 24 novembre 2021

Dans l’entre-deux-guerres, quelque part en Italie, un pilote hors-pair, est victime d’un sortilège. Il devient chasseur de prime, et établit son repère sur une île déserte de l’Adriatique. Surnommé Porco Rosso par ses ennemis, les pirates de l’air et brigands de tout poil, il affronte les meilleurs pilotes en duel aérien à bord de son splendide hydravion rouge. Il vole au secours des faibles et un jour rencontre l’amour. Mais qui percera le secret de sa métamorphose ?

© 1992 Studio Ghibli

Le film

[4,5/5]

S’il est souvent considéré – un peu hâtivement – comme un Ghibli un poil mineur, Porco Rosso garde auprès de nombreux cinéphiles français une aura toute particulière, tout simplement parce qu’il s’agit du premier long-métrage du visionnaire Hayao Miyazaki à avoir bénéficié d’une sortie dans les salles de l’hexagone – et ce quelques années avant la révélation mondiale de Princesse Mononoké. S’il ne fut exploité que dans une quinzaine de salles en 1995, le film réunit tout de même environ 168.000 spectateurs absolument ravis du spectacle qui leur avait été donné à voir, et connut par la suite les honneurs d’une sortie en vidéo et en Laserdisc.

© 1992 Studio Ghibli

De fait, le fait de voir et de revoir Porco Rosso aujourd’hui remue toujours un peu quelque-chose chez l’amateur d’animation qui, même s’il est bien conscient qu’il ne s’agit pas là du meilleur film de Miyazaki, tend tout de même volontiers à le considérer comme un chef-d’œuvre, un de ces trésors intemporels que seul le cinéaste japonais était – et est toujours – en mesure de nous offrir. Car qui d’autre qu’Hayao Miyazaki aurait pu nous livrer un tel prodige d’imagination et de créativité ? Personne, nuff said, merci au revoir.

© 1992 Studio Ghibli

A vrai dire, tout ce qu’on dit là, on l’avait déjà dit pour Nausicaä de la vallée du vent il y a quelques jours, mais le fait est qu’il semble absolument impossible de ne pas s’avérer conquis par la classe absolue de Porco Rosso. Mettant en scène un homme ayant pris l’apparence d’un « cochon » à la suite d’une expérience de mort imminente, ce classique incontournable de l’animation bénéficie d’un récit soigné, d’une direction artistique époustouflante et d’une animation sublime du début à la fin, le tout conférant aux images une tonalité absolument magique, proche de l’aquarelle, baignée tout à la fois d’une nostalgie et d’une poésie de tous les instants.

© 1992 Studio Ghibli

Se basant sur une histoire simple, dont l’ambition première est avant tout technique et visuelle (ces plans d’hydravions !), Porco Rosso n’en oublie cependant pas pour autant l’émotion, doublée d’un discours anti-guerre / anti-totalitarisme qui fait mouche à tous les coups. L’intrigue est certes minimaliste, mais Hayao Miyazaki y mêle la petite histoire (une fantaisie légère et pleine d’humour) et la grande (les affres de l’après-guerre) avec talent, insufflant au récit une force dramatique absolument remarquable. Ainsi, Marco/Porco n’est pas seulement un chasseur de primes / redresseur de torts faisant régner sa justice à bord de son superbe avion rouge : c’est aussi et surtout un héros déchu, un déserteur en quête d’une rédemption qu’il ne pense pas mériter. Son apparence porcine est ainsi liée à une erreur du passé qui a coûté la vie à nombre de ses camarades, c’est le fardeau de son passé, de sa culpabilité qui le hante.

© 1992 Studio Ghibli

Cette dualité au cœur même du personnage principal permet finalement à Porco Rosso d’aborder la fiction historique sous un jour plus nuancé et original qu’à l’accoutumée, et les nombreuses touches d’authenticité disséminées au cœur du récit par Miyazaki parviennent à réellement installer le film dans un contexte relativement réaliste : on pense par exemple à cette ville de Milan désertée de toute sa main d’œuvre masculine, forçant les femmes à assurer des tâches traditionnellement plutôt dévouées aux hommes, telles que la réparation de l’avion de Porco.

© 1992 Studio Ghibli

Contrairement à beaucoup d’autres films de Miyazaki, Porco Rosso développe néanmoins une certaine légèreté : si la mort est bien présente autour du personnage principal, la notion de « danger » ou de « menace » qui plane sur la plupart de ses œuvres est ici globalement absente – ainsi, dès la scène d’ouverture du film, les petites filles kidnappées par les pirates continuent de rire et de s’amuser, et ce même si l’avion au cœur duquel elles sont retenues sera rapidement criblé de balles. Dans le même état d’esprit, lors du duel final entre Porco et Curtis, le héros refusera de « tirer pour tuer », ce qui rendra le ballet aérien finalement quasiment exempt de la moindre notion de danger : restent le souffle épique et la beauté des images, sans cesse renouvelée. La musique de Joe Hisaishi est au diapason de l’atmosphère du film : enlevée, nostalgique et accentuant encore la « magie » de ce Porco Rosso, qui s’avère presque trente ans après sa sortie un rêve éveillé toujours aussi sublime, rempli de couleurs, semblant comme né du désir de s’élever au-dessus des nuages.

© 1992 Studio Ghibli

Le Blu-ray

[4/5]

Porco Rosso est l’un des titres-phares de la deuxième vague de Blu-ray consacrés au Studio Ghibli édités par Wild Side Vidéo. Disponible depuis le 24 novembre, cette nouvelle vague est composée de onze nouveaux titres, réalisés entre 1984 et 2014, ce qui porte le nombre de films dans la collection à dix-neuf. Il n’y a plus qu’à les collectionner…

Ce nouveau Blu-ray de Porco Rosso édité par Wild Side Vidéo fait honneur à la charmante réussite visuelle un peu désuète du film. L’image est d’une précision à couper le souffle, et les couleurs sont vraiment éclatantes. La définition est précise, le grain d’origine est très présent (notamment sur le rouge de l’avion de Porco), les contrastes tranchent dans le vif, et on saluera la fort belle tenue des noirs, qui s’avèrent très profonds. Niveau son, VO et VF d’origine s’offrent des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 aux dialogues parfaitement clairs et rendant un bel hommage à la musique du film. On notera que la version française est assurée, entre autres, par Jean Reno (Porco) mais également par Jean-Luc Reichmann (Curtis), qui venait tout juste d’être révélé au public, tout d’abord en tant que voix-off de l’émission N’oubliez pas votre brosse à dents, puis en tant que présentateur des Z’Amours sur France 2.

© 1992 Studio Ghibli

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose, en plus d’une poignée de bandes-annonces japonaises, de nous plonger dans un très court entretien avec le producteur Toshio Suzuki (3 minutes), au cours duquel il reviendra sur les particularités du film ainsi que sur la personnalité d’Hayao Miyazaki.

© 1992 Studio Ghibli

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