Test Blu-ray : Monty Python’s Flying Circus – L’intégrale

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Monty Python’s Flying Circus


Royaume-Uni : 1969-1974
Titre original : –
Création / Acteurs : Graham Chapman, John Cleese, Terry Gilliam, Eric Idle, Terry Jones, Michael Palin
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 22h30 environ
Genre : Série TV, Comédie
Date de sortie DVD/BR : 7 décembre 2021

Diffusée entre 1969 et 1974 sur la BBC, le Monty Python’s Flying Circus est l’une des références majeures de l’histoire de la télévision. Humour loufoque, irrévérencieux, absurde et iconoclaste, chaque épisode de 30 minutes est un mélange de sketchs, de reportages délirants, de parodies d’émissions, des séquences animées…

La série

[5/5]

Avant de devenir les trublions qui mettraient à mal nos zygomatiques dans plusieurs films de cinéma entre 1974 et 1983, la troupe des Monty Python – composée de Graham Chapman, John Cleese, Eric Idle, Michael Palin, Terry Jones et Terry Gilliam – avait déjà largement sévi à la télévision britannique, avec la série Monty Python’s Flying Circus (1969-1974). Il s’agit sans le moindre doute possible d’un programme-culte, dont l’influence dans le domaine comique a rapidement largement dépassé les frontières du Royaume-Uni.

Plus de cinquante après la diffusion des premiers épisodes, la série des Monty Python étonne encore d’ailleurs par sa modernité : l’humour absurde du show n’a quasiment pris aucune ride, et s’avère toujours aussi efficace. Mine de rien, il s’agit là d’un véritable tour de force, car rien n’est plus volatile que l’humour : la majorité des comédies et shows humoristiques produits à la fin des années 60 ne provoquent plus aujourd’hui chez le spectateur que quelques sourires polis, que l’on excuse cependant en se disant qu’il s’agissait du reflet d’autres temps et de conceptions de l’humour différentes. Monty Python’s Flying Circus n’est pas de ce bois-là : la plupart des sketches écrits et interprétés par la troupe il y a cinquante ans fonctionne encore parfaitement, et on ne compte plus les francs éclats de rire provoqués par les quatre saisons du show, qui devrait d’ailleurs être reconnu d’utilité publique.

De ce fait, il est permis de s’étonner du rayonnement relativement restreint de Monty Python’s Flying Circus en France. La série compte certes une poignée d’aficionados, parmi lesquels bien sûr la troupe des Nuls ainsi que celle des Robins des Bois, qui rendit régulièrement hommage aux Monty Python dans leurs sketches entre 1997 et 2001. Un hommage leur fut également rendu dans un épisode des Simpson, avec le fameux « Pied de Cupidon » de Terry Gilliam écrasant la célèbre famille de Springfield à la fin du générique. Comment expliquer dès lors que la série ne soit pas chez nous l’objet d’un culte plus ardent ? Ce manque de reconnaissance vient peut-être en partie du fait qu’elle ne fut diffusée en France que bien des années après sa création. La série passa sur la télé belge (RTBF) à la fin des années 70. En France cependant, il faudrait attendre vingt ans pour découvrir le Monty Python’s Flying Circus à la TV : la première diffusion du show date en effet seulement de 1991, sur FR3, puis il fut rediffusé sur Arte courant 1992.

Les plus pointus des amateurs des Monty Python connaissaient certes quelques sketches issus du show, par le biais du film de 1971 Pataquesse (And Now for something completely different), également connu en vidéo sous le titre La Première folie des Monty Python. Ce film, qui reprenait quelques-uns des sketches des deux premières saisons de la série, avait en effet bénéficié d’une sortie dans les salles françaises en 1974 – avec une affiche dessinée par Marcel Gotlib. Mais dans l’ensemble, si brillants et hilarants fussent-ils, les sketches du Monty Python’s Flying Circus sont longtemps restés inédits dans l’hexagone. La sortie sous les couleurs de Rimini Éditions d’une « Intégrale » en Haute-Définition constitue donc une excellente nouvelle pour tous les fondus de l’humour absurde et non-sensique développé par la troupe britannique.

Bien évidemment, la série Monty Python’s Flying Circus défie l’analyse en tant qu’objet audiovisuel, et on ne cherchera pas à trouver un « sens caché » ou plusieurs niveaux de lecture aux 45 épisodes du show : même si bien entendu on y brocarde volontiers la télévision, la politique, la religion, l’armée, les fonctionnaires ou encore le sexe, l’idée était juste de se marrer. Le processus d’écriture des différents sketches était d’ailleurs basé sur l’efficacité : John Cleese et Graham Chapman écrivaient dans leur coin, Terry Jones et Michael Palin dans un autre, et Eric Idle travaillait en solo, de même que Terry Gilliam, qui s’occupait uniquement des séquences animées. Après quelques jours d’écriture, les six membres de la troupe se réunissaient et confrontaient leurs idées, dans une espèce de démocratie par le rire : si une majorité trouvait l’idée bonne, elle était conservée. Tous les styles d’humour se voyaient donc représentés au cœur du Monty Python’s Flying Circus : Terry Jones et Michael Palin étaient d’avantage versés sur un l’humour visuel et l’absurde, tandis que John Cleese, Graham Chapman et Eric Idle privilégiaient d’avantage un humour « verbal », parfois un peu agressif. Interrogé à ce propos par Roger Wilmut, auteur d’un livre sur l’humour anglais des années 60 jusqu’aux années 80, John Cleese avait déclaré en 1980 : « la plupart des sketches où ça gueule venaient de Graham et de moi, tout ce qui démarrait dans un paysage de campagne sur fond de musique dramatique était de Mike et Terry et tout ce qui tournait autour des jeux de mots jusqu’à en devenir insupportable était d’Eric ».

Avec le recul, on ne peut s’empêcher de penser que la modernité du Monty Python’s Flying Circus a dû laisser plus d’un téléspectateur sur le bord de la route à la fin des années 60 : on imagine bien le public british complètement stupéfait devant son poste de TV, ne sachant pas trop quoi penser de ce qu’il regardait. Pour autant, une fois lancée la machine, la série deviendrait de plus en plus efficace et addictive : on peut d’ailleurs considérer qu’elle a réellement commencé à fonctionner à plein régime à l’occasion de sa deuxième saison. La première saison posait en effet les bases de l’humour et de l’univers nonsensique développé par le show, expérimentant petit à petit jusqu’à trouver sa propre musique, sa propre façon de faire les choses – leur Art de la distanciation / déconstruction dadaïste atteindrait son summum avec les saisons 2 et 3 du Monty Python’s Flying Circus, qui contribuèrent à faire du show un véritable monument, absolument incontournable, de la télévision du vingtième siècle.

Le coffret Blu-ray

[4/5]

Sorti au format DVD en 2007, le coffret de l’intégrale du Monty Python’s Flying Circus était épuisé depuis de nombreuses années, et s’échangeait jusqu’ici à prix d’or sur le marché de l’occasion. Les spéculateurs n’étant pas parvenus à refourguer leurs DVD risquent de faire la gueule à la découverte du coffret Blu-ray du Monty Python’s Flying Circus édité par Rimini Éditions : non seulement la qualité vidéo/audio est meilleure, mais en plus, ce nouveau coffret est vendu à un prix nettement plus abordable…

L’intégralité des quatre saisons du show nous est donc ici présentée dans une version restaurée en Haute-Définition. Mélangeant les séquences tournées en vidéo et des passages en 16mm, la série a probablement, étant donné son âge avancé, nécessité de nombreuses heures d’étalonnage et de restauration, mais le résultat vaut vraiment le coup : le bond qualitatif par rapport à l’édition DVD de 2007 est assez sidérant, et les fans des Monty Python seront probablement aux anges en découvrant le résultat obtenu ici. Bien sûr, les éléments sources n’offrent pas nécessairement d’énormes possibilités d’amélioration du niveau de détail, mais les couleurs, les textures et, d’une manière générale, les séquences d’animation signées Terry Gilliam bénéficient d’un upgrade net et indiscutable. Du beau travail : il suffit de comparer le master que nous propose ici Rimini à l’image des épisodes disponibles sur Netflix pour s’en convaincre. Côté son, les quatre saisons du Monty Python’s Flying Circus nous sont proposées en VO et DTS-HD Master Audio 2.0, en mono d’origine. Le rendu acoustique est de bonne qualité, tout est parfaitement clair et sans souffle disgracieux.

En revanche, Rimini Éditions n’a pas cru bon d’aller rechercher les sous-titres présents sur la précédente édition DVD, ou ceux disponibles sur Netflix. Et malheureusement, car le résultat est ici assez crispant : on pourra en effet s’agacer des libertés prises par les auteurs de ces sous-titres qui, sous prétexte qu’il s’agit d’une série comique, se lâchent complètement et nous livrent une traduction complètement à l’ouest… Retranscription des accents (« Ze zoir, nous poursuifons la zérie… »), fautes volontaires (avec des lettres doublées, triplées, quadruplées et des « z’ » qui se baladent souvent par ci par là), vulgarité occasionnelle, sous-titrage des cris (AAAAAAAAAAH), des soupirs et des onomatopées, rajouts de gags pas drôles (« 250.000 years old » qui devient « 250.000 ans facile »)… Ce n’est pas sérieux, et cela ne rend pas justice au travail de la troupe britannique. Pire encore : ces fantaisies de sous-titrage souvent grotesques auraient même parfois tendance à faire tomber à plat des gags qui, s’ils avaient été correctement sous-titrés, auraient probablement fonctionné ! Cependant, l’éditeur Rimini n’est pas à blâmer : de mémoire, il s’agit là du sous-titrage que l’on avait connu en France pour le Monty Python’s Flying Circus lors de la diffusion de la série sur Arte dans les années 90. Déjà à l’époque, il avait largement divisé les amateurs…

Du côté des suppléments, l’éditeur nous a réservé plusieurs heures de bonus et d’images inédites. Chaque saison sera donc proposée avec son lot de prises alternatives, étendues, censurées ou ratées – si celles-ci ne disposent pas de sous-titres français, ce sont quasiment 2h30 de séquences supplémentaires qui nous sont proposées ici. En plus de cela, on trouvera une présentation de la série par Alain Carrazé et Romain Nigita (40 minutes), qui reviendra sur les origines de la troupe des Monty Python : leur rencontre, leur fonctionnement, leur histoire… La série Monty Python’s Flying Circus sera bien sûr également évoquée : ses aspects novateurs ainsi que sa pérennité seront largement évoquées. On continuera ensuite avec un entretien radiophonique avec Ian MacNaughton (28 minutes), réalisateur régulier sur le show et metteur en scène de Pataquesse en 1971. L’entretien a été enregistré en novembre 1971 à l’Imperial College de Londres. Dans le même esprit, on trouvera une émission de TV nommée In Vision (20 minutes), l’animateur recevant une partie des membres de la troupe des Monty Python. L’émission fut enregistrée en décembre 1974, au lendemain de la diffusion du dernier épisode de la série, et nous est présentée sous une forme assez endommagée. On terminera enfin avec un sujet consacré à la restauration de la série (18 minutes), avec la participation de Terry Gilliam.

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