The Suicide Squad
États-Unis : 2021
Titre original : –
Réalisation : James Gunn
Scénario : James Gunn
Acteurs : Margot Robbie, Idris Elba, John Cena
Éditeur : Warner Bros.
Durée : 2h12
Genre : Fantastique, Aventures, Comédie
Date de sortie cinéma : 28 juillet 2021
Date de sortie DVD/BR : 1 décembre 2021
Bienvenue en enfer – aka Belle Reve, la prison dotée du taux de mortalité le plus élevé des États-Unis d’Amérique. Là où sont détenus les pires super-vilains, qui feront tout pour en sortir – y compris rejoindre la super secrète et la super louche Task Force X. La mission mortelle du jour ? Assemblez une belle collection d’escrocs, et notamment Bloodsport, Peacemaker, Captain Boomerang, Ratcatcher 2, Savant, King Shark, Blackguard, Javelin et la psychopathe préférée de tous : Harley Quinn. Armez-les lourdement et jetez-les (littéralement) sur l’île lointaine et bourrée d’ennemis de Corto Maltese. Traversant une jungle qui grouille d’adversaires et de guerilleros à chaque tournant, l’Escouade est lancée dans une mission de recherche et de destruction, avec le seul Colonel Rick Flag pour les encadrer sur le terrain… et la technologie du gouvernement dans leurs oreilles, afin qu’Amanda Waller puisse suivre le moindre de leurs mouvements. Comme toujours, un faux pas est synonyme de mort (que ce soit des mains de leurs opposants, d’un coéquipier ou de Waller elle-même). Si quelqu’un veut parier, mieux vaut miser contre eux – et contre eux tous…
Le film
[5/5]
Vous vous souvenez, à l’époque du collège ou du lycée, de ce jeune gars qui, dans le fond de la classe, dessinait sur un coin de table des fusées en forme de bites qui balançaient des roquettes sur des types explosant dans d’énormes gerbes sanguinolentes ? On en a tous connu un, à un moment ou à un autre – peut-être même que ce jeune-là, c’était vous. Il y a de fortes chances que James Gunn ait également été ce mec-là. Un sale gosse. Et vingt, trente ans plus tard, la plupart de ces sales gosses continuent de dessiner des fusées / bites sur leur bureau ou sur le tableau blanc de l’open space. Dans de rares cas cependant, il arrive qu’ils soient aujourd’hui payés pour le faire, à grande échelle. Avec de plus grosses fusées phalloïdes, de plus grosses roquettes et des giclées de sang partout. Pour l’amour de l’Art.
C’est indéniablement le cas de James Gunn, 55 ans, qui a pris le parti de cultiver son mauvais esprit et est resté un éternel gamin de 12 ans. Après avoir passé quelques années chez Troma Entertainment, écrivant et tournant des films trash de série Z pour le compte de Lloyd Kaufman, il gravirait peu à peu les échelons à Hollywood jusqu’à devenir le cerveau et l’âme de deux blockbusters estampillés Marvel, Les Gardiens de la galaxie et sa suite. En attendant le tournage des Gardiens de la galaxie 3 pour les studios Marvel, Gunn a donc eu l’opportunité de donner libre cours à ses délires grâce à leur concurrent direct, à savoir DC Comics, qui offre au scénariste / réalisateur la possibilité de porter à l’écran un véritable rêve de gosse avec The Suicide Squad. Gros budget, gros mots, gros Bis qui tache, pour un film à ne pas mettre devant tous les yeux…
Faisant table rase du Suicide Squad réalisé par David Ayer en 2016, cette nouvelle réunion d’équipe de mécréants issus de l’écurie DC Comics s’impose sans peine comme un film bien plus réussi et intéressant que son prédécesseur. On ira même encore un peu plus loin : The Suicide Squad version James Gunn se révélera rapidement comme la plus grande et la spectaculaire réussite jamais orchestrée par les studios DC au cinéma. Mélange d’action, de digressions absurdes et poétiques et d’humour de série B, le film de James Gunn ne respire certes pas la finesse, mais il s’agit tout de même à l’aise d’un des meilleurs films de super-héros de ces dernières années, notamment parce qu’il ne se prend jamais au sérieux.
Réussissant l’exploit de conserver un rythme trépidant et divertissant pendant plus de deux heures, The Suicide Squad développe tout du long la tonalité légère et décomplexée d’un comic-book déjanté. Mais en plus de sa violence de cartoon parsemée de scènes gores exagérées et de ses personnages mémorables, le film fourmille d’idées et de surprises inattendues et souvent excellentes. Les effets spéciaux remarquables donnent vie à ce monde coloré, les acteurs sont exceptionnels, et d’un point de vue narratif, il est quasiment impossible de prévoir ce qu’il va se passer, et quels personnages vont vivre ou mourir. En deux mots comme en cent, il s’agit d’un excellent moment de cinéma, et le premier de chez DC Comics susceptible de faire l’objet de visionnages répétés dans les années à venir. La réussite de The Suicide Squad est d’ailleurs tellement éclatante qu’elle a ravi d’autres membres de la rédaction de critique-film, à l’image de notre rédacteur en chef Pascal Le Duff, dont vous retrouverez la critique ci-dessous.
« Douze salopards » modernes
James Gunn prévient de ne pas trop s’attacher aux membres de cette équipe dysfonctionnelle, leur surnom d’escouade suicide n’étant pas dû au hasard. The Suicide Squad est un divertissement d’action qui sort des sentiers battus ! Le réalisateur des Gardiens de la galaxie signe un des meilleurs films de super-héros de ces dernières années, grâce à son approche rafraîchissante et à son ingénieuse utilisation de l’incongruité des pouvoirs de ces Douze salopards modernes.
Le premier film de la franchise se prenait bien plus au sérieux mais ne réussissait qu’à faire exister la fantasque Harley Quinn à nouveau interprétée par Margot Robbie avec ce même grain de folie. Ici, elle est mieux associée à ses complices et s’intéresse à leur sort, même si elle ne retient pas leurs noms ! Elle retrouve Joel Kinnaman (Flagg) et Jai Courtney (Boomerang), plus consistants que dans le volet précédent.
Idris Elba est particulièrement émouvant dans le rôle de Bloodsport, connu pour avoir envoyé Superman en réanimation après lui avoir tiré dessus avec une balle en kryptonite !
Des anti-héros
John Cena (Fast & Furious 9) est le basique Peacemaker, patriote prêt à tuer tout le monde – y compris femmes et enfants – pour faire régner la paix. Les notions de bien et de mal sont au cœur de la caractérisation de ces anti-héros qui doivent apprendre à trouver leur place autour de la frontière floue entre ordres immoraux et illégaux. Viola Davis reprend son rôle de leader qui recrute ceux qu’elle voit juste comme des pions interchangeables. Elle ne manifeste aucune empathie pour ceux qu’elle charge de sauver le monde. S’ils meurent, tant pis. Pour elle, ils sont tous remplaçables.
Un blockbuster avec de l’âme, bel hommage aux BD d’origine, mêlant habilement humour, sens du merveilleux et du tragique lorsque des personnages disparaissent. Au-delà de sa capacité à créer des protagonistes iconoclastes, James Gunn sait aussi les rendre très humains. On rit beaucoup de leur caractère asocial et de leurs mésaventures, mais on comprend leurs failles.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Comme à son habitude, Warner Bros. nous livre avec The Suicide Squad une galette Blu-ray en tous points irréprochable. Le master est d’une superbe précision, affichant un piqué d’une précision absolue, les couleurs montrent une belle pêche, les noirs sont solides et profonds ; c’est du très beau boulot, rendant pleinement honneur au travail sur la photo de Henry Braham, adaptée à un tournage en numérique avec les caméra 8K Red Komodo IMAX / Red Ranger Monstro IMAX / Red Weapon Monstro IMAX.
Côté son, VF et VO sont proposés en Dolby Atmos, que les amplis non compatibles décoderont en Dolby TrueHD 7.1. Comme on pouvait s’y attendre d’un film aussi énorme et spectaculaire, les deux mixages imposent un solide dynamisme, dont le spectateur profitera surtout durant les scènes d’action et les scènes en extérieur, qui proposent de multiples détails sonores parfaitement rendus et spatialisés. Alternant les passages nous proposant une spatialisation ludique et celles mettant en scène un chaos acoustique total, les deux mixages envelopperont totalement le spectateur ; d’une manière générale, les effets de spatialisation les plus fous se marient parfaitement avec la créativité développée par James Gunn du point de vue visuel. Tout simplement parfait !
Du côté des suppléments, l’éditeur ne lésine pas non plus, avec environ une heure et demie de matériel supplémentaire qui s’avère bien meilleur que l’amoncellement habituel de featurettes informatives auquel nous ont habitué les grands studios. On commencera tout d’abord en revoyant le film une deuxième fois, avec le commentaire audio du réalisateur James Gunn. Ce dernier nous offre une piste à la fois informative et pleine d’humour, qui reviendra sur les éléments habituellement abordés dans ce genre d’exercice : le casting, les effets spéciaux, les modifications du scénario, le montage et la post-production, ainsi que les différents caméos et autres Easter-Eggs disséminés au détour d’un plan ou d’un autre. On continuera ensuite avec une sélection de scènes coupées ou étendues (17 minutes), parfois très sympathiques, et dont on suppose qu’elles devaient ralentir le rythme de l’ensemble. Les effets spéciaux de la scène de la « fugue » de King Shark ne sont pas finalisés.
On aura ensuite droit à un long bêtisier (10 minutes), ainsi qu’à une intéressante série de featurettes, consacrées à l’élaboration de King Shark (6 minutes), aux différents membres de la Suicide Squad (12 minutes) et à leur background dans les bandes dessinées de chez DC Comics, ou encore à la personnalité du réalisateur James Gunn (8 minutes), vue par quelques-uns des membres de l’équipe et du casting. On reviendra par la suite plus particulièrement sur quatre scènes-clés du film à travers des analyses techniques et des entretiens avec les principaux acteurs et membres de l’équipe, qui évoqueront les différents défis soulevés par telle ou telle scène. On terminera enfin avec une featurette dédiée au personnage de « Starro le Conquérant », qui apparaît à la fin du métrage (6 minutes), ainsi qu’avec une amusante série de bandes-annonces présentant le film dans un style différent (guerre, horreur, policier).