Test Blu-ray : The Stand – L’intégrale de la série

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The Stand


États-Unis : 2020
Titre original : –
Création : Josh Boone
Acteurs : James Marsden, Amber Heard, Alexander Skarsgård
Éditeur : Paramount Pictures
Durée : 8h30 environ
Genre : Série TV, Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 20 octobre 2021

À la suite d’une erreur survenue dans un laboratoire top secret américain, un virus est libéré et décime 99,4 % de la population Mondiale. Les quelques survivants essaient de se retrouver et de se rassembler, en s’aidant d’une vieille femme qu’ils voient tous en rêve. Cependant, dans ce nouveau monde apocalyptique, un homme sans visage rôde, doté d’étranges pouvoirs maléfiques. La lutte entre le Bien et le Mal peut commencer… Le Bien est représenté par la centenaire Mère Abigaïl, qui veille sur une communauté de survivants à Boulder, dans le Colorado. Le Mal est personnifié par le maléfique Randall Flagg, qui règne sur la dépravée et violente Las Vegas, rebaptisée New Vegas, et qui cherche à éliminer Mère Abigaïl et sa communauté. L’affrontement est inévitable…

La série

[4/5]

10 ans de développement

Pièce maîtresse de l’œuvre de Stephen King, Le fléauThe Stand en VO – est un pavé de presque 1200 pages qui avait déjà fait l’objet d’une adaptation en 1994, avec une série TV réalisée par Mick Garris. Le résultat était malheureusement peu satisfaisant, si bien qu’en 2011, un projet de film fut annoncé par Warner et CBS Films. Après plusieurs années de développement infructueux, Josh Boone (Nos étoiles contraires) fut finalement engagé en 2014 pour écrire et réaliser une nouvelle adaptation, tout d’abord prévue sous la forme de quatre films de cinéma, puis d’une série TV + un film. Mis en stand-by un long moment dans les limbes du Development Hell, le projet The Stand réapparaitrait finalement en 2018 sur le planning de CBS, avant d’être confirmé, intégralement sous la forme d’une série TV cette fois, en 2019.

L’adaptation est toujours signée Josh Boone, qui s’adjoint les services d’une solide petite équipe de coscénaristes, parmi lesquels on trouvera Jill Killington, Knate Lee, Benjamin Cavell, mais également Owen King, le fils cadet de l’auteur. Mais le véritable cadeau fait aux fans se situe surtout dans la présence de Stephen King au générique de la série : il fait non seulement une petite apparition dans le quatrième épisode, mais il signe également le script du neuvième et dernier épisode du show. A cette occasion, il propose au spectateur une « fin alternative » à son récit – une fin qu’il avait en tête depuis une trentaine d’années et qu’il put enfin à cette occasion coucher sur papier afin de l’offrir au public.

Points de convergence

Après le feu vert de CBS, le tournage de The Stand commence en septembre 2019, et durerait jusqu’en mars 2020 – date à laquelle les équipes du show seraient obligées de boucler avec quelques jours d’avance par rapport à leur planning initial, en raison de la pandémie mondiale de Covid-19. Cette interruption est une coïncidence sacrément ironique si l’on considère que The Stand prend place dans un monde dévasté par une épidémie de super-grippe… On tient en effet là un point de convergence entre réalité et fiction qui a probablement dû titiller le sens de l’humour morbide de Stephen King – on se souvient notamment qu’il n’avait pas hésité à faire s’entrecroiser la fiction et les événements de sa vie réelle dans les derniers volumes de La Tour sombre

La diffusion de The Stand débute quant à elle en décembre 2020, et au fur et à mesure que les épisodes avancent, cette curieuse idée de « convergence » ne parviendra jamais réellement à quitter l’esprit du spectateur. Que les neuf épisodes de la série développée par Josh Boone représentent un point de rencontre avec le roman de Stephen King est une évidence : il s’agit avant tout d’une adaptation. Mais on trouvera également au cœur de The Stand des liens avec le reste de l’œuvre de Stephen King – de nombreux clins d’yeux qui sont autant de références à des romans appartenant à l’univers King, ou même parfois à des détails connus de la vie de l’auteur.

Dans le même ordre d’idée, on ne pourra s’empêcher de remarquer les « différences » entre le roman Le fléau et la série The Stand – des différences qui parfois s’imposent comme autant de renvois directs à l’œuvre originale, comme si le bouquin et son adaptation se répondaient, se complétaient en quelque sorte. On balaiera donc d’un revers de la main les concessions faites à l’époque : les technologies sont mises à jour, et le casting révèle une plus grande diversité. Ainsi, un personnage important est devenu noir pour son passage à l’écran, un autre est devenu latino, et un troisième est devenu… une femme ! Il s’agit là de modifications mineures, faites pour coller à l’air du temps de l’époque, et qui correspondent également au travail de modernisation qu’avait effectué Stephen King sur son roman en passant de la version courte (1978) à la version longue (1990).

Points de divergence

Là où The Stand s’écarte davantage de son modèle, c’est dans sa narration. Si le livre de Stephen King nous présentait les événements de façon linéaire, la série développée par Josh Boone joue en revanche la carte du « puzzle ». Proposant régulièrement des ellipses temporelles extrêmement brutales, ainsi que de fréquents allers et retours dans le temps, la série dessine les contours de son univers en laissant de gros « trous » narratifs, qui seront pour certains explicités par la suite, mais qui seront pour d’autres laissés tels quels, comme si les auteurs du show voulaient inciter le spectateur à remplir les interstices en se plongeant dans la lecture du livre. Ainsi, si vous n’avez jamais lu le pavé de Stephen King, il y a de fortes chances pour que vous ayez régulièrement l’impression d’avoir loupé un épisode, ou du moins un élément narratif clé. Il s’agit là d’une volonté claire de l’équipe de The Stand, qui s’impose comme une excellente adaptation du matériau d’origine, mais une adaptation « parcellaire ». C’est un peu comme quand vous faites un puzzle auquel il manque quelques pièces : l’impression d’ensemble cohérent reste la même, mais il manque tout de même quelques morceaux.

Parallèlement à ces ellipses et à cette construction narrative ne nous présentant pas les événements de façon chronologique, The Stand respecte en revanche certains aspects de l’écriture de Stephen King sur Le fléau. Roman sans héros clairement déterminé, développant la trajectoire d’un peu plus de 25 personnages, Le fléau comptait une douzaine de personnages « principaux », et chaque chapitre suivant l’évolution d’un personnage en particulier – les différentes trajectoires des uns et des autres se croisaient, et aucun des personnages n’était jamais délaissé par l’intrigue. Malgré sa construction façon puzzle, The Stand reprend également ce parti pris : les personnages se croisent, mais chaque nouvel épisode privilégie l’un d’entre eux. Ainsi, le premier épisode sera essentiellement présenté selon le point de vue de Stuart Redman (James Marsden), le deuxième selon celui de Larry Underwood (Jovan Adepo), le troisième selon celui de Nadine Cross (Amber Heard), etc. Selon le personnage placé au centre de l’épisode, certains seront réduits au statut de simples figurants, tandis que d’autres seront sur le devant de la scène. Ce va et vient entre les différents protagonistes du récit est intéressant, dans le sens où l’intrigue continue toujours à avancer (et à reculer !), mettant plus ou moins en lumière certains moments-clés du roman.

Plusieurs facettes d’une même histoire

Ainsi, pour comprendre à 100% The Stand, il convient de considérer la série comme appartenant à un « tout » cohérent, constitué à la fois par deux versions de la même histoire sous forme de roman, mais également maintenant par deux versions supplémentaires de l’histoire sous forme de série TV. Car The Stand ne tire pas un trait sur le passé – le show créé par Josh Boone se permet également de petites références à la version du Fléau cuvée 1994 : on entend ainsi la chanson « (Don’t fear) The reaper » de Blue Öyster Cult, déjà utilisée dans la série précédente, au générique du cinquième épisode. Et bien sûr, le réalisateur de la série Mick Garris fait également une apparition dans le dernier épisode…

Mais The Stand ne fait pas que s’amuser de la nature « tentaculaire » de l’œuvre de Stephen King : cette nouvelle occurrence du Fléau s’impose à sa manière comme une œuvre « consciente » d’elle-même et du fait qu’elle s’inscrit dans un univers plus vaste, dont les ramifications s’étendent bien au-delà de ses neuf épisodes… Plus prémonitoire et crédible que jamais, l’intrigue de The Stand nous rejoue, dans le fond, l’éternelle lutte intemporelle entre le bien et le mal qui prenait également place dans de nombreuses autres œuvres de Stephen King, et notamment au cœur de La Tour sombre, véritable « colonne vertébrale » de son œuvre. A ce titre, les références visuelles émaillées par les auteurs du show aux autres livres de King (Shining, La peau sur les eaux…) ainsi qu’à sa vie réelle (le clou dans le mur sur lequel Harold accroche ses lettres de refus fait référence à une anecdote racontée dans Ecriture) ne font finalement que renforcer l’impression d’une œuvre se nourrissant d’elle-même, au point, peut-être, d’en exclure les néophytes.

The Stand en 2021

Destin ou coïncidence, on l’ignore, mais le fait est que The Stand a acquis une nouvelle dimension grâce au timing de sa production, qui l’a fait débarquer sur les écrans au lendemain d’une longue période de péril sanitaire international. De fait, qu’elle le veuille ou non, la série s’inscrit clairement dans le sillage de la pandémie mondiale de Covid-19 – qui n’est peut-être pas encore totalement derrière nous – et aucun spectateur ayant découvert le show aujourd’hui ou lors de sa diffusion TV il y a quelques mois ne pourra être passé à côté des similitudes entre les prémisses de la série et les événements s’étant déroulés dans le monde depuis un an et demi. Par conséquent, les thématiques développées au cœur des neuf épisodes de The Stand nous apparaissent soudain plus pertinents que jamais : la chute de l’humanité face à la maladie, la survie physique et spirituelle, la nécessité d’envisager un « monde d’après »… Autant de préoccupations très contemporaines qui s’imposeront comme les forces narratives principales d’une série que l’on pourrait presque considérer comme « prophétique » !

Le coffret Blu-ray

[4/5]

Techniquement parlant, il n’y a pas grand-chose à redire sur ce coffret Blu-ray de The Stand : Paramount Pictures flirte en effet ici avec l’excellence technique absolue. L’image est littéralement sublime, respectant parfaitement les choix de photographie et d’ambiances voulues par les auteurs du show, les couleurs et les contrastes en envoient plein les yeux, les noirs sont denses, le piqué d’une précision à couper le souffle… C’est vraiment le top niveau. C’est d’autant plus agréable que sur certains épisodes, la réalisation – signée Vincenzo Natali sur les épisodes 7 et 8 – est vraiment bluffante : en deux mots, bravo Paramount. Côté son, le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 de la VO joue essentiellement sur les ambiances, bien enveloppantes et immersives. Si l’on vous conseille plutôt la version originale pour des raisons artistiques (pour les voix et intonations originales des comédiens), la VF encodée en Dolby Digital 5.1 se défend plutôt bien dans son genre, et devrait parfaitement contenter les amateurs de versions françaises.

Rayon suppléments, il y a également de quoi s’occuper : on se régalera tout d’abord d’un intéressant making of (20 minutes), qui reviendra sur les défis représentés par l’adaptation du roman de King, mais également sur les thématiques du show, l’histoire, les personnages, les effets spéciaux, les décors et lieux de tournage et bien sûr la nouvelle fin imaginée par Stephen King. On terminera ensuite avec un amusant bêtisier (4 minutes).

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