Critique : Brother

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Brother

France : 2021
Titre original : –
Réalisation : Arnaud Fournier Montgieux
Ecrit par : Arnaud Fournier Montgieux
Avec : François Fontanié
Distribution : Saje Distribution
Durée : 1h18
Genre : Documentaire
Date de sortie : 17 novembre 2021

3/5

Fondée en 2012 par Hubert de Torcy, la société Saje Distribution  a pour but de diffuser en France des films d’inspiration chrétienne provenant du monde entier. Le genre des « Faith based movies », films basés sur la foi, l’appellation utilisée dans les pays de langue anglaise, est en plein essor dans un certain nombre de pays anglo-saxons, dont, bien sûr, les Etats-Unis. Souhaitant participer activement à l’extension du marché pour ces films dans notre pays, Saje Distribution a décidé d’étendre son activité et de se lancer dans la production : Brother est le premier fruit de cette décision. Ce film a été réalisé par Arnaud Fournier Montgieux, à qui l’on doit Auzat l’auvergnat, « Un village en mouvement », un documentaire sorti en 2018 et consacré à la vie dans un petit village du Puy-de-Dôme.

Synopsis : Roberto, alias « Touch » est adolescent quand il commet ses crimes. Il grandit en prison. C’est l’héroïne qui a poussé Ryan au vol et à la violence. Leurs destins sont étroitement liés à celui du ghetto américain de Newark, et depuis peu à celui de Brother François dont ils se sont liés d’amitié. Ce jeune ingénieur et artiste français a tout quitté pour devenir frère franciscain et vivre pauvre parmi les pauvres.

Les franciscains du Bronx

La ville de Newark, ville de la banlieue de New-York située dans le New Jersey, est plus connue pour son aéroport que pour sa communauté des « Franciscains du Renouveau » appelés également Franciscains du Bronx. C’est dans cette communauté qu’on rencontre un français, François Fontanié. Cet ingénieur diplômé de l’Ecole Centrale de Paris affirme avoir toujours aimé les pauvres, au point que « lorsqu’il allait à l’église, la seule chose qui l’intéressait, c’était le mendiant à l’entrée de l’église ». Après avoir travaillé pendant 4 ans comme ingénieur ferroviaire, il était pleinement conscient de ne pas être à sa place. D’où sa décision : entrer chez les Franciscains du Bronx, une communauté dont il avait eu connaissance par le biais d’un livre que possédaient ses parents. Cette communauté a été fondée en 1987 par 8 frères et elle a, depuis, pris beaucoup d’ampleur, avec plus de 130 membres à New-York et des communautés dans d’autres états des Etats-Unis, ainsi qu’au Honduras, au Nicaragua, en Angleterre et en Irlande. S’il s’attache surtout aux actions de « Brother François », des actions axées principalement sur la fraternité, la compassion et la charité, le film nous présente également d’autres frères, venant principalement des Etats-Unis, mais également d’Irlande du Nord, du Canada et de la République tchèque. Pour eux, la vie en communauté est un vaccin contre l’égoïsme, contre l’orgueil. Et puis aussi, surtout, le film met en avant des personnages qui ont été transformés au contact de la communauté, dont un, Roberto, intervient à plusieurs reprises : il a grandi comme un tueur, il a été arrêté dès ses 14 ans pour vols à main armée, kidnappings et autres délits graves et, dorénavant, il se conduit en bon père de famille.

Une coïncidence, ou alors … ?

Proche de l’hagiographie, Brother est plein de valeurs positives et il serait mal venu de notre part de mettre en doute le don de soi, l’altruisme, la générosité dont a fait preuve « Brother François » en intégrant la communauté des Franciscains du Bronx alors qu’il aurait pu orienter sa vie vers l’existence confortable que son diplôme d’ingénieur lui permettait a priori de mener. Il y a toutefois une question qui mérite d’être posée : n’y a-t-il vraiment aucun point d’ombre dans les activités de la communauté des Franciscains du Bronx ou bien le réalisateur a-t-il choisi, s’il les a cherchés et s’il les a trouvés, de ne pas faire états de ces points d’ombre et de ne relater que la face positive de ces activités ? Facile à trouver, pourtant, un « détail » pose question : les Franciscains du Bronx ont choisi Notre-Dame de Guadalupe comme patronne, celle-là même qui, aux Etats-Unis, est considérée comme « patronne de l’enfant à naître » et qui, à ce titre, n’est autre que l’égérie du mouvement anti avortement « pro life ». Fâcheuse coïncidence ou affirmation de proximité revendiquée ?

 Conclusion 

Intéressant dans son récit des activités caritatives des Franciscains du Bronx et, celles, en particulier du frère François, un centralien qui a quitté le confort de sa vie d’ingénieur pour vivre auprès des pauvres dans un quartier difficile, Brother passe à côté de points potentiellement importants dans la mesure où il ne montre que les côtés positifs de la communauté dont fait partie François sans se mettre à la recherche d’éventuelles zones d’ombre qu’il aurait été tout aussi intéressant de creuser.

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