Critique : Compartiment N°6

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Compartiment N°6

Finlande, Russie : 2021
Titre original : Hytti nro 6
Réalisation : Juho Kuosmanen
Scénario : Juho Kuosmanen, Andris Feldmanis, Livia Ulman d’après le roman de Rosa Liksom
Interprètes : Seidi Haarla, Yuriy Borisov, Dinara Drukarova
Distribution : Haut et Court
Durée : 1h47
Genre : Drame
Date de sortie : 3 novembre 2021

2/5

En 2016, le réalisateur finlandais Juho Kuosmanen avait obtenu le Prix Un Certain Regard avec Olli Mäki, son premier long métrage. Cette année, Compartiment N°6, son 2ème long métrage, faisait partie des films de la compétition cannoise et il s’est vu attribué le Grand Prix du Jury, ex æquo avec Un héros du réalisateur iranien Asghar Farhadi (Sortie annoncée le 15 décembre). Cette récompense pour Juho Kuosmanen en a surpris beaucoup !

Synopsis : Une jeune finlandaise prend un train à Moscou pour se rendre sur un site archéologique en mer arctique. Elle est contrainte de partager son compartiment avec un inconnu. Cette cohabitation et d’improbables rencontres vont peu à peu rapprocher ces deux êtres que tout oppose.

En train vers Mourmansk

Un hiver en Russie dans les années 90. Laura, une jeune femme finlandaise est venue en Russie pour apprendre le russe et suivre des études d’archéologie. Elle vit avec Irina. Elle entreprend de se rendre par le train à Mourmansk afin d’aller visiter un site de pétroglyphes voisin de cette ville. Irina devait l’accompagner mais, prise par son travail, elle a dû y renoncer. Alors que Laura est dans son compartiment, arrive Ljoha, un ouvrier russe qui se rend à Mourmansk pour réintégrer la mine dans laquelle il travaille. Russe et rustre, ce Ljoha ! Au point que l’atmosphère est très froide dans le compartiment, entre Laura et Ljoha. Mais vous avez beaucoup d’expérience en matière de cinéma, vous avez vu de nombreux films et vous avez bien sûr deviné comment cette relation entre Laura et Ljoha va petit à petit évoluer.

On va dire que …

A la vision de ce film, on a vraiment l’impression que les scénaristes ont construit l’histoire qui y est racontée à partir de conversations de type « On va dire que … » et qu’ils ont aligné les séquences en se demandant à la fin de chacune ce qu’ils allaient bien pouvoir raconter dans la suivante. On va dire qu’on va suivre Laura, une finlandaise qui vit en Russie et parle très bien le russe. Que, elle prend le train pour aller à Mourmansk pour voir des pétroglyphes. Que, débarque dans son compartiment un homme avec qui elle n’a, semble-t-il, aucun atome crochu. Que, le train va s’arrêter très souvent et, parfois, très longtemps (Ce qui permettra de caser quelques histoires annexes). Que, un compatriote de Laura va faire une apparition et se conduire très mal avec Laura. Que, cela prouvera qu’il ne faut pas se fier aux apparences, etc., etc.. On sent bien que le réalisateur a cherché à nous montrer l’influence que la rencontre avec un inconnu peut avoir sur la perception qu’on a de soi-même mais, franchement, si le résultat est plutôt sympathique, il est surtout poussif et passablement ennuyeux.

Une bonne distribution

Seidi Haarla et Yuriy Borisov, la comédienne finnoise et le comédien russe qui incarnent Laura et Lhoja, sont tous les deux plus souvent sur les planches que devant les caméras et leur renommée cinématographique est faible. Ce n’est toutefois à cause d’une prestation médiocre de leur part que le film s’avère aussi poussif, pas du tout ! En fait, la comédienne la plus connue est celle qui joue le rôle d’Irina, la compagne russe de Laura. Il s’agit de Dinara Drukarova qui a débuté à tourner dès l’âge de 12 ans, en 1988. C’est elle qui, 2 ans plus tard, interprétait le rôle féminin principal dans Bouge pas, meurs et ressuscite, de Vitali Kanevsky, Caméra d’Or au Festival de Cannes 1990. Mariée à un producteur français, elle a joué dans de nombreux films français, notamment chez Desplechin, chez Haneke, chez Pascal Bonitzer et chez Julie Bertuccelli. Son premier long métrage en tant que réalisatrice, Le grand marin, devrait sortir prochainement. On se doit par ailleurs de tirer notre chapeau à Jani-Petteri Passi, le Directeur de la photographie, déjà présent sur Olli Mäki : pas évident de tourner la plus grande partie d’un film dans un espace aussi exigu qu’un wagon !

Conclusion

A quoi servent les palmarès des Festivals ? A quoi sert le palmarès de celui qui est considéré comme étant le plus important dans le monde, le Festival de Cannes ? Eh bien, parfois, à attribuer un prix important à un film que l’on considère personnellement comme étant sympathique mais aussi très insignifiant, au rythme très mou et passablement ennuyeux. Tant mieux pour son réalisateur, tant pis pour les films qui n’ont rien eu et qu’on a trouvé largement supérieurs !

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