Test Blu-ray : Train d’enfer

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Train d’enfer

France, Espagne, Italie : 1965
Titre original : –
Réalisation : Gilles Grangier
Scénario : Jacques Robert, Gilles Grangier
Acteurs : Jean Marais, Marisa Mell, Howard Vernon
Éditeur : Coin de mire Cinéma
Durée : 1h32
Genre : Espionnage, Aventures
Date de sortie cinéma : 10 novembre 1965
Date de sortie DVD/BR : 10 septembre 2021

Des conjurés fomentent un attentat contre l’Émir Ali Salim, qui doit prochainement arriver en France sur la côte d’Azur. Antoine, athlétique agent des Services de Renseignement Français, réussit, en se faisant passer pour un agent double, à entrer dans le complot pour tenter de le faire échouer…

Le film

[4/5]

Si elle fut extrêmement populaire chez nos voisins italiens, allemands et même espagnols, la glorieuse tradition du cinéma « bis » n’a jamais été extrêmement développée à l’intérieur des frontières françaises. Néanmoins, à la faveur de quelques productions internationales (franco-italiennes surtout), et dans l’insouciance pop des années 60, le cinéma français s’est tout de même volontiers laissé aller à quelques titres flirtant volontiers avec le cinéma de genre tendance populaire.

Dans l’hexagone cependant, on n’appelait pas forcément cela du cinéma « bis », terme que l’on réservait aux productions venues de chez nos voisins Européens. Pourtant, comment aurait-on désigné les films d’OSS 117 ou de Fantomas s’ils avaient été tournés en italien ? Car outre les films de cape et d’épée et les romances historiques qui faisaient la joie des cinémas de quartier, on a en effet vu naître en France pendant cette décennie une poignée de films d’aventures ou d’espionnage très orientés « action et petites pépées », que l’on pourra greffer à une vague d’œuvrettes tout à fait charmantes que le temps a affectueusement renommé « Euro spy ».

Sous l’influence couplée des premiers James Bond et des « fumetti » (bandes dessinées populaires italiennes) qui inondaient le marché du divertissement à l’époque, on a donc vu fleurir sur grand écran les aventures de Coplan, OSS 117 ou autres espions ou aventuriers au sourire Ultra Brite, qui sauvaient le monde ou cherchaient des trésors perdus dans des films dont les titres développaient volontiers un impact catchy et second degré : Coup de gong à Hong-Kong, Baroud à Beyrouth pour F.B.I. 505, Karaté à Tanger pour agent Z7 ou encore le célèbre Banco à Bangkok pour OSS 117.

Péripéties à gogo, ambiance pop, méchants de pacotille et décors baroques : telle est la recette du genre, et certains acteurs, tels que Frederick Stafford, Eddie Constantine ou Jean Marais, s’en étaient fait une spécialité. En 1965, Jean Marais, alors âgé de 52 ans, se régalait ainsi à interpréter les espions bondissants. On le verrait ainsi sur les écrans à quatre reprises dans des films du même genre : en avril dans Le gentleman de Cocody (2 millions d’entrées), en septembre dans Pleins feux sur Stanislas (1,1 millions d’entrées), en novembre dans Train d’enfer (1,3 millions d’entrées) puis en décembre dans Fantomas se déchaîne (4,4 millions d’entrées).

Cependant, si les films de la saga Fantomas sont devenus de véritables classiques du divertissement en France, les autres sont malheureusement aujourd’hui un peu retombés dans l’oubli. Coin de mire Cinéma nous propose cependant ce mois-ci de nous rafraîchir la mémoire avec la sortie en Blu-ray de Train d’enfer. Mettant en scène Jean Marais dans la peau d’Antoine Donadieu, agent des services secrets, Gilles Grangier y capitalisait sans vergogne sur le succès des films de James Bond, au point que l’on puisse penser que le film était conçu comme un « amuse-gueule », quelques mois seulement après la sortie de Goldfinger (février 1965), et en attendant celle d’Opération Tonnerre (décembre 1965).

Festival de poursuites et de cascades, agrémenté de quelques gags et développant un esprit très « bande dessinée », Train d’enfer est une bande d’exploitation colorée qui régalera les amateurs de belles voitures (on y voit une belle Alfa Romeo 2000 Spider), de gadgets (elle est équipée d’un téléphone), d’espions maîtrisant le karaté old school et d’anciens nazis mégalomanes équipés de pistolets laser (Howard Vernon, excellent). Les ingrédients typiquement 60’s du genre sont donc présents : conspiration, scientifique fou, menace nucléaire, gadgets, et même « Antoine Donadieu Girl » de service (Marisa Mell).

Techniquement, malgré les années et sa facture modeste, Train d’enfer tient encore parfaitement la route, notamment grâce à ses cascades, coordonnées par Claude Carliez. Le film développe un charme très bon enfant et surprend par sa facture technique impeccable. Tout juste pourra-t-on lui reprocher un rythme un poil hasardeux, surtout dans sa première moitié, mais qui se verra heureusement rattrapé dans la deuxième, ce qui fait finalement de Train d’enfer un divertissement aussi inoffensif que réjouissant, sans fioritures et volontiers exagéré – idéal pour un samedi soir en famille et en mode « exotique » !

La collection « La séance »

Depuis l’automne 2018, l’éditeur Coin de mire Cinéma propose avec régularité au public de se replonger dans de véritables classiques du cinéma populaire français, tous disponibles au cœur de sa riche collection « La séance ». En l’espace de ces deux années de passion, le soin maniaque apporté par l’éditeur à sa sélection de films du patrimoine français a clairement porté ses fruits. Ainsi, Coin de mire est parvenu à se faire, en peu de temps, une place de tout premier ordre dans le cœur des cinéphiles français. L’éditeur s’impose en effet comme une véritable référence en termes de qualité de transfert et de suppléments, les titres de la collection se suivent et ne se ressemblent pas, prouvant à ceux qui en douteraient encore la richesse infinie du catalogue hexagonal en matière de cinéma populaire. Une telle initiative est forcément à soutenir, surtout à une époque où le marché de la vidéo « physique » se réduit comme peau de chagrin d’année en année.

Chaque titre de la collection « La séance » édité par Coin de mire s’affiche donc dans une superbe édition Combo Blu-ray + DVD + Livret prenant la forme d’un Mediabook au design soigné et à la finition maniaque. Chaque coffret Digibook prestige est numéroté et limité à 3.000 exemplaires. Un livret inédit comportant de nombreux documents d’archive est cousu au boîtier. Les coffrets comprennent également la reproduction de 10 photos d’exploitation sur papier glacé (format 12×15 cm), glissés dans deux étuis cartonnés aux côtés de la reproduction de l’affiche originale (format 21×29 cm). Chaque nouveau titre de la collection « La séance » s’intègre de plus dans la charte graphique de la collection depuis ses débuts à l’automne 2018 : fond noir, composition d’une nouvelle affiche à partir des photos Noir et Blanc, lettres dorées. Le packaging et le soin apporté aux finitions de ces éditions en font de véritables références en termes de qualité. Chaque coffret Digibook prestige estampillé « La séance » s’impose donc comme un superbe objet de collection que vous serez fier de voir trôner sur vos étagères.

L’autre originalité de cette collection est de proposer au cinéphile une « séance » de cinéma complète, avec les actualités Pathé de la semaine de la sortie du film, les publicités d’époque (qu’on appelait encore « réclames ») qui seront bien sûr suivies du film, restauré en Haute-Définition, 2K ou 4K selon les cas. Dans le cas de Train d’enfer, il s’agit d’une restauration 4K réalisée par TF1 Studio avec la participation de Coin de mire Cinéma.

La huitième vague de la collection « La séance » sera disponible à partir du 10 septembre 2021 chez tous vos dealers de culture habituels. Les six nouveaux films intégrant la collection la portent aujourd’hui à un total de 49 titres. Les six films de cette « nouvelle vague » sont donc Chiens perdus sans collier (Jean Delannoy, 1955), Gas-oil (Gilles Grangier, 1955), Le grand chef (Henri Verneuil, 1958), Train d’enfer (Gilles Grangier, 1965), Le Rapace (José Giovanni, 1968) et Dernier domicile connu (José Giovanni, 1970). Pour connaître et commander les joyaux issus de cette magnifique collection, on vous invite à vous rendre au plus vite sur le site de l’éditeur.

Le coffret Digibook prestige

[5/5]

Jusqu’alors inédit en DVD et Blu-ray en France, Train d’enfer débarque donc aujourd’hui au sein de la prestigieuse collection « La séance » éditée par Coin de mire Cinéma. Fort d’un master au format Cinemascope respecté et d’une compression aux petits oignons, ce superbe Blu-ray au format 1080p en mettra littéralement plein les yeux au spectateur. La restauration 4K a fait place nette de toutes les tâches et autres outrages liés au temps, la granulation d’origine a été respectée, les contrastes sont denses, les couleurs éclatantes, la copie est stable, les noirs profonds, la profondeur de champ évidente. Bref, c’est du travail d’orfèvre ! Côté son, le film bénéficie d’un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 et nous propose un confort acoustique indéniable : les dialogues sont clairs, nets, précis, les ambiances bien préservées, sans souffle. Le top du top.

Dans la section suppléments, l’éditeur nous propose, outre la traditionnelle et inévitable bande-annonce du film, de reconstituer chez soi l’intégralité d’une séance de cinéma, comme à l’époque de la sortie du film. Place donc aux Actualités Pathé de la 45ème semaine de l’année 1965 (11 minutes). On commencera donc avec le siège de Plei-Me au Vietnam, pour enchaîner sans transition avec les Beatles recevant l’ordre de l’Empire Britannique, les « Victoires du Cinéma Français » et Pompidou préparant la campagne électorale de la fin d’année en permettant à chaque candidat d’avoir deux heures de parole sur l’ORTF – on notera qu’il est amusant de voir ça en 2021, surtout au moment où, dans l’actualité de ses derniers jours, le CSA fait polémique en prévoyant de décompter du temps de parole à Eric Zemmour, qui pourtant ne s’est pas officiellement présenté dans la course à la présidence de la République. On terminera enfin avec un long sujet consacré à « l’Amérique noire » : discrimination, ségrégation, Black Muslims, Ku Klux Klan, tout est abordé avec une certaine décontraction, même si le commentateur n’évite pas une prise de position progressiste en fin de sujet. Intéressant !

Après la bande-annonce du Jardinier d’Argenteuil, on continuera la séance avec une page de réclames publicitaires de cette année 1965 (9 minutes), comme toujours très amusantes.On commencera donc avec les esquimaux Gervais, les marshmallows Barker et Dobson, le café Nescafé, et l’apéritif Cintra qui s’offre une pub limite psychédélique. Cela sera ensuite au tour de toute la gamme des crackers Belin (Mexico, Kumini, Chalala, Rexo, Royal Bob), puis à Catherine Deneuve de clamer haut et fort son amour des parfums – comme quoi 55 ans avant de faire de la pub pour Leboncoin, l’actrice de Belle de jour avait déjà goûté aux joies de la réclame… On continuera ensuite avec le « vrai » Fly-Tox, une Perrier Party (Bada Bada Bada, Choubidou Bidou wap), la poudre de vaisselle Paic, la crème de jour « Fascination » de chez Coty, et enfin un petit éventail de quelques-uns des 103 tests subis par les téléviseurs Philips avant d’être mis sur le marché.

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