Kull le Conquérant
États-Unis : 1997
Titre original : Kull the Conqueror
Réalisation : John Nicolella
Scénario : Charles Edward Pogue
Acteurs : Kevin Sorbo, Tia Carrere, Thomas Ian Griffith
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h35
Genre : Aventures, Fantasy
Date de sortie cinéma : 22 juillet 1998
Date de sortie DVD/BR : 19 août 2021
Kull est un valeureux guerrier barbare, devenu un roi respecté de tous grâce à sa force, sa bravoure incomparable et sa droiture. Mais ces qualités qui l’ont porté sur le trône, lui valent également la haine d’une poignées de nobles corrompus, et de la maléfique mais terriblement séduisante sorcière Akivasha, bien décidée à l’éliminer. Kull est désormais seul à combattre les forces du mal pour sauver son royaume et celle qu’il aime, la belle Zareta…
Le film
[3,5/5]
Heavy Metal !
On pourrait discuter des heures des défauts de Kull le Conquérant, mais à quoi bon ? D’entrée de jeu, autant dire que pour apprécier à sa juste valeur un film tel que celui-ci, mieux vaut sortir les packs de bière, qui feront office de madeleines de Proust au houblon. Calez-vous confortablement dans votre fauteuil, et laissez-vous porter par les riffs de guitare rythmant les bagarres de ce simili-Conan à la petite semaine interprété par Kevin Sorbo. Produit typique de son époque, cette série B sans prétention est un pur plaisir régressif pour les métalleux des années 90, ces grands dadais chevelus qui se régalaient de comédies à la Airheads / Wayne’s World en écoutant très fort les tubes de Hard Rock d’Iron Maiden, de Def Leppard et des Guns N’ Roses.
On raconte qu’à l’origine, Raffaella De Laurentiis rêvait d’un troisième épisode à la saga Conan avec Arnold Schwarzenegger, mais que suite au refus de l’acteur, le projet a été retravaillé pour mettre en vedette Kevin Sorbo, acteur popularisé à l’époque par les séries Xena la guerrière et Hercule. Pour surfer sur le succès de ces deux séries, le scénariste de Kull le Conquérant Charles Edward Pogue misera également sur un certain humour pipi-caca-prout, tout en mélangeant allégrement des éléments tirés à la fois des histoires de Kull et de Conan imaginées par Robert E. Howard à la fin des années 20 / début des années 30.
Cela dit, n’attendez-pas le souffle épique d’un John Milius au cœur du film de John Nicolella, ni même la sécheresse des récits de Howard : on navigue ici dans un gloubi-boulga de série B complètement déviant, comme on en avait encore le secret à l’aube de l’an 2000. Kull le Conquérant c’est donc de jolis décors de carton-pâte, un triangle amoureux, des héros huilés, des monstres et des démons, bref de la Fantasy bon marché, amusante, sans profondeur ni ambition, mais qui conserve encore aujourd’hui un véritable « cachet » visuel, tout simplement parce que le recours aux effets spéciaux numériques était encore, en 1997, relativement limité, et que les créatures animées en latex font toujours aujourd’hui largement vibrer notre corde sensible.
Du côté des acteurs, aux côtés de Kevin Sorbo, on trouvera une diseuse de bonne aventure nommée Zareta (Karina Lombard) et son frère Ascalante (Litefoot). Ils auront maille à partir avec Taligaro, incarné par Thomas Ian Griffith, qui un an plus tard crèverait l’écran dans la peau du vampire gothique blafard affrontant James Woods dans le Vampires de John Carpenter. Mais le grand méchant du film est une méchante : il s’agit du démon Akivasha, interprété par Tia Carrere (Wayne’s World, True Lies), qui n’hésite pas à en faire des caisses, au diapason du reste du casting.
En revanche, les liens avec l’œuvre de Robert E. Howard sont assez ténus ; bien sûr, Kull le Conquérant évoque les tentatives du nouveau roi afin de lutter contre la classe dirigeante et la tradition, mais le film ne cherche pas réellement à creuser le sujet. Au contraire, étant donné le côté ouvertement Heavy Metal de l’ensemble, quand Kull brisera à la hache les tablettes de la loi à la fin du film, on ne pourra s’empêcher de fredonner le fameux morceau de Judas Priest : « Breaking the Law ! Breaking the Law ! »
Le Blu-ray
[4,5/5]
C’est sous les couleurs de Rimini Éditions que Kull le Conquérant a pointé le bout de son nez en Haute-Définition cet été. Et côté Blu-ray, on ne pourra que s’avérer satisfait : la copie 1080p est propre et stable, avec un grain cinéma parfaitement respecté. Le piqué est d’une belle précision, et la profondeur de champ est satisfaisante – en deux mots, c’est du beau boulot, on n’osait pas en espérer autant pour un film tel que celui-ci. Côté son, VF d’époque et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine, et ne posent pas le moindre problème. La VO est également proposée dans un solide mixage DTS-HD Master Audio 5.1 : le rendu est ample et dynamique, voire même carrément explosif au niveau des basses.
Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose de nous plonger dans un entretien avec Patrice Louinet (25 minutes). Traducteur et directeur de collection de l’intégrale Howard (Bragelonne et Livre de Poche), co-directeur de la Robert E Howard Foundation, auteur du Guide Howard (ActuSF), l’homme est une sommité sur la carrière d’Howard, et il s’échinera ici à nous dresser une mini-biographie de l’auteur américain. Après avoir abordé sa carrière, il abordera son succès posthume et les différentes adaptations de son œuvre à l’écran. Il évoquera ainsi très rapidement Kull le Conquérant en le remettant dans son contexte de tournage (la fin des années 90) et en expliquant que le film n’est absolument pas représentatif de la série de nouvelles qu’Howard a consacrée au personnage. Enfin, il terminera sur la « malédiction » Robert E. Howard : celle d’être connu par le biais d’adaptations sous forme de films, de BD ou de dessins animés qui s’avèrent au final peu représentatifs de son œuvre. C’est tout à fait exact, mais Howard n’est pas le seul dans ce cas : on pourrait la même chose de Bram Stoker, Conan Doyle, Rudyard Kipling, Lewis Carroll, Ian Fleming, H.P Lovecraft et beaucoup, beaucoup d’autres…