Test Blu-ray : Princesse Mononoké

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Princesse Mononoké

Japon : 1997
Titre original : Mononoke-hime
Réalisateur : Hayao Miyazaki
Scénario : Hayao Miyazaki
Acteurs (VO) : Yoji Matsuda, Yuriko Ishida, Yuko Tanaka
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 2h13
Genre : Animation
Date de sortie cinéma : 12 janvier 2000
Date de sortie DVD/BR : 25 août 2021

Blessé par un sanglier rendu fou par les démons, le jeune guerrier Ashitaka doit quitter les siens et partir à la recherche du dieu-cerf qui, seul, pourra défaire le sortilège. Au cours de son voyage, Ashitaka rencontre Lady Eboshi, une sacrée femme à la tête d’une communauté de forgerons, qui doit se défendre contre ceux qui lui reprochent de détruire la forêt pour alimenter ses forges. Parmi ses pires ennemis se trouve San, une jeune fille sauvage élevée par des loups, aussi appelée « Princesse Mononoké », la princesse des spectres…

Le film

[5/5]

« L’une des grandes réussites de Princesse Mononoké est de proposer des personnages complexes, à l’opposé de la vision manichéenne que nous propose Hollywood dans ses dessins animés. Le plus neutre de tous (et encore) est Ashitaka, que l’on suit du début à la fin, et qui nous permet de rencontrer les autres protagonistes du récit, et ainsi de prendre part aux enjeux qui les préoccupent.

On trouve alors Dame Eboshi, femme forte dans une société patriarcale. Elle gère un petit village muni d’une forge en plein développement, ce qui nous propulse immédiatement dans ce Japon médiéval. C’est une femme courageuse, qui protège sa cité, y maintien l’harmonie, notamment entre hommes et femmes à une époque difficile pour ces dernières, et ne se plie pas aux volontés de l’empereur. Mais un côté plus sombre l’habite, celui d’une dame violente, voulant annihiler la forêt voisine afin d’assurer la croissance de son village et se débarrasser de ses ennemis non-humains.

Car en effet, dans Princesse Mononoké, comme dans toute l’œuvre de Miyazaki, la nature tient une place très importante. Elle est ici parfaitement représentée par les traits de Moro, louve et déesse de la forêt, qui protège cette dernière contre l’humanité. Seulement, là où il est si facile de condamner les hommes et de glorifier la nature, l’auteur nous dépeint des personnages également violents de ce côté de la barrière, à travers des orangs-outans sournois,des loups agressifs et des sangliers belliqueux. C’est une vraie guerre que se livrent les deux camps.

C’est dans ce chaos qu’apparaît le personnage de San, la fameuse Princesse Mononoké, personnage ambigu car élevée par les loups, ce qui la rend moitié humaine (physiquement), moitié louve (mentalement). Suite à sa rencontre avec Ashitaka, une relation naît entre les deux personnages, atténuant l’extrémisme de San, et rapprochant notre héros de la nature. Ils ne sont pourtant que deux pions, incapables de changer le tempérament de leur faction.

En plus de la richesse de son scénario, Miyazaki nous gratifie avec Princesse Mononoké d’une œuvre visuellement somptueuse, de par ses dessins et ses couleurs. Le trait est magnifique, chaque élément prenant vie devant nos yeux, notamment le vent qu’il aime représenter dans chacun de ses films. Les paysages (forêt, village…) sont d’une grande beauté, et l’homme prend un malin plaisir à nous balader d’un lieu à l’autre, nous montrant au passage toute l’étendue de son talent. Car oui, il a à lui seul composé ou repris manuellement plus de la moitié des images présentes dans le film, sachant qu’il y a 144.000 celluloïds.

Pour nous montrer une forêt aussi belle, dense et foisonnante, il s’est inspiré de celle de Yakushima au Japon, où il se rend personnellement. Cet endroit est célèbre pour ses macaques japonais et ses cerfs Sika, deux animaux que l’on retrouve dans Princesse Mononoké. L’éclairage de ses illustrations est également magnifique. On vient presque à croire à l’utilisation d’une vraie source de lumière pour donner vie à ces images. (…)

Ainsi, avec Princesse Mononoké, Miyazaki nous offre un véritable chef d’œuvre, une réussite sur tous les points, du scénario à la musique, en passant par un rythme qui ne faiblit jamais et une animation de toute beauté. Ce film permet enfin à son auteur de recevoir la consécration qu’il méritait, en dehors de son archipel. Les critiques et l’accueil du public furent unanimes pour encenser le génie japonais. (…) 25 ans après, son film reste toujours une référence dans le monde de l’animation japonaise. »

Extrait de la critique de notre rédacteur Thibaud Savignol. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant ici.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Après une première édition Blu-ray sous les couleurs de Studio Ghibli et Walt Disney Pictures France, les films du prestigieux studio d’animation japonais s’offrent aujourd’hui une nouvelle jeunesse grâce à Wild Side Vidéo, qui nous proposera d’ici la fin de l’année la possibilité de (re)découvrir en Blu-ray les 21 films produits par Studio Ghibli entre 1985 et 2020. La première vague, très largement consacrée à Hayao Miyazaki, compte huit titres prestigieux : Le Château dans le ciel (Hayao Miyazaki, 1986), Mon voisin Totoro (Hayao Miyazaki, 1988), Kiki la petite sorcière (Hayao Miyazaki, 1989), Princesse Mononoké (Hayao Miyazaki, 1997), Le Voyage de Chihiro (Hayao Miyazaki, 2001), Le Royaume des chats (Hiroyuki Morita, 2002), Le Château ambulant (Hayao Miyazaki, 2004), Ponyo sur la falaise (Hayao Miyazaki, 2008). Cherchez l’intrus !

Vu que l’on n’a pas encore autant de lecteurs fidèles que Les Années Laser, l’éditeur Wild Side Vidéo n’a naturellement pas pu nous fournir l’intégralité des Blu-ray composant cette superbe première vague. Cependant, on les remercie chaleureusement d’avoir quand même concédé à nous fournir un titre, et pas des moindres, avec ce superbe Princesse Mononoké dont vous parlait Thibaud ci-dessus de si brillante manière.

Alors, qu’en est-il de cette nouvelle édition Blu-ray ? Force est de reconnaître que les différences entre l’édition Blu-ray proposée ici par Wild Side et celle chapeautée par Ghibli / Disney en 2014 sont assez difficiles à trouver d’un strict point de vue technique : il s’agit néanmoins clairement d’une superbe galette Haute-Définition, à la propreté sidérante et au piqué d’une précision étonnante. L’encodage rend honneur au trait clair et aux couleurs chaudes utilisées par Miyazaki et son équipe : le niveau de détail est bluffant, même sur un écran de très grande taille, l’étalonnage des couleurs est de toute beauté… En deux mots comme en cent, l’image est digne de tous les superlatifs ; de même que le son, proposé en DTS-HD Master audio 5.1 à la fois en VF et en VO japonaise. Les deux bandes-son s’avèrent excellentes, dosant les ambiances de façon fine et subtile avec des effets Surround nombreux créant une enveloppe sonore volontiers guerrière, extrêmement dynamique – deux versions audio optimales pour l’immersion du spectateur au cœur de Princesse Mononoké.

Côté suppléments, Wild Side nous propose tout d’abord une featurette intitulée « Princesse Mononoké aux USA » (20 minutes). Ce reportage en provenance du Japon suit Hayao Miyazaki et son producteur Toshio Suzuki lors de la présentation américaine du film : un condensé de deux festivals de cinéma et de trente heures d’interviews accordées aux médias US. Les passionnés auront également l’opportunité de visionner presque 30 minutes de bandes-annonces et spots TV consacrés à Princesse Mononoké.

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