À voir en VOD : The Love Hotel Girl

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The Love Hotel Girl

États-Unis : 2020
Titre original : Lost Girls and Love Hotels
Réalisation : William Olsson
Scénario : Catherine Hanrahan
Acteurs : Alexandra Daddario, Takehiro Hira, Carice van Houten
Distributeur : L’Atelier d’images
Durée : 1h37
Genre : Drame, Romance, Thriller
Date de sortie VOD : 28 juillet 2021

Note : 3/5

Au cœur de Tokyo, hantée par son passé, une professeure d’anglais explore l’amour et la luxure avec un séduisant et dangereux Yakuza…

Un projet qui remonte à loin

La genèse de The Love Hotel Girl ne date pas d’hier. A la base, il y avait « Lost Girls and Love Hotels », roman écrit par Catherine Hanrahan en 2006 sur la base de sa propre expérience en tant que prof d’anglais vivant et travaillant à Tokyo. Très noir, le récit imaginé par la romancière canadienne s’imposait comme une véritable descente aux enfers pour son héroïne, Margaret, ayant fui le Canada pour échapper à son passé et s’installant à Tokyo pour assurer la formation d’hôtesses de l’air débutantes. Sur place, elle se plongerait dans une spirale de drogue et de sexe pour oublier sa famille et refouler le souvenir de son frère Frank, qui a essayé de la tuer.

Contrairement à une idée répandue, le livre de Catherine Hanrahan ne s’inscrit donc pas dans la lignée des nombreuses romances érotiques à destination des pucelles et des mal baisées écrites suite au succès littéraire et au phénomène de société créé par la parution de « 50 nuances de Grey » en 2011. Si le récit d’origine pouvait par moments prendre des allures d’initiation érotique, et si la dimension romantique de l’ensemble n’est pas non plus à négliger, là n’était pas sa vocation première, et il serait bien mal avisé de le limiter à cela. Ainsi, comme l’implique clairement le titre original du roman (par ailleurs complètement gommé par le titre français du film), « Lost Girls and Love Hotels » était avant tout l’histoire d’une « fille perdue » : la dimension psychologique est vraiment au centre de l’histoire.

Si le roman n’a pas encore à ce jour bénéficié d’une traduction en français, « Lost Girls and Love Hotels » avait cependant fait forte impression outre-Atlantique lors de sa publication en 2006, au point qu’en décembre 2009, il fut annoncé que Kate Bosworth produirait et jouerait dans l’adaptation cinématographique du roman de Catherine Hanrahan. Jean-Marc Vallee avait été choisi pour le réaliser, et Nadia Conners en avait écrit le scénario. Le projet passa par la suite quelques années dans les limbes du « Development Hell », avant de disparaître complètement des écrans radar. A l’automne 2017 cependant, la machine se remettrait en branle : Alexandra Daddario fut annoncée dans le premier rôle, l’adaptation étant entre-temps revenue entre les mains de Catherine Hanrahan elle-même. William Olsson a par la suite rejoint l’aventure, de même que Carice van Houten et Takehiro Hira.

Le tournage de The Love Hotel Girl a donc eu lieu rapidement après, au Japon, à Tokyo et Kyoto, entre la fin octobre et la mi-décembre de l’année 2017. Puis… plus rien. Post-production, difficultés à trouver un distributeur, reports de sortie, crise sanitaire… A l’été 2020, il fut finalement annoncé que le film serait distribué en VOD par Astrakan Films AB, société créée pour l’occasion par le réalisateur William Olsson et la productrice Lauren Mann. Un an après, The Love Hotel Girl débarque enfin chez nous…

L’amour comme une renaissance

Revisitant son propre texte avec presque dix ans de décalage, l’auteure / scénariste du film Catherine Hanrahan a visiblement choisi de remettre la relation amoureuse passionnée se nouant entre Margaret (Alexandra Daddario) et Kazu le yakuza (Takehiro Hira) au centre de The Love Hotel Girl, afin, peut-être, d’insuffler un peu d’espoir et de lumière au cœur d’une intrigue très noire. L’usage de drogues dures a également disparu, et les scènes de sexe sont amenées de façon très élégante par le réalisateur William Olsson, visiblement plus porté sur la description des sentiments naissants que sur la nudité à l’écran – l’idée était ici d’avantage de souligner que les rapports de soumission choisis par l’héroïne étaient avant tout vécus comme un exutoire, une façon « d’oublier » son passé en trompant sa solitude.

La rencontre avec Kazu, le gangster mystérieux, sera synonyme pour elle d’une « renaissance », symbolisée non seulement par l’amour que Margaret lui porte, mais également par sa visite du « ventre de Bouddha » au temple Kiyomizu-dera de Kyoto. La référence à la naissance est d’ailleurs évidente, dans le sens où avant d’accéder à la pierre, le personnage d’Alexandra Daddario doit voyager de l’obscurité totale jusqu’à la lumière. C’est là d’ailleurs toute la trajectoire du personnage, qui pour découvrir la « lumière » de l’amour avec Kazu, a dû faire l’amère expérience des ténèbres. Cette prise de conscience sera amenée par le biais de l’amour dans The Love Hotel Girl, donnant aux dernières minutes du film une touche d’émotion bienvenue.

Il s’agit néanmoins ici d’un remaniement assez net de l’histoire d’origine, et on ignore si cette volonté de tirer The Love Hotel Girl vers d’avantage de lumière est à porter au crédit de Catherine Hanrahan ou des producteurs du film. Mais il ne s’agit pas là de la seule modification apportée au récit d’origine. Le roman insistait en effet énormément sur l’obsession morbide de l’héroïne autour du personnage d’Alice March, jeune fille disparue qu’elle découvrait sur des dizaines d’affiches placardées sur les murs de son quartier à Tokyo. Peu à peu, Margaret deviendrait obsédée par les photos et le visage de cette fille que l’on dit morte. Enlevée et tuée, si l’on en croit la rumeur. Cette fille disparue s’imposerait peu à peu comme un « double » pour Margaret ; le titre du roman – « Lost girls » au pluriel – nous donnait d’ailleurs un indice à ce sujet.

En effet, au fil des pages du roman, Margaret se mettait à voir le visage d’Alice March partout dans Tokyo : dans les ruelles, sur les affiches, dans le métro, dans ses rêves, et même en plein jour, au détour d’un carrefour ou à l’arrêt de bus. Par la force des choses, elle se mettrait à enquêter sur elle ; c’est en se mettant recherche de cette « fille perdue » qu’elle réaliserait qu’elle en est une elle-même. D’où le pluriel du titre, CQFD – l’une étant vraiment « perdue », dans le sens « disparue », l’autre l’étant psychologiquement. Dans The Love Hotel Girl, le personnage de la jeune femme disparue n’apparaîtra qu’au détour d’un plan ou deux, en arrière-plan, sur des éléments de décor. Malheureusement, le fait qu’elle ait été occultée du montage final tend à amoindrir nettement l’impact de la dernière partie du film, qui – sans trop en révéler – versera un peu d’avantage dans le thriller, mais d’une façon trop abrupte et peu convaincante.

Une actrice convaincante

Si elle demeure toute relative, la réussite de The Love Hotel Girl est indissociable de la personnalité d’Alexandra Daddario, présente dans quasiment tous les plans, et portant sur ses épaules toute l’identification du spectateur – et d’une façon plus large le film dans sa totalité. Si elle avait fait preuve d’un seul instant de faiblesse dans son jeu, tout le film de William Olsson se serait écroulé. Actrice américaine, née le 16 mars 1986 à New York, Alexandra Daddario est encore assez peu connue en France : on en veut pour preuve que son nom n’est pas tellement mis en avant dans l’hexagone concernant la promotion de The Love Hotel Girl.

Pourtant, Alexandra Daddario fait l’objet d’un véritable culte de la part de nombreux « fanboys » amateurs de films d’horreur à travers le monde. Les raisons de cet engouement sont simples : de la même façon qu’une actrice telle que Sara Paxton, elle a hérité de ses parents d’yeux d’un bleu très clair et d’un visage assez rond. Ces particularités génétiques lui confèrent une apparence d’innocence de façade, un visage de « poupée » qui fut régulièrement utilisé dans des films et séries évoluant dans le domaine de l’horreur et du fantastique (Texas Chainsaw 3D, Burying the Ex, American Horror Story, We have always lived in the Castle…). Cette inclinaison pour le cinéma de genre permit d’ailleurs à l’actrice d’être la première jeune femme de sa génération à accéder en 2018 à la couverture du fanzine « Toutes les couleurs du Bis » dirigé par Stéphane Erbisti – toute sa carrière y était passée en revue.

Munie d’une « fanbase » très solide au niveau international, elle a d’ailleurs probablement largement contribué par son seul nom à relancer le projet d’adaptation de « Lost Girls and Love Hotels » au cinéma. Aujourd’hui, elle constitue également la principale raison de voir The Love Hotel Girl, espèce de Lost in translation contemplatif tourné sur le mode de la romance désespérée. On notera par ailleurs que le film de William Olsson a le mérite de nous proposer à sa manière une espèce de guide touristique « alternatif », à la découverte d’un Tokyo by night que l’on connaît finalement assez mal.

The Love Hotel Girl est disponible en VOD à l’acte et en téléchargement définitif sur les plate-formes de Vidéo à la demande iTunes, Amazon, Microsoft, GooglePlay, Orange, Canal VOD, Rakuten, Digital Virgo et CVS.

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