Test Blu-ray : Madhouse

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Madhouse

Royaume-Uni, États-Unis : 1974
Titre original : –
Réalisation : Jim Clark
Scénario : Ken Levison, Greg Morrison
Acteurs : Vincent Price, Peter Cushing, Robert Quarry
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h32
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 21 juillet 2021

Le célèbre acteur de film d’horreur, Paul Toombes, connu notamment pour son interprétation du Dr Death, est frappé par une dépression nerveuse alors qu’il se rend en Angleterre pour le tournage d’une nouvelle série. C’est alors que les différents acteurs et membres de l’équipe technique de cette série commencent à mourir, d’une façon très analogue à celles dont mouraient les personnages des films du Dr. Death…

Le film

[3,5/5]

S’il faut retenir une chose de Madhouse, cela sera bien sûr la confrontation à l’écran de deux géants du fantastique : Peter Cushing et Vincent Price. Ce duel au sommet a forcément aujourd’hui de quoi réveiller l’intérêt de tout amateur d’épouvante gothique, mais en 1974, lors de la sortie du film, n’était-il pas un peu trop tard pour mettre en scène ce choc des titans ? On veut dire par là que 1974, c’est l’année de Massacre à la tronçonneuse, de Phantom of the paradise, de Black Christmas. C’est un an après L’exorciste, quatre ans après L’oiseau au plumage de cristal, trois ans après La baie sanglante, etc, etc. Vous voyez ce qu’on veut dire ?

Si vous ne voyez pas, les distributeurs français de 1974 voyaient tout à fait où on veut en venir, puisque Madhouse n’eut même jamais le droit à une sortie dans les salles françaises, tout simplement parce qu’on considérait alors que l’épouvante gothique, c’était dead. Le fantastique britannique, c’était dead, il n’y en avait alors plus que pour les italiens et le Giallo. D’ailleurs, le réalisateur de Madhouse Jim Clark semblait également avoir le regard rivé de ce côté de l’Europe au moment du tournage de son film : les rituels du tueur de son film, et le fétichisme formel développé autour de la lame et des gants de cuir noir ne manqueront en effet pas d’évoquer certaines caractéristiques du genre italien. La nature même du récit – un whodunit aux limites du fantastique – évoque le Giallo.

Pour autant, on est bien en présence d’une espèce de chant du cygne du genre gothique, doublée d’une satire acerbe et so british de la cruauté du monde du cinéma Hollywoodien tout autant que des attentes du public, Madhouse jouant avec Vincent Price et avec « l’héritage » qu’il représente au cœur du cinéma d’horreur. En effet, une des originalités du film de Jim Clark est bel et bien de permettre à Vincent Price de se confronter à ses œuvres antérieures, puisque le film nous propose entre autres des extraits de L’empire de la terreur, Le corbeau ou La chute de la maison Usher.

D’une façon assez ironique, Peter Cushing se prête également au petit jeu du retour en arrière, puisqu’on le verra, à l’occasion d’une séquence de soirée costumée, déguisé en Dracula – son ennemi juré dans les films de la Hammer. Ainsi, derrière son intrigue de meurtres lorgnant sur le fantastique, Madhouse développe également une intéressante réflexion sur le vieillissement des « icones » dans l’industrie du cinéma, sur l’équilibre vie privée / vie publique et l’influence de tout cela sur la vie professionnelle, avec tout ce que cela sous-entend en termes d’excès, d’insécurité, voire même de folie.

En tous les cas, et bien qu’il soit sorti à la « fin d’une époque », Madhouse s’impose comme un excellent exemple du savoir-faire développé par les techniciens du début des années 70. La mise en scène est classieuse et élégante, et il va sans dire que le jeu des acteurs est de premier ordre, Vincent Price et Peter Cushing offrant tous deux d’excellentes performances. Robert Quarry est également excellent dans la peau du producteur de porno recyclé dans la télévision, et aux commandes de la nouvelle série consacrée au personnage du Dr. Death.

Visuellement parlant, le film est extrêmement réussi, et propose une poignée de séquences hautes en couleurs, avec des décors, des couleurs et une photographie évoquant le meilleur des productions Hammer / AIP / Amicus de l’époque. Et en ce qui concerne l’histoire, Madhouse est donc construit sur le modèle classique – et un peu rigide – du whodunit, et propose un bon nombre de pistes et de suspects potentiels avant de révéler le pot aux roses au cœur d’un final riche en rebondissements aux limites de l’absurde. Mais le plaisir ici ne réside ni dans le mystère à proprement parler, ni dans les meurtres, qui sont pour la plupart réalisés de façon très sobre et hors champ, mais plutôt dans le fait de voir un film entièrement dédié à célébrer la carrière de Vincent Price dans le cinéma d’horreur, juste avant que ce dernier ne tire sa révérence en se retirant complètement du genre.

Le Combo Blu-ray + DVD + Livret

[5/5]

C’est donc aujourd’hui sous les couleurs de ESC Éditions que débarque enfin la première édition vidéo française de Madhouse, et qui plus est, au format Blu-ray ! Avant d’aborder la qualité du transfert en lui-même, on notera déjà le soin apporté par l’éditeur au packaging des films de la collection « British Terrors », comme toujours présenté dans un très beau coffret, prenant la forme d’un « Mediabook » d’aspect luxueux et proposant en plus du film sur support DVD et Blu-ray un livret signé Marc Toullec intégré à l’étui ; l’éditeur ne nous ayant fourni ni de copie du livret ni d’exemplaire finalisé de cette édition de Madhouse, on ne pourra pas s’exprimer sur leur qualité, mais on fait aveuglément confiance à ESC Éditions.

Côté Blu-ray, le résultat est à la hauteur de nos attentes : l’image est débarrassée de toute tache ou poussière, d’une stabilité impeccable et définition et piqué sont littéralement excellents. Le transfert respecte par ailleurs à la lettre le grain argentique du film, qui a été préservé, et l’encodage ne nous réserve aucune mauvaise surprise. On notera cependant que la granulation peut légèrement différer d’une séquence à une autre, en fonction de l’éclairage de telle ou telle scène. Côté son, le film est proposé en VO only et mixé en DTS-HD Master Audio 2.0 – l’équilibre entre les dialogues, la musique et les bruitages est excellent, et les sous-titres ne posent aucun problème particulier.

Côté bonus, on se régalera d’une très intéressante présentation du film par Pascal Françaix (32 minutes). Ce dernier remettra de façon réellement complète et passionnante le film dans son contexte de tournage, revenant sur l’intégralité de la production, avec de nombreuses anecdotes, parfois assez amusantes. Vers la fin de son sujet, il élargira son propos en évoquant les diverses inspirations possibles de Jim Clark dans la mise en scène de Madhouse, mais également l’influence que le film a pu avoir sur les films réalisés dans les années qui suivraient.

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