Godzilla vs. Kong
États-Unis, Australie, Canada, Inde : 2021
Titre original : –
Réalisation : Adam Wingard
Scénario : Eric Pearson, Max Borenstein
Acteurs : Alexander Skarsgård, Millie Bobby Brown, Rebecca Hall
Éditeur : Warner Bros.
Durée : 1h53
Genre : Fantastique, Action
Date de sortie DVD/BR : 7 juillet 2021
À une époque où les monstres parcourent la Terre, et alors que l’humanité lutte pour son avenir, Godzilla et King Kong, les deux forces les plus puissantes de la nature, entrent en collision dans une bataille spectaculaire inédite. Alors que Monarch se lance dans une mission périlleuse en terrain inconnu, et qu’il découvre des indices sur les origines des Titans, un complot humain menace d’éradiquer ces créatures – qu’elles soient bonnes ou mauvaises – de la surface de la planète…
Le film
[4/5]
Godzilla vs. Kong est le quatrième film à intégrer l’univers étendu du MonsterVerse, créé par Warner et Legendary Pictures en collaboration avec le studio japonais Tōhō. Comme son titre l’indique clairement, la nature de ce gros blockbuster – ayant été privé de sortie dans les salles de par le monde – est bien entendu de mettre en scène à l’écran un véritable « choc des Titans », et un grand spectacle de destruction massive. Il est certain qu’il s’agit d’un film de divertissement, assumé comme tel, et il faudra bien sûr le juger à l’aune de ses ambitions premières, qui sont, manifestement, d’en mettre plein la vue du spectateur.
Pour autant, il semble également flagrant que Warner et Legendary ont toujours eu à cœur de confier les films du MonsterVerse non pas à de simples « yes-men » mais à de solides cinéastes en devenir, ayant fait leurs preuves dans le domaine du cinéma de genre. Ainsi, après avoir offert à Gareth Edwards (Monsters) la possibilité de réaliser Godzilla, puis à Michael Dougherty (Krampus) le soin de mettre en scène Godzilla II – Roi des monstres, c’est aujourd’hui à Adam Wingard qu’a échu la mission de réaliser Godzilla vs. Kong. Adam Wingard s’était fait connaître des amateurs d’horreur avec You’re next en 2011, et avait par la suite prouvé qu’il n’avait pas peur de relever certains défis, en s’attelant à la mise en chantier du remake de The Blair Witch Project en 2016.
La présence d’Adam Wingard à la barre est d’autant plus appréciable qu’entre deux bonnes grosses bastons de monstres géants, la franchise aborde cette fois-ci de façon franche le domaine de la science-fiction, avec la découverte dans Godzilla vs. Kong des « origines » des Kaiju par le biais d’un voyage prolongé au cœur de la « Terre creuse », un monde de pure Fantasy se trouvant au centre de la Terre. Un univers où la gravité n’existe pas, où tout est sens dessus dessous et où règnent des monstres géants tel que le fameux « serpent ailé » hérité du film de Larry Cohen Épouvante sur New York.
La fantasy est d’ailleurs plus que jamais à l’ordre du jour avec Godzilla vs. Kong, qui met également en scène un Kong armé d’une hache gigantesque, ainsi que le classique « MechaGodzilla » des films de la Tōhō. Semblant plus que jamais vouloir porter à l’écran ses rêves de gosse les plus fous, Adam Wingard donne littéralement tout à ses monstres, qu’il aime sans doute d’avantage même que les personnages « humains » du film, qui doivent se partager une intrigue réduite à sa plus simple expression.
Nous aurons donc d’un côté une petite sélection de scientifiques à la recherche de la Terre creuse, et « utilisant » Kong afin de leur ouvrir un passage vers le centre de la Terre. La jeune Jia (Kaylee Hottle) est sans doute la plus intéressante de ce groupe de personnages – une jeune sourde muette s’imposant comme la « fille adoptive » du gorille géant, et capable de dialoguer avec lui en utilisant le langage des signes. La petite n’a beau être âgée que d’une dizaine d’années, elle vole carrément la vedette aux adultes qui l’entourent, incarnés par Rebecca Hall et Alexander Skarsgård. De l’autre côté des humains, nous suivrons la trajectoire improbable et bourrée de trous narratifs d’un trio de personnages rigolos, campés par Brian Tyree Henry, Millie Bobby Brown et Julian Dennison. Si ridicule soit-il, leur périple permet également à Adam Wingard de nous proposer quelques images réellement saisissantes, telles que ce poste de pilotage construit à l’intérieur du crane de Ghidorah – assurément une des images les plus belles et les plus marquantes du film.
Les autres humains présents au casting de Godzilla vs. Kong sont réduits à une petite poignée de seconds-rôles prenant place dans les interstices d’une intrigue-prétexte ne leur laissant aucune place pour exister. C’est dommage pour Demián Bichir, Shun Oguri, Eiza González ou encore Kyle Chandler, mais le scénario de Eric Pearson et Max Borenstein ne fait qu’enchainer les scènes d’exposition bâclées, les coïncidences risibles et les Deus Ex Machina sans éclat. Pourtant, malgré ces défauts dans la représentation des figures « humaines » de l’intrigue, Godzilla vs. Kong parviendra sans peine à s’imposer comme un époustouflant blockbuster.
D’une part parce qu’il s’agit du plus court des quatre films du MonsterVerse, et que, poussé par la générosité d’Adam Wingard, il met rapidement les humains entre parenthèses pour se consacrer – très tôt dans le métrage – sur ses monstres, s’en prenant aux humains tout d’abord, puis se foutant copieusement sur la gueule. Force est d’ailleurs de constater qu’une fois les deux Titans en mode baston de boss, Godzilla vs. Kong s’avère vraiment un spectacle absolument fou, plein d’idées, bien découpé, bien conçu, avec des effets spéciaux grandioses bien sûr, mais également des idées de mise en scène renversantes. La caméra d’Adam Wingard virevolte littéralement autour des monstres, suivant des trajectoires que n’aurait pas renié un génie tel que McG. La topographie des différents lieux où se déchaine l’action est habilement présentée au spectateur, le montage fonctionne parfaitement, la lisibilité est parfaite. Même du point de vue de la conception sonore (qui intègre occasionnellement le point de vue de la petite sourde muette), le film s’avère vraiment un gros morceau de mise en scène, certes articulé autour de trois scènes d’affrontement, mais laissant jamais réellement au spectateur le temps de s’ennuyer entre ces dernières.
Ainsi, on assiste lors du dernier acte de Godzilla vs. Kong à quelques-unes des meilleures scènes de chaos et de destruction jamais couchées sur un écran : le combat final, qui voit les deux Titans s’unir contre un MechaGodzilla devenu fou, tient du fantasme de geek devenu réalité. On espère maintenant que les prochains films du MonsterVerse prendront place, comme le suggèrent les derniers plans du film, dans la « Terre creuse » : un décor époustouflant qui permettrait sans doute aux créatifs de Warner et Legendary Pictures de multiplier les monstres et de développer des scènes absolument folles, repoussant toutes les limites de l’imaginaire.
Le Blu-ray 4K Ultra-HD + le Blu-ray
[5/5]
Difficile de trouver un film qui se prêterait d’avantage que Godzilla vs. Kong à la démonstration technique concernant l’apport de la technologie 4K. Provenant d’un master intermédiaire numérique 4K, le film d’Adam Wingard explose littéralement sur support Blu-ray 4K Ultra HD, et trouve sa véritable raison d’être : celle de nous en mettre vraiment – mais alors vraiment – plein les mirettes. Warner Bros. a mis tous les curseurs au-delà du taquet, et le transfert HDR 2160p du film ne pourra en aucun cas vous décevoir : les multiples détails de l’image apparaissent dans leur plus grande netteté, et les textures sont d’une finesse absolument incroyable. C’est particulièrement net en ce qui concerne la « fourrure » de Kong, qui passe crème en Blu-ray 4K Ultra HD, et présente d’avantage de difficultés en Blu-ray 1080p. Les feuilles de la jungle au début du film et de la séquence de la Terre creuse sont d’une netteté époustouflante, vous pourriez les compter une à une. Faites-le, d’ailleurs. Un, deux, trois… Nan, je déconnais. Ne le faites pas. Les niveaux de noir sont maîtrisés et ne montrent jamais de signes de faiblesse. La palette de couleurs HDR est superbe : saturation et luminosité affichent leur niveau d’expression le plus spectaculaire – le combat de monstres à Hong Kong tient à ce titre de la véritable démonstration de force. En deux mots, ce Blu-ray 4K Ultra HD de Godzilla vs. Kong nous propose une présentation vidéo d’une densité et d’une richesse tout simplement extraordinaires.
Côté Blu-ray « simple », c’est un peu difficile d’évaluer la qualité de la galette 1080p de Godzilla vs. Kong éditée par Warner, dans le sens où si exceptionnelle soit-elle, la domination de la version 4K est tellement nette qu’il nous est ardu de déterminer dans quelle mesure cette dernière est simplement due aux limites du format Blu-ray. Cependant, si l’on s’efforce de faire abstraction de ce point de comparaison, l’image 1080p s’impose comme étant d’une précision et d’une limpidité à toute épreuve : le piqué est précis, les couleurs et les contrastes sont solidité à toute épreuve, et la tenue des noirs est remarquable.
Côté son, le Blu-ray 4K Ultra HD de Godzilla vs. Kong nous propose de nous plonger dans deux mixages réellement impressionnants : VF et VO sont proposées en Dolby Atmos (avec un « core » Dolby TrueHD 7.1 dans les deux cas), et le rendu acoustique sera pour le moins « vrombissant », en totale adéquation avec les scènes de chaos qui se déroulent à l’écran. Avions, torpilles, explosions, buildings qui s’effondrent : l’immersion est totale, et le rendu acoustique pour le moins enveloppant dans son genre. Le caisson de basse ne débande jamais, les dialogues sont clairs et toujours parfaitement placés, les effets arrière / latéraux sont dynamiques, y’en a littéralement partout, en haut, en bas aussi bien sûr (Dolby Atmos oblige), bref c’est du lourd, mais honnêtement, vous vous attendiez à autre chose ?
Sur le disque Blu-ray, seule la VF est proposée en Dolby Atmos avec un core Dolby TrueHD 7.1 ; la VO quant à elle ne bénéficiera « que » d’un core Dolby Digital +. Immersif et spectaculaire, le mixage s’avère un poil moins fin que son équivalent en VF, mais s’impose sans forcer non plus comme une époustouflante démonstration de force, qui devrait définitivement vous brouiller avec tout votre voisinage immédiat (ce qui, en termes de mixage multicanal, est toujours un signe de puissance et de qualité).
Pour les suppléments, c’est vers la version Blu-ray qu’il faudra se tourner : seul le commentaire audio d’Adam Wingard apparaît à la fois sur le Blu-ray 4K Ultra HD et le Blu-ray. Ce dernier se concentrera davantage sur les anecdotes et petites histoires que sur l’aspect technique de son film. Il y reviendra notamment sur son amour pour Kong, qui explique d’ailleurs que ce dernier soit plus mis en avant que Godzilla. Il évoquera également quelques coupes dans le budget, le repérage des décors, les effets spéciaux numériques, les erreurs de continuité, la post-production, etc, etc. Le reste des suppléments sera divisé en plusieurs parties. La première d’entre elles est consacrée à Godzilla, et reviendra en deux featurettes (16 minutes) sur la « légende » autour du personnage ainsi que sur la façon dont il est représenté dans Godzilla vs. Kong. Quelques entretiens avec Adam Wingard ainsi qu’avec les acteurs de plusieurs films du MonsterVerse reviendra sur la place de Godzilla dans le film tout autant que dans la culture populaire.
Le même traitement sera également offert à Kong dans une deuxième partie des suppléments lui étant spécifiquement consacrée. Cette partie se décomposera en quatre featurettes (29 minutes), qui reviendront notamment sur la relation entre Kong et la jeune Jia (Kaylee Hottle), mais également sur son « palais » ainsi que sur les séquences le mettant en scène dans la Terre creuse. Comme dans le cas de Godzilla, on aura également droit à un petit focus sur son évolution au fil des films. La troisième partie sera quant à elle consacrée au personnage de MechaGodzilla (7 minutes), et notamment sur la conception d’un robot à la fois familier et très différent de celui des années 60. Enfin, la quatrième et dernière partie des suppléments sera consacrée aux trois batailles de Titans qui rythment le film (17 minutes). Dans les trois cas, on reviendra sur la conception et le découpage de la scène ainsi que sur les effets spéciaux.
On ajoutera par ailleurs que le Blu-ray 4K Ultra HD édité par Warner Bros. est proposé dans un très beau Steelbook aux couleurs du film, qui contient également le Blu-ray + le Blu-ray 3D.