Last Action Hero
États-Unis : 1993
Titre original : –
Réalisation : John McTiernan
Scénario : Shane Black, David Arnott
Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Austin O’Brien, Charles Dance
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 2h10
Genre : Action, Fantastique, Comédie
Date de sortie cinéma : 11 août 1993
Date de sortie DVD/BR : 16 juin 2021
Danny Madigan est passionné de cinéma et en particulier des aventures de Jack Slater, son héros de film d’action préféré. Grâce à un billet magique, le jeune Danny est entraîné de l’autre côté de l’écran, pour vivre en direct les aventures de son héros. Mais les choses se compliquent lorsque des personnes mal intentionnées s’emparent du billet magique…
Le film
[4/5]
A sa sortie en 1993, Last Action Hero marquait les retrouvailles entre John McTiernan et Arnold Schwarzenegger, six ans après Predator. Si le film est peu à peu devenu un classique, considéré par certains comme un véritable film-culte, Last Action Hero connut en son temps un cuisant échec au box-office américain, réalisant toutefois de bons scores dans le reste du monde, et recueillant une recette totale de 137 millions de dollars.
Si l’on veut tenter de comprendre les raisons de cet échec aux Etats-Unis, il semble important de remettre les carrières de John McTiernan et Arnold Schwarzenegger dans leurs contextes respectifs.
Le contexte
En 1992, au moment du tournage de Last Action Hero, John McTiernan est une valeur sûre à Hollywood : sa réputation n’a pas encore été entachée par « l’affaire des écoutes illégales Pellicano », et le bonhomme a à son actif « LE » film d’action ayant sans doute le plus compté dans les années 80, Piège de cristal. Si le premier Die hard a en effet bouleversé durablement les codes du blockbuster US, le réalisateur a aussi à son actif deux autres véritables classiques du film d’action contemporain, Predator (1987) et À la poursuite d’Octobre rouge (1990).
Conscient de son Art, tout autant de ce qui rend le genre intéressant, McTiernan est le roi du divertissement musclé : nul n’est à l’époque capable comme lui de livrer au spectateur de grands spectacles assumant leur côté badass et leur masculinité décomplexée en les mêlant à la juste dose de recul et/ou d’ironie.
Du recul et une certaine ironie, Arnold Schwarzenegger savait en faire preuve également à l’époque. Il enchainait de plus à l’époque les réussites : après Total Recall (Paul Verhoeven, 1990) et Terminator 2 (James Cameron, 1991), il était littéralement au sommet de sa carrière, et son retour devant la caméra de John McTiernan n’augurait à priori que du bon.
A priori seulement, car la légende autour de Last Action Hero veut que de nombreuses personnes dans l’entourage de Schwarzenegger et de John McTiernan aient franchement déconseillé aux duettistes de se lancer dans cette aventure semi-parodique, notamment parce que le film semblait un peu le cul entre deux chaises, alternant entre la parodie et le film d’action traditionnel dont le suspense, pour être efficace, ne peut supporter le second degré.
En avance sur son temps
Et c’est vrai qu’au moment où il sort sur les écrans, le public ne semble pas en avoir encore terminé avec le blockbuster musclé, qui s’avère encore pris très au sérieux – le public, notamment américain, n’était peut-être pas encore « prêt » à accepter les partis pris de Last Action Hero. C’est-à-dire qu’en 1993, de nombreux films utilisent encore largement les codes du cinéma d’action 90’s, et ce dernier continuerait de prospérer jusqu’au début des années 2000. On peut d’ailleurs établir que le genre connaitrait son aboutissement formel et thématique avec Bad Boys II en 2003.
En 1993, Last Action Hero se posait ainsi en avant-gardiste, préparant le terrain avec 15 ans d’avance à Shoot ‘Em Up (Michael Davis) et Hot Fuzz (Edgar Wright), tous deux sortis en 2007. Le scénario, écrit par Adam Leff et Zak Penn, puis remanié par Shane Black et David Arnott, utilisait la notion de « magie » afin de parodier un large éventail de clichés de films d’action de l’époque : tout y passait, des films de Schwarzie bien sûr (Predator, Terminator 2), mais pas seulement. Les références au cinéma populaire des années 80/90 sont littéralement innombrables, de L’arme fatale à Basic Instinct en passant par E.T. l’extra-terrestre, Piège de cristal, Roger Rabbit et les Looney Toons (on ne compte plus les produits manufacturés « ACME »).
Mais le cinéma d’action n’est pas le seul à se voir parodié, puisque Last Action Hero nous propose également des références à la carrière de Laurence Olivier (énoncées par sa dernière femme, Joan Plowright), au Dracula de Coppola, à Humphrey Bogart ou encore au Septième Sceau d’Ingmar Bergman… Autant de clins d’yeux paraissant à priori éloignés de l’univers de Jack Slater !
Film dans le film
Cependant, si l’aspect parodique de Last Action Hero apportera certes de francs éclats de rire au spectateur grâce à son côté ouvertement potache (« Ne tirez pas, il va lâcher The Prout ! »), le cœur du film de John McTiernan se situera plutôt en réalité dans la façon dont il développe et organise son intrigue de « film dans le film ». Jack Slater IV, le film imaginaire au cœur duquel le jeune héros du film Danny s’aventure, n’a pas réellement d’importance : d’ailleurs, les tenants et les aboutissants de cette partie de l’intrigue seront complètement laissés de côté à mi-métrage, au bénéfice d’un voyage des personnages dans la « réalité ». L’intrigue développée par le « film dans le film » ne servira que de toile de fond qui permettra au jeune garçon d’entrer dans le monde de l’écran, tout en fournissant à Slater quelques vagues de méchants à abattre.
Jack Slater IV dénote de la volonté d’Arnold Schwarzenegger de se moquer à la fois du genre qui l’a rendu célèbre et de lui-même. Pour autant, et compte tenu de l’intrigue fantastique tient probablement d’avantage d’un « fantasme » de Danny que d’une quelconque réalité, Last Action Hero est un film qui ne doit pas être pris au sérieux. Ainsi, la présence de la marque ACME dans le monde de Danny est une preuve celui-ci n’est pas plus le reflet de la réalité que celui dans lequel évolue Jack Slater – il s’apparenterait plutôt à celui, par exemple, du New York craspec des films de la Cannon. Cela explique également le fait que Slater reconnaisse immédiatement New York après avoir traversé l’écran.
Last Action Hero se doit donc d’être abordé avec un certain détachement, qui sera nécessaire au spectateur afin d’envisager la série de rebondissements absurdes et la cascade de personnages et de situations « clichés » qui lui seront données à voir. Pour autant, John McTiernan et ses scénaristes ont également réussi à insuffler au film un cœur et une âme bien réelles, qui confèrent à Last Action Hero l’intensité dramatique dont il a besoin lors de certains passages.
Pérennité et héritage
S’il ne s’agit peut-être pas du chef d’œuvre que certains spectateurs contemporains y voient (le film comporte encore quelques carences en termes de rythme et de tonalité), Last Action Hero ne mérite cependant pas la catastrophique réputation qu’il se trimballe d’autre part depuis 25 ans. Si le film de John McTiernan a toujours été terriblement mal compris, il s’agit pourtant encore aujourd’hui d’un solide blockbuster, assez unique en son genre à bien des égards. Il s’inscrit également de la plus parfaite des manières au sein de « l’âge d’or » de la carrière d’Arnold Schwarzenegger – une période d’excellence entamée avec Total Recall en 1990 qui s’achèverait avec True Lies en 1994.
En avance sur son temps, Last Action Hero a par ailleurs ouvert la voie à une réflexion sur les motifs et les codes du cinéma d’action, qui trouverait d’avantage d’écho quasiment quinze ans plus tard, alors que le genre tel qu’il existait dans les années 90 avait bel et bien disparu, laissant la place à un autre genre de blockbuster populaire : le film de super-héros. Pour autant, en 2019, Arnold Schwarzenegger a fait part à nos confrères de ScreenRant de son envie de reprendre deux de ses rôles précédents : celui de Harry Tasker (True Lies) et celui de Jack Slater, son personnage dans Last Action Hero. On serait curieux de voir ce projet fou se concrétiser…
Le Blu-ray 4K Ultra-HD
[4,5/5]
Avant toute chose, signalons que Last Action Hero fait partie d’une vague de Blu-ray 4K Ultra HD éditée par Sony Pictures, dont les films sont disponibles à l’unité depuis le 16 juin. A la même date, l’éditeur nous propose de redécouvrir en 4K UHD trois autres grands classiques issus de son catalogue : Big Fish (Tim Burton, 2003), Bienvenue à Gattaca (Andrew Niccol, 1997) et Final Fantasy VII : Advent Children (Tetsuya Nomaru et Takeshi Nozue, 2005).
Last Action Hero était disponible au format Blu-ray depuis 2010, mais le Blu-ray édité par Sony à l’époque comportait un certain nombre de défauts, qui ont tous été gommés / rectifiés à l’occasion de cette sortie du film au format Blu-ray 4K Ultra HD. Cette version Ultra Haute-Définition du film de John McTiernan est issue d’un nouveau scan 4K, et nous propose une image assez parfaite, affichant un grain cinéma préservé. La définition est au taquet, et fait ressortir les qualités formelles du film à la fois sur les scènes colorées de Jack Slater IV et celles, beaucoup plus sombres, prenant place dans la « réalité » de Danny. La profondeur de champ est remarquable, les décors du cinéma à l’abandon n’ont jamais été aussi précis, et les extérieurs de la ville sont crasseux et sinistres à souhait.
L’upgrade par rapport à la version Blu-ray est évident, spectaculaire, flagrant – on invite d’ailleurs ceux qui en douteraient à visionner le Blu-ray également disponible au sein du boitier pour s’en convaincre. Les couleurs bénéficient clairement de l’apport des paramètres HDR : la palette chromatique est plus large, plus profonde, et la précision de l’ensemble s’en voit clairement améliorée. Les niveaux de noir et les scènes en basse lumière bénéficient également d’une amélioration certaine, et d’un rendu plus réaliste. Du très beau travail.
Côté son, le film est proposé en Dolby Atmos en VO (avec un « core » Dolby TrueHD 7.1), et en DTS-HD Master Audio 5.1 pour la VF. Les deux bandes sonores restituent parfaitement l’ambiance puissante et explosive du film. La spatialisation est puissante et volontiers cartoonesque, accentuant les effets et mélangeant le Hard Rock d’AC/DC aux coups de feu et aux explosions en tous genres. Les deux mixages rivalisent donc en intensité, avec des surrounds omniprésents et des effets d’ambiance délirants : un concentré de plaisir acoustique et d’action, du début à la fin du film. Les dialogues sont par ailleurs clairs et toujours parfaitement bien placés.
Une des autres grandes différences entre le Blu-ray de 2010 et ce Blu-ray 4K Ultra HD réside également dans la présence de bonus, qui avaient déserté la version Blu-ray. On trouvera donc ici tout d’abord un très intéressant commentaire audio de John McTiernan. Tout en égrenant les informations précieuses sur les détails de la production et de la réalisation du film, le réalisateur reviendra surtout sur les nombreux aspects de Last Action Hero qui ne lui plaisent pas (montage, scénario, tonalité générale). Quelques silences viennent aussi s’imposer de temps à autre, mais dans l’ensemble, il s’agit d’un commentaire riche et intéressant. On continuera ensuite avec une petite featurette d’origine revenant sur le tournage (7 minutes), qui évoquera rapidement l’intrigue, les personnages ou encore bien sûr le côté « réflexif » qu’apporte l’idée du film dans le film. Ce mini-making of est constitué d’entretiens avec les acteurs et l’équipe du film, ces derniers étant entrecoupés d’extraits de films. On s’attardera ensuite sur une intéressante série de scènes coupées (9 minutes), incluant un début et une fin alternatives – ces dernières ont la particularité d’être proposés en Ultra Haute-Définition. On notera tout particulièrement une courte et amusante scène évoquant Total Recall. On terminera avec le clip vidéo de la chanson « Big Gun » par AC/DC (5 minutes), ainsi qu’avec la traditionnelle bande-annonce.