Test Blu-ray : Rottweiler

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Rottweiler

Espagne : 2004
Titre original : –
Réalisation : Brian Yuzna
Scénario : Miguel Tejada-Flores
Acteurs : William Miller, Bárbara Elorrieta, Paulina Gálvez
Éditeur : First International Production
Durée : 1h32
Genre : Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 20 mai 2021

Laissé pour mort, un rottweiler particulièrement féroce se redresse sur ses pattes transformé dans les laboratoires de l’armée en véritable cyborg. L’ossature blindée par des injections massives de calcium, la mâchoire naturelle remplacée par une prothèse d’acier et déjà doué de l’instinct du chasseur, il se jette sur les traces de Dante, un évadé qui ignore encore qu’il a le diable à ses trousses…

Le film

[3,5/5]

Faut-il encore présenter Brian Yuzna, ce génie absolu du Cinéma ayant révolutionné le genre dans les années 90 ? Dans le petit monde du ciné fantastique, ils sont tous fous, et Brian Yuzna c’est leur chef à tous. Son statut de chef des fous, il l’a imposé dès son premier film en tant que réalisateur, Society (1989), film barré s’il en est, baignant dans une ambiance complètement surréaliste, branque et très sexuée. A l’issue de ce coup d’essai / coup de maître particulièrement fendard et jouissif, Brian Yuzna reviendrait derrière la caméra l’année suivante avec les excellents Re-Animator 2 et Douce nuit, sanglante nuit 4 : L’initiation, qui confirmeraient et entérineraient définitivement son talent fou et incontestable, reléguant les icones du passé Orson Welles ou Stanley Kubrick au rang de chiffons merdeux, de ringards, de mecs n’ayant définitivement rien compris à l’essence même du médium « Cinéma », dont la portée transcendantale autant que les possibilités narratives infinies étaient enfin révélées à leur pleine puissance par Yuzna.

Malheureusement, les plus grands génies sont souvent incompris, et la carrière de Brian Yuzna se concentre essentiellement sur les années 90, ses films s’étant de plus en plus espacés à partir de l’an 2000 jusqu’à son dernier, tourné en 2010. Mais séchons nos larmes en nous disant qu’une société rejetant de la sorte ses génies créatifs les plus révolutionnaires ne mérite de toute façon probablement pas que ces derniers daignent encore tourner pour elle. Au final, c’est bel et bien l’Art qui sort perdant de la retraite anticipée de Brian Yuzna.

Place à l’Art donc. Rottweiler est l’antépénultième long-métrage de Brian Yuzna, et fut tourné en 2004. Et tant qu’on en est à utiliser des mots compliqués, précisons qu’il s’agit également de l’antépénultième film produit par la Fantastic Factory, société de production espagnole spécialisée dans le cinéma fantastique dirigée par Julio Fernandez et Brian Yuzna lui-même. Créée en 2000 sous l’égide de Filmax, la Fantastic Factory ne produirait que neuf films avant de disparaitre en 2007. Ça, les amateurs de fantastique européen le savent bien.

Ce que l’on sait un peu moins en général, c’est que Rottweiler est en réalité un remake, puisqu’il s’inspire du roman « El perro » d’Alberto Vázquez-Figueroa qui avait également servi de base au scénario d’un film fantastique espagnol sorti en 1977, et intitulé Les crocs du diable. Le film est également connu sous le titre Le chien, qui fut utilisé pour son exploitation en VHS. Il mettait en scène Jason Miller et Lea Massari, et l’argument de science-fiction mis à part, il développait exactement la même histoire que le film de Yuzna – à savoir la traque d’un fugitif par un clebs sans pitié, prêt à tout pour venger la mort de son maître.

S’il ne s’agit probablement que d’une coïncidence, il est amusant de noter que le patronyme de l’acteur principal des Crocs du diable et de Rottweiler est le même : Jason Miller et William Miller ne sont cependant pas de la même famille. Du côté des autres acteurs du film de Brian Yuzna, les amateurs de « Cine de terror » à l’espagnole seront ravis de retrouver à l’écran le mythique Paul Naschy (1934-2009), inoubliable interprète du loup-garou Waldemar Daninsky qu’il incarnerait de multiples fois à l’écran à partir des Vampires du Dr. Dracula en 1968.

Pour autant, si le film de Brian Yuzna semble résolument tourné vers le passé, la fantaisie du cinéaste marquera clairement Rottweiler. Adeptes du premier degré, fuyez donc – ce film n’est pas fait pour vous. Une courte séquence résume d’ailleurs à elle seule tout l’état d’esprit de Yuzna sur ce film : à un moment donné, le héros du film (William Miller donc) parvient à enfermer le vilain chien à ses trousses dans une trappe souterraine, et en profite pour fuir. A ce moment-là, une poule arrive dans le champ. Plan sur la poule. Plan sur la trappe, qui menace dangereusement de s’ouvrir. Plan sur la poule. Plan sur la trappe, qui s’ouvre. Retour sur la poule, qui pousse un cri d’effroi. Prix de la poule la plus expressive du monde. Et du côté du spectateur, immense éclat de rire. Ce type est un génie, putain.

Cette idée représente à elle-seule tout le défi de Yuzna sur Rottweiler – celui de réussir à nous livrer un produit fun avec un manque de budget dont on mesure l’ampleur dans de très, très nombreux plans à effets spéciaux. En parfait artisan du cinéma d’horreur, le cinéaste fait son possible pour proposer au spectateur un divertissement amusant. De fait, il multipliera les idées de mise en scène bizarres – telles que cette longue séquence durant laquelle William Miller affronte le chien dans le plus simple appareil – qui serviront à contrebalancer par l’imagination un budget qu’il sait pertinemment être insuffisant pour donner libre cours à ses ambitions premières.

Du rythme, du fun, un peu de gore, quelques idées, et emballé c’est pesé, le film ne rougira de fait jamais réellement du ridicule de certaines séquences, de ses plans foireux, ni même du parallèle avec le Terminator de James Cameron (le chien cyborg sorti des flammes), ou avec Les dents de la mer de Steven Spielberg (la musique / les plans subjectifs). Il n’a d’ailleurs pas à en rougir, parce que quand arrive le générique de fin de Rottweiler, le spectateur s’est amusé, et il n’est pas exclu que cette attachante série B revienne faire un tour dans le lecteur Blu-ray à l’occasion d’une soirée pizza entre potes.

Le film de Brian Yuzna est, par essence, un gros « Bis » fait pour passer un bon moment, et ne cherche à aucun moment à être autre chose – régalez-vous donc de Rottweiler, en faisant abstraction des mauvaises critiques (le film se paye en effet la note abominable de 3,1/10 sur IMDb), et même de la stupide pétition ayant circulé contre le film en 2007, l’accusant de véhiculer une mauvaise image des rottweilers !

Le Blu-ray

[3,5/5]

Le Blu-ray de Rottweiler est édité par First International Production, qui prévoit par ailleurs de proposer au public français de redécouvrir une poignée de films produits par la Fantastic Factory : des films tels que Faust (Brian Yuzna, 2000) ou L’enfer des loups (Paco Plaza, 2004) suivront en effet dans un avenir proche. C’est une très bonne nouvelle, d’autant qu’ils s’avèrent à ce jour tous inédits au format Blu-ray. A notre connaissance, Rottweiler et L’enfer des loups n’avaient d’ailleurs jamais vu le jour au format Haute-Définition dans aucun pays du monde, et constituent donc une exclusivité française.

Techniquement, le Blu-ray de Rottweiler se révèlera extrêmement satisfaisant, à condition de pardonner à l’éditeur son recours à un encodage en 1080i (25 images / secondes), qui réduit sa durée de 1h35 dans les salles à 1h32. En revanche, le format 1.85 du film est respecté, le piqué est précis, la définition pointue (aïe !), le léger grain argentique est préservé et les couleurs chatoient à mort – non mais qu’est-ce que ça chatoie dites donc les amis. Bref, s’il n’y avait ce problème d’encodage (qui pourra parfois être corrigé par votre TV ou votre lecteur Blu-ray), la galette livrée par First International Production aurait de quoi nous enthousiasmer pleinement.

Côté son, le film est proposé en DTS-HD Master Audio 5.1 et propose une spatialisation fine et puissante, d’une générosité certaines quand il s’agit d’appuyer les détails sonores les plus scabreux. On est un peu surpris en revanche de ne point trouver de trace ici de la version originale – le film de Brian Yuzna est proposé uniquement en version française.

Côté suppléments, on aura droit à un très intéressant « making of », qui prendra la forme d’une longue série d’entretiens avec l’équipe (59 minutes), donnant la parole à un grand nombre de personnalités dévouées à la fabrication du film et à ses effets spéciaux. Malheureusement, ce dernier sera à réserver aux anglophones confirmés, car tous les intervenants ne son pas sous-titrés. On trouvera donc des entretiens avec Gregory Ramoundos et Vincent J. Goasini (effets spéciaux, sans sous-titres), Javier G. Salmones (directeur photo, avec sous-titres), Irene Montalà (actrice, avec sous-titres), William Miller (acteur, avec sous-titres), pour terminer avec 27 minutes aux côtés de Brian Yuzna (sans sous-titres). L’absence de sous-titres sera moins gênante sur le sujet – entièrement muet – consacré aux coulisses du tournage (19 minutes), qui nous donnera l’occasion de voir Brian Yuzna au travail sur son plateau en Espagne. Enfin, on trouvera en avant-programme ainsi que dans la section bonus une sélection de bandes-annonces de films déjà disponibles ou à venir chez First International Production.

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