Les sorties du 26 mai 2021

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Voyagers © 2021 Vlad Cioplea / AGC Studios / Fibonacci Films / Ingenious Media / Thunder Road Pictures / Focus Features /
Universal Pictures International France Tous droits réservés

Longtemps restés absents des écrans de cinéma français, les films hollywoodiens ou en tout cas anglophones font leur grand retour en cette deuxième semaine depuis la réouverture de nos chères salles obscures mercredi dernier. Ils sont au nombre de trois pour ravir les amateurs de sensations en tout genre. Après, ce chiffre peut être sujet à discussion, en fonction de la prise en compte de nos trois recommandations de la semaine. Car le seul film entièrement hollywoodien et facilement accessible est tout de même Promising Young Woman de Emerald Fennell, le conte féministe au ton corrosif qui avait remporté fin avril l’Oscar du Meilleur scénario original.

Également sollicité par l’Académie du cinéma américain, The Father de Florian Zeller a fait toute la fierté du cinéma français, grâce à ses deux trophées pour le Meilleur acteur Anthony Hopkins et le Meilleur scénario adapté. En effet, cinq ans après Floride de Philippe Le Guay, le dernier film avec Jean Rochefort, la deuxième adaptation de la pièce de Zeller est avant tout une co-production européenne entre le Royaume-Uni et la France. Comme quoi, même en temps de post-Brexit, l’entente cordiale peut encore voir naître des films tout à fait exceptionnels.

Pour Voyagers, le quatrième film de Neil Burger à sortir au cinéma en France après notamment Limitless et Divergente, ce qui est exceptionnel, c’est la stratégie de distribution adoptée par la branche française de Universal. Estampillée d’emblée comme une sortie technique, cette aventure spatiale à la distribution alléchante et au budget conséquent n’est apparemment à l’affiche dans aucune salle française. Même pas à l’UGC Ciné Cité des Halles ou au Publicis Drugstore en version française à la séance du matin le week-end ! Rien de rien ! Ce qui est fort dommage pour un film qui aurait mérité sans doute mieux …

Il mio corpo © 2020 Close Up Films / Kino Produzioni / Rai Cinema / Nour Films Tous droits réservés

Quant à la docu-fiction Il mio corpo de Michele Pennetta, elle a connu en quelque sorte le sort inverse. Alors que sa date de sortie est bien officiellement aujourd’hui, le film était d’ores et déjà tranquillement visible au MK2 Beaubourg depuis une semaine ! Est-ce qu’il faut craindre que ces deux cas de figure inhabituels ne soient que les premières anomalies dans le contexte d’une reprise à l’agenda de sorties abondantes ? Les semaines à venir nous le diront. Toujours est-il que notre cher confrère Jean-Jacques a plutôt apprécié cette œuvre à deux vitesses, entre un fort accent sicilien et la thématique à la mode des réfugiés.

Ceux-ci sont de même au centre d’un autre documentaire, encore plus remarquable celui-là : Paris Stalingrad de Hind Meddeb et Thim Naccache. Le profil des occupants clandestins guère bienvenus dans ce quartier parisien a beau avoir changé depuis le tournage – à quand le prochain chapitre de la gestion calamiteuse par la ville de Paris des usagers de drogues, actuellement parqués dans un parc à proximité ? –, ce film nous rappelle avec force la détermination et le courage de ces hommes et de ces femmes qui ont tout quitté afin de tenter leur chance en France. La vitesse du temps qui s’écoule en changeant tout a été encore plus incroyable dans le cas de Si le vent tombe. Sélectionné au dernier Festival de Cannes, le beau film de Nora Martirosyan tient compte d’une situation géopolitique au Haut-Karabagh que les armes ont purement et simplement fait disparaître depuis le tournage.

Enfin, la quête absurde d’une guerre à immortaliser à tout prix est au centre de Vers la bataille de Aurélien Vernhes-Lermusiaux. Or, le fait qu’il s’agit d’un conflit lointain dans un pays qui ne l’est pas moins – le Mexique au milieu du XIXème siècle – renforce encore le pouvoir de fascination de ce premier film entièrement digne d’intérêt.

Hospitalité © 2010 Kinokuniya / Art House Films Tous droits réservés

Une seule reprise est à signaler cette semaine. Et encore, cette dernière est à proprement parler un inédit, puisque Hospitalité était censé inaugurer l’été Fukada. Cette grande rétrospective officieuse organisée par le distributeur Art House s’étalera finalement un peu plus dans le temps. Ne traînez pourtant pas trop pour découvrir cette satire savoureuse sur un thème rarement traité par le cinéma japonais : l’immigration.

Malgré la jauge toujours coincée à un siège sur trois, les cinémas français pourraient aussi faire le plein cette semaine grâce à quelques films de genre plus ou moins solides. Pour l’horreur viscérale, il y a le huis-clos Méandre de Mathieu Turi. Pour les films de gangster à l’ancienne et malheureusement surtout porté par l’interprétation de Matthias Schoenaerts, vous pourriez opter pour Sons of Philadelphia de Jérémie Guez.

Et si jamais les films formellement plus exigeants de la deuxième partie de notre chronique hebdomadaire ne vous disent rien, vous pourriez soit vous évader au Tibet avec le drame social Balloon de Pema Tseden, soit vous plonger dans l’esthétique apparemment très sombre de L’Arbre Drvo de André Gil Mata, présenté au Forum du Festival de Berlin en 2018.


A la recherche de l’excellence de Gabe Polsky (États-Unis, Documentaire, 1h13)

L’Arbre Drvo de André Gil Mata (Portugal, Drame, 1h44, distribué sur 10 copies) avec Petar Fradelic, Filip Zivanovic et Sanja Vrzic

Balloon de Pema Tseden (Chine, Drame, 1h42) avec Sonam Wangmo, Jinpa et Yangshik Tso

Les Bouchetrous de David Silverman (États-Unis, Animation, 1h24, distribué sur 462 copies)

Detective Conan The Scarlet Bullet de Chika Nagaoka (Japon, Animation, 1h50)

The Father de Florian Zeller (Royaume-Uni, Drame, 1h37) avec Anthony Hopkins, Olivia Colman et Olivia Williams

Méandre de Mathieu Turi (France, Horreur, 1h30, distribué sur 200 copies) avec Gaia Weiss et Peter Franzen

Il mio corpo de Michele Pennetta (Suisse, Documentaire, 1h20) (critique)

Paris Stalingrad de Hind Meddeb et Thim Naccache (France, Documentaire, 1h26) (critique)

Promising Young Woman de Emerald Fennell (États-Unis, Satire, 1h53) avec Carey Mulligan, Bo Burnham et Laverne Cox

Si le vent tombe de Nora Martirosyan (France, Drame, 1h40) avec Grégoire Colin, Hayk Bakhrian et Arman Navasardyan (critique)

Sons of Philadelphia de Jérémie Guez (Belgique, Gangster, 1h30) avec Matthias Schoenaerts, Joel Kinnaman et Maika Monroe

Vers la bataille de Aurélien Vernhes-Lermusiaux (France, Aventure, 1h31) avec Malik Zidi, Leynar Gomez et Thomas Chabrol (critique)

Voyagers de Neil Burger (États-Unis, Science-fiction, 1h50) avec Tye Sheridan, Lily-Rose Depp et Fionn Whitehead

Reprise

Hospitalité (2010) de Koji Fukada (Japon, Comédie, 1h36) avec Kenji Yamauchi, Kiki Sugino et Kanji Furutachi

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