Test Blu-ray : Sorcière

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Sorcière


Royaume-Uni : 2020
Titre original : The reckoning
Réalisation : Neil Marshall
Scénario : Neil Marshall, Charlotte Kirk, Edward Evers-Swindell
Acteurs : Charlotte Kirk, Sean Pertwee, Steven Waddington
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h51
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 20 mai 2021

À la fin du 17ème siècle, en Angleterre, la pester continue de faire des ravages mais elle est en recul. Pourtant une nouvelle pandémie fait son apparition : la chasse aux sorcières. Une jeune veuve, Grace, est prise pour cible par la folie des hommes…

Le film

[3,5/5]

Si Neil Marshall a mis tout le monde d’accord avec The descent en 2005, le reste de son œuvre semble appelé à diviser le public et la critique. D’un côté, il y a les thuriféraires, ceux qui considèrent que Doomsday constitue l’un des plus grands films du début du vingt-et-unième siècle, et devinent au cœur de la carrière du cinéaste britannique les contours d’un maelstrom de bruit et de fureur absolument réjouissant, presque salvateur. De l’autre, on a les cinéphiles ne voyant dans son œuvre qu’un bordel mal fagoté, aussi immature que foutraque, et qui demeurent farouchement hermétiques à son style narratif et visuel.

Le nouveau film de Neil Marshall, sobrement intitulé Sorcière en France, ne risque pas vraiment de réconcilier les deux camps. Se posant comme une relecture craspec de films d’exploitation sordides des années 70 tels que La marque du diable (Michael Armstrong, 1970) ou Le grand inquisiteur (Michael Reeves, 1968), Sorcière joue en effet plus que jamais la carte de l’excès, de la surenchère, voire même par moments de la complaisance et du Grand Guignol.

Pour autant, que l’on aime ou que l’on déteste le cinéma de Neil Marshall, nul ne pourra ignorer la magnificence formelle de Sorcière, qui s’offre une photo littéralement magnifique ainsi qu’une direction artistique visuellement impeccable, éblouissante. Les décors et la reconstitution historique sont parfaitement évocateurs de la sombre période de l’Histoire anglaise au cœur de laquelle se déroule l’histoire du film. Impossible également d’ignorer l’implication des acteurs, et en particulier de Charlotte Kirk, qui porte tout le poids émotionnel du film sur ses épaules, et semble tellement impliquée dans le projet qu’elle est également créditée au générique en tant que co-scénariste et productrice exécutive. Voilà qui est étonnant de la part d’une quasi-inconnue que l’on avait jusqu’ici pour l’essentiel aperçue dans Ocean’s 8.

On aura en revanche peut-être d’avantage de difficultés à cerner les tenants et aboutissants du scénario de Sorcière qui, malgré un déroulement extrêmement linéaire, recèle une poignée de zones d’ombre assez intrigantes. Il est ainsi impossible d’ignorer le parallèle dressé par les auteurs du film entre le XVIIème Siècle ravagé par la peste et l’époque contemporaine – les références à la crise sanitaire du Covid-19 semblent évidentes, surtout dans le cas de l’héroïne, placée en isolement en tant que « cas contact » de son mari, atteint par la maladie. Coïncidence amusante : au moment de la rédaction / publication de cet article, l’auteur de ces lignes est également en isolement. « Plus ça change, plus c’est pareil », comme le dit l’adage populaire…

Un autre aspect clairement mis en avant par Sorcière ayant de fortes résonances avec notre époque est évidemment son féminisme conquérant et revendicatif. Si le cinéma de Neil Marshall a toujours mis en avant de puissants personnages féminins, si le cinéma consacré à la période de l’inquisition a toujours dénoncé les injustices faites aux femmes à cette époque, Sorcière le fait d’une façon encore plus assumée et manifeste. Parallèlement à cela, pendant une large partie du film, Marshall et son équipe jouent la carte de la subversion, en disséminant tout au long du film des indices qui tendent à faire penser au spectateur que l’héroïne du film, Grace (Charlotte Kirk), est bel et bien une sorcière, de même que sa mère avant elle.

Mais alors que l’on s’attendait à ce que l’enfer se déchaîne autour d’elle durant la dernière bobine, Sorcière fait soudainement machine arrière ; on n’en révélera pas plus afin de ne pas vous [Spoiler] le plaisir, mais sachez simplement que Neil Marshall n’emmènera pas forcément le spectateur là où il s’y attendait. Pour autant, et si Sorcière n’est peut-être pas le gros morceau ultra-violent historico-hystérique attendu, le film transpire toujours autant la sincérité et l’amour du cinéma de genre, et nous propose de passer deux heures aussi éprouvantes que visuellement bluffantes en plein cœur du XVIIème Siècle. Ce qui est déjà beaucoup.

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de Sorcière édité par Metropolitan Vidéo permet une nouvelle fois à l’éditeur de remettre les pendules à l’heure dans le petit monde de l’édition vidéo en France, en démontrant non seulement qu’il est l’un des derniers – si ce n’est « LE » dernier – à continuer à sortir des Direct To Video dans l’hexagone, mais également en prouvant qu’il est également une véritable référence en matière de soin technique apporté au Blu-ray. Le piqué est précis, avec des couleurs somptueuses, des noirs profonds et des contrastes au top niveau. La définition et l’encodage sont irréprochables, bref, tout est littéralement impeccable, il n’y a absolument rien à redire. Côté son, à la fois la version originale et version française bénéficient de puissants mixages en DTS-HD Master Audio 5.1 ; les deux pistes sonores se valent donc et proposent une immersion absolue au cœur du film, assurant un spectacle sonore très solide, d’un dynamisme de tous les instants. Pas de suppléments.

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