Test Blu-ray 4K Ultra HD : Zack Snyder’s Justice League

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Zack Snyder’s Justice League

États-Unis, Royaume-Uni : 2021
Titre original : –
Réalisation : Zack Snyder
Scénario : Chris Terrio, Zack Snyder, Joss Whedon
Acteurs : Ben Affleck, Gal Gadot, Jason Momoa
Éditeur : Warner Bros.
Durée : 4h02
Genre : Fantastique, Super-héros
Date de sortie DVD/BR : 9 juin 2021

Bruce Wayne est déterminé à faire en sorte que le sacrifice ultime de Superman ne soit pas vain , pour cela, avec l’aide de Diana Prince il met en place un plan pour recruter une équipe de métahumains afin de protéger le monde d’une menace apocalyptique imminente. La tâche s’avère plus difficile que Bruce ne l’imaginait, car chacune des recrues doit faire face aux démons de son passé et les surpasser pour se rassembler et former une ligue de héros sans précédent. Désormais unis, Batman, Wonder Woman, Aquaman, Cyborg et Flash réussiront-ils à sauver la planète de Steppenwolf, DeSaad, Darkseid et de leurs terribles intentions ?

Le film

[4/5]

Il n’y pas à douter du fait que Zack Snyder’s Justice League est né dans la douleur, et s’avère le fruit de grandes frustrations. Celles du réalisateur et co-scénariste Zack Snyder tout d’abord, anéanti par le suicide de sa fille, qui avait dû quitter les commandes de Justice League en laissant Joss Whedon terminer son film. Celles du public également, qui s’était retrouvé privé de la « vision » de Zack Snyder et avait dû se contenter du Justice League distribué par Warner en 2017 – un grand spectacle certes, mais bancal et anachronique, tellement bourré de défauts qu’on avait considéré dans notre critique de l’époque que les plus de douze ans auraient bien des difficultés à y trouver leur compte.

Les résultats de Justice League au box-office ne furent pas jugés comme très satisfaisants en 2017 – malgré des recettes ayant dépassé les 700 millions de dollars à l’international, le film n’en avait récolté « que » 229 sur le territoire américain, ce qui représente tout de même 100 millions de moins que Batman v Superman : L’aube de la justice (2016) et Aquaman (2018). Les espoirs de Warner et DC Comics à l’époque étaient sans doute beaucoup plus élevés, et pour cause : Justice League était censé prendre les atours d’un mastodonte international et pérenniser pour de bon l’univers cinématographique étendu de DC. Très attendu des fans, le film réunissait à l’écran une équipe de super-héros de premier plan, et aurait dû égaler la puissance au box-office des Avengers de Marvel en 2012 – soit 1,5 milliard de dollars de recettes dans le monde, 623 millions rien qu’aux États-Unis. Le remplacement de Zack Snyder par Joss Whedon (réalisateur d’Avengers en 2012) faisait d’ailleurs partie de cette logique censément imparable.

On imagine la désillusion pour Zack Snyder, qui avait littéralement passé des années de sa vie à travailler d’arrache-pied pour ramener Superman et Batman sur le devant de la scène avec Man of Steel (2013) et Batman v Superman (2016) : Justice League était censé être le point d’orgue du DC Extended Universe, et patatras, ce fut tout l’inverse qui se produisit, puisque dans la foulée de l’échec du film, plusieurs films DC furent mis en stand-by ou tout simplement annulés. Soutenu par un grand nombre de fans sur les réseaux sociaux, Zack Snyder ne tardera cependant pas à reprendre du poil de la bête, mettant la pression sur la Warner jusqu’à ce que celle-ci lui offre une chance de réparer les dégâts et de restaurer autant que faire se peut « sa » vision de Justice League. Cela donnera au final un tout nouveau film, titré de façon un brin mégalo Zack Snyder’s Justice League, enrichissant l’expérience de visionnage de rien de moins que deux heures d’images inédites, tirées des images déjà tournées par Snyder ou de reshoots spécialement effectués pour l’occasion, afin par exemple d’intégrer au métrage d’autres personnages du DCEU ou d’enrichir le background de certains personnages secondaires.

Préparez-vous donc à vous fader quatre heures de super-héros, en une ou plusieurs fois cela dit – conscient de la durée importante de son film ainsi que des nouvelles habitudes du public, Snyder l’a en effet découpé en sept parties (6 chapitres + un épilogue), ce qui permettra aux spectateurs qui trouveront éventuellement le temps long d’y revenir en plusieurs fois, voire même à visionner Zack Snyder’s Justice League à la façon d’une série TV. Il y a une logique à cela, et celle-ci est liée au mode de diffusion du film de Zack Snyder. Ce dernier n’est en effet pas sorti dans les salles mais a été diffusé sur le service de SVOD HBO Max aux États-Unis, et en VOD en France, où il a dépassé les 100.000 achats en moins d’une semaine à sa sortie au mois de mars – un record pour un film sorti directement en VOD.

Les ajouts sont nombreux au cœur de Zack Snyder’s Justice League, au point que l’on ne sache pas vraiment ici par où commencer. D’un point de vue visuel, déjà, l’expérience sera singulière d’entrée de jeu, par le choix de Zack Snyder de proposer le film en 1.33, le format « carré », à l’ancienne, encore régulièrement utilisé par une poignée de cinéastes à travers le monde, mais n’ayant jamais été utilisé pour un blockbuster au budget pharaonique comme c’est le cas ici. Le film se distingue également de la version exploitée en 2017 par sa direction artistique beaucoup plus sombre, qui se traduira tout d’abord par un retour à un étalonnage aux tons désaturés, avec des contrastes très affirmés et de larges zones d’ombres, dans la continuité de Man of Steel et Batman v Superman. On ignore si on peut vraiment parler de vision globalement plus « adulte » quand on parle de gugusses en costumes volant dans les airs et possédant des super-pouvoirs, mais le fait est que cette mouture s’impose en tous cas comme plus violente et plus noire que la précédente.

Du point de vue de l’histoire à proprement parler, Zack Snyder’s Justice League propose essentiellement la même intrigue que le film précédent, tirant ses inspirations principales dans les comics « Justice League : Aux origines » (Geoff Johns / Jim Lee, 2012) ainsi que dans « La mort de Superman » (Dan Jurgens / Brett Breeding, 1992), comme le montre le costume noir que Superman arbore dans la dernière partie du film. Le récit suit donc les efforts déployés par Batman et Wonder Woman, qui cherchent à créer une équipe de super-héros pour palier à la disparition de Superman. Cyborg, Aquaman et Flash bénéficient de plus de scènes. L’humour de Flash (Ezra Miller), qui était un des éléments les plus agaçants du film de 2017, est malheureusement toujours présent, avec même quelques blagues supplémentaires. Cela dit, comme le film est (beaucoup) plus long, cet humour mal placé est plus délayé, et passe donc finalement mieux que dans la version d’origine.

Comme dans la première version du film, Superman ne refera pas immédiatement son apparition au cœur de Zack Snyder’s Justice League. Passée la séquence d’ouverture, on ne le reverra pas avant un peu plus de 2h30 de métrage, défoulant sa fureur kryptonienne sur l’équipe de super-héros nouvellement formée, avant de se voir apprivoisé par Lois Lane (Amy Adams) et la réminiscence de son amour pour elle, qui transcende littéralement la mort. Et rassurez-vous, on en a fini avec l’histoire de la « moustache d’Henry Cavill » ayant occupé les réseaux sociaux pendant des mois il y a quelques années. Pour la petite histoire, des fans de DC et de Zack Snyder – qui ont toujours un peu de temps à perdre – ont remarqué que Superman mourrait à 2 heures 38 minutes et 57 secondes dans Batman v Superman, et qu’il ressuscite exactement au même moment dans Zack Snyder’s Justice League. Interrogé à ce sujet lors d’un livrestream de la chaine YouTube Justice Con, le cinéaste a admis qu’il ne s’agissait pas d’une coïncidence, mais d’une référence biblique – la résurrection de Lazare par Jésus, dans Jean 11:38-57 ?

Certains personnages laissés au second plan dans le film précédent bénéficient d’un temps à l’écran largement augmenté. Cyborg est sans doute le principal protagoniste à bénéficier de cette présence à l’écran étendue, le film créant un parallèle inattendu entre Cyborg et la créature de Frankenstein. Des scènes de flash-back nous en révèlent davantage sur son passé et nous permettent de mieux cerner sa psychologie, notamment vis-à-vis de son père / créateur. La nature mi-homme mi-robot du personnage, et sa capacité à pirater et à maitriser les technologies de pointe, sont également explicitées, ce qui tend à rendre le personnage beaucoup plus intéressant, de même que ses conflits moraux.

Mais la plus grosse différence se situe dans la représentation du personnage du méchant, Steppenwolf. Dans la version précédente, il était un monstre « à visage humain » ; en 2021, il a été complètement re-designé, collant avec le look qu’il arborait déjà dans son apparition lors de la version longue de Batman v Superman : plus effrayant et arborant une armure badass hérissée de pics. Le personnage gagne aussi en épaisseur grâce à de nombreuses scènes supplémentaires, qui permettront au spectateur d’en apprendre plus sur son passé et ses motivations à réunir les trois « Boîtes-Mères » : il s’acquitte en réalité d’une dette morale vis-à-vis de son maître Darkseid.

Revenons d’ailleurs sur ces Boites-Mères, toujours au centre de Zack Snyder’s Justice League. Même si Snyder s’efforce dans cette nouvelle version de clarifier leur rôle et leur fonction, créant de fait des enjeux un peu moins abstraits pour les héros du film, on ne peut s’empêcher de voir dans le recours à ce genre d’artifices un véritable aveu de faiblesse et de manque d’imagination de la part des auteurs. Ces boites ne sont au final qu’une espèce de MacGuffin bidon typique du scénario de comics – trois artéfacts en forme de cubes de 50 centimètres représentant la « menace ultime » pour l’humanité, rapport à la forte concentration de pouvoir absolu qu’elles renferment. C’est un peu la description de mon chien quand il pète ça non ? Les gars ? Sérieusement ? En 2021 ?

Ce détail mis à part, Zack Snyder’s Justice League demeure tout de même largement supérieur à son modèle, entre autres parce qu’il parvient à renouer avec un certain souffle épique qui semblait avoir disparu de l’univers DC, mais également parce qu’il trouve un équilibre entre les nombreux mondes et personnages qu’il donne à voir. Bien sûr, à moins de vouer une adoration sans borne et universelle à tous les personnages et à tous les univers visités (Amazones, Atlantes…), cet équilibre narratif se fera au détriment du rythme de l’ensemble, mais il est le signe d’une idée directrice franche, qui s’avérait complètement absente de la première version de Justice League. Autrement dit, ça ressemble quand même plus à du vrai cinéma que la moitié de film rafistolé par Joss Whedon en 2017.

Cependant, comme son titre l’indique clairement, Zack Snyder’s Justice League reste un film de Zack Snyder, et la preuve s’il en fallait encore une que le réalisateur semble toujours plus à l’aise quand il met en scène le bruit et la fureur dans des scènes de bataille grouillantes, hyperactives bourrées de ralentis et d’effets spéciaux numériques que quand il s’agit de se poser et d’aller chercher l’émotion. Cela dit, il parvient tout de même à glisser au cœur de son film une intéressante réflexion sur les rapports familiaux, et plus précisément sur les relations intergénérationnelles entre parents et enfants, et les responsabilités qu’elles impliquent. On retrouve ce thème au centre de la psyché de tous les personnages, qu’il s’agisse de parents naturels (Wonder Woman, Flash, Cyborg, Aquaman) ou de substitution (Superman, Batman, Steppenwolf) – une façon évidemment de souligner qu’avant de lutter pour l’avenir de la planète, nos héros doivent vaincre leurs propres démons intérieurs…

Le Blu-ray 4K Ultra-HD

[5/5]

Zack Snyder’s Justice League débarque donc demain au format Blu-ray 4K Ultra HD dans toutes les boutiques de France et de Navarre, et c’est vraiment du lourd qui se profile dans les foyers de l’hexagone ! Si le film est un mélange de 35MM, de 70MM IMAX et de séquences entièrement numériques, le film bénéficie d’un master 4K natif, et est encodé en HDR10. Autant dire que malgré une présentation en 4/3 très inhabituelle pour le format, le rendu est époustouflant. L’édition Blu-ray est déjà satisfaisante, avec des images précises et un rendu on ne peut plus dense, mais l’édition Blu-ray 4K Ultra HD pousse encore plus loin tous les curseurs, notamment sur le registre de la définition et de la propreté des lignes. Les contours sont plus fins et la compression absolument impeccable. Master 4K oblige, la définition affiche de plus grandes valeurs sur les nombreux plans panoramiques que nous propose Zack Snyder tout au long du film, ainsi que sur les gros plans. Les couleurs délivrées sur cette version HDR permettent également de découvrir le film dans toute sa finesse chromatique. Une poignée d’éclairs plus vifs seront ainsi perceptibles au cœur d’une image sciemment désaturée. Les noirs sont francs et brillants, les blancs lumineux et nuancés, et les contrastes plus qu’affirmés apportent une profondeur sidérante aux images.

Côté son, Zack Snyder’s Justice League nous est proposé en Dolby Atmos (dôté d’un « core » Dolby TrueHD 7.1) à la fois en VF et en VO, et dans les deux cas, le mixage étonne par son punch et sa spatialisation, qui multiplie les détails sonores positionnés de façon absolument idéale. La dynamique est donc tout simplement excellente, les voix toujours bien placées et découpées, et le caisson de basses se régale littéralement, envoyant du lourd durant les scènes d’action. Le spectacle est immersif au possible, plongeant littéralement le spectateur au cœur de l’ambiance. Du grand Art acoustique ! On notera par ailleurs que des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 sont également disponibles, dans les deux langues.

Le tour de la section interactivité sera en revanche un peu plus rapide, puisqu’on ne trouvera en tout et pour tout qu’un seul supplément : un intéressant making of (25 minutes). Bien entendu, ce sujet donnera largement la parole au réalisateur Zack Snyder, qui reviendra sur le tournage, ainsi que plus largement sur l’univers DC et sur son fameux « multivers » – qui apparait surtout aujourd’hui être une bonne excuse servant à justifier les nombreuses incohérences liées aux représentations des héros DC Comics au cinéma ou à la TV. Cela parait encore plus manifeste quand on voit la façon brillante et pleine d’ironie avec laquelle Marvel a récemment intégré la même notion dans sa série WandaVision, avec l’apparition de Quicksilver sous les traits d’Evan Peters (qui l’interprétait dans les X-Men de la Fox) en lieu et place d’Aaron Taylor Johnson (qui tenait ce rôle dans Avengers – L’ère d’Ultron). Zack Snyder reviendra également sur ses méthodes de travail, et notamment sur les nombreux storyboards qu’il dessine lui-même, ou encore sur les références ou « Easter eggs » qu’il dissémine au cœur de ses films.

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