Sputnik – Espèce inconnue
Russie : 2020
Titre original : Sputnik
Réalisation : Egor Abramenko
Scénario : Oleg Malovichko, Andrey Zolotarev
Acteurs : Oksana Akinshina, Fedor Bondarchuk, Pyotr Fyodorov
Éditeur : Condor Entertainment
Durée : 1h53
Genre : Science-Fiction, Horreur
Date de sortie DVD/BR : 24 février 2021
Suite à un mystérieux incident dans l’espace, la mission de Constantin prend une tournure dramatique : son vaisseau se crashe, et son acolyte meurt dans d’inquiétantes circonstances. Mais plus étrange encore, Constantin semble ne se souvenir de rien. Il est alors amené dans un centre militaire ultra-confidentiel pour suivre une série de tests afin de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé durant la mission. Tatiana, psychologue de renom, s’intéresse de près à son cas, et commence à réaliser l’impensable : Constantin n’est pas revenu seul, quelque chose sommeille en lui. Quelque chose qui pourrait tous les mettre en danger…
Le film
[4/5]
Depuis quelques années, on peut régulièrement voir débarquer en France en vidéo de grands films de divertissement, voir même quelques simili-blockbusters, en provenance de Russie. Cependant, on mentirait si on affirmait que l’on frétillait d’impatience à l’idée de découvrir Mermaid – Le lac des âmes perdues, dernier représentant en date de cette nouvelle vague de cinéma populaire russe. En effet, nos expériences récentes du « blockbuster » en provenance de Russie se sont soldées par une impression mi-figue mi-raisin…
Et c’est le moins que l’on puisse dire ! Pour un Night watch réussi en 2004, des films tels que Battlestar rebellion (2008), Black lightning (2009), Nightwatchmen (2016) ou Guardians (2016) se sont succédé depuis sur les linéaires de nos revendeurs Blu-ray / DVD sans parvenir à nous convaincre : si ces films faisaient certes preuve d’une certaine ambition, il n’empêche qu’ils loupaient leur cible dans les grandes largeurs – même avec les meilleures intentions du monde, la plupart d’entre eux étaient complètement ratés.
Le DTV russe, c’est une loterie, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Hé bien figurez-vous qu’avec Sputnik – Espèce inconnue, on a tiré le bon numéro. Peut-être même bien le meilleur depuis 15 ans…
Sputnik – Espèce inconnue appartient au genre du film « de parasite », sous-genre classique de la science-fiction. Si le sujet tout autant que l’intrigue n’ont rien de foncièrement original, le réalisateur Egor Abramenko prend le temps de développer son récit de façon crédible, et construit son récit avec rigueur et savoir-faire.
Composant de façon très habile avec le budget dont il dispose, le cinéaste et son directeur photo Maxim Zhukov jouent la carte de l’ascétisme, avec des décors et des effets aussi spartiates que possible. Les teintes vertes volontairement accentuées par la photo de Zhukov renforcent l’idée de rigueur militaire qui baigne littéralement Sputnik – Espèce inconnue, et qui s’oppose à toute idée de naturel ou de « lâcher prise ». Les éclairages rouges occasionnels, ainsi que les séquences baignées de lumière mettant en scène le début de love story entre Tatiana (Oksana Akinchina) et Konstantin (Piotr Fiodorov) tranchent ainsi de façon spectaculaire avec le reste des ambiances proposées par le film.
Malgré son austérité formelle et son recours à des décors le plus souvent réduits à leur plus simple expression, Sputnik – Espèce inconnue n’en impose pas moins un rendu visuel très réussi, notamment dans les effets spéciaux, sobres mais remarquables. Ceux-ci contribuent à souligner ddde façon très efficace le design de la « créature » du film, espèce d’alien famélique arborant une coiffe à la manière des cobras ainsi que de nombreux yeux de tailles différentes.
Sur cette base visuelle on ne peut plus solide, Sputnik – Espèce inconnue développe une intrigue certes convenue mais immersive, portée par une petite galerie de personnages intéressants, luttant tous, à leur manière, avec les affres des hautes instances soviétiques. Les scénaristes Oleg Malovichko et Andreï Zolotarev insistent volontairement, et à de nombreuses reprises, sur la rigueur absurde du système en place, obéissant à des règles aveugles sans prendre l’humain en considération. S’ils peuvent se permettre de taper ainsi sur les failles de l’administration russe, c’est bien sûr parce qu’ils ont fait le choix de situer leur récit en 1983. En effet, il semble évident que les faiblesses scientifiques, techniques et de sécurité de l’URSS des années 80 ont largement été révélées au monde entier par la catastrophe de Tchernobyl, et ne peuvent plus être niées et/ou dissimulées. Cependant, dans l’inconscient collectif, le fait de confronter de cette manière ses personnages à l’autorité russe apporte une crédibilité supplémentaire à l’histoire de Sputnik – Espèce inconnue.
Bien sûr, le film d’Egor Abramenko n’est pas non plus tout à fait exempt de défauts, faisant preuve de certaines lourdeurs occasionnelles dans le jeu ou la mise en scène. La musique du film, signée Oleg Karpachev, est également un peu excessive, et manque clairement de finesse. Sputnik – Espèce inconnue n’en demeure pas moins un excellent divertissement grand public, et le public russe ne s’y est pas trompé : si le film n’a pu bénéficier d’une sortie dans les salles (pandémie de Covid-19 oblige), il a en revanche été vu plus d’un million de fois en VOD et SVOD en Russie. Cet engouement a d’ailleurs fait de Sputnik – Espèce inconnue le film le plus visionné sur ce type de plateformes depuis 2018.
Le Blu-ray
[4/5]
Le Blu-ray de Sputnik – Espèce inconnue édité par Condor Entertainment nous propose une image assez superbe, nous offrant une précision de tous les instants, ne manquant jamais de piqué (piqué Colégram), malgré les nombreux passages nocturnes ou en basse lumière. Le format est évidemment respecté, et l’encodage en 1080p parachève le tableau, permettant au Blu-ray du film d’Egor Abramenko de s’imposer sans le moindre problème comme un poids lourd de la Haute Définition. Niveau son, l’immersion est immédiate et totale avec deux pistes (VF/VO) mixées en DTS-HD Master Audio 5.1, très dynamique et riche en détails de toutes sortes, s’imposant tout particulièrement durant les séquences les plus horrifiques du métrage. On notera en revanche que la version française n’est sans doute pas, artistiquement parlant, à la hauteur des ambitions du film. C’est dommage pour les amateurs de versions françaises – et on sait qu’ils sont nombreux, surtout sur ce genre de films. Pas de suppléments.