Peggy Sue s’est mariée
États-Unis : 1986
Titre original : Peggy Sue got married
Réalisation : Francis Ford Coppola
Scénario : Jerry Leichtling, Arlene Sarner
Acteurs : Kathleen Turner, Nicolas Cage, Barry Miller
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h43
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 3 janvier 1987
Date de sortie DVD/BR : 17 février 2021
Le mariage de Peggy Sue est en train de faire naufrage. Elle et Charlie sont sur le point de divorcer. Lors de la fête des anciens élèves du lycée Buchanan, Peggy Sue est élue « Reine de la soirée ». Très touchée, elle s’évanouit et, lorsqu’elle reprend connaissance, elle se retrouve vingt-cinq ans en arrière, jeune lycéenne, fiancée à Charlie. Peggy Sue voit en cette expérience surnaturelle l’occasion de changer le cours de sa vie et de faire, cette fois, les bons choix…
Le film
[3,5/5]
Le cinéma américain des années 70 fut profondément marqué par les bouleversements sociaux, la guerre du Vietnam, et même par une certaine défiance vis-à-vis du pouvoir en place. Reflétant – consciemment ou pas – les troubles de l’époque, les cinéastes des 70’s se tournèrent volontiers vers la représentation de périodes sombres de l’histoire : les guerres ou la période de la Grande Dépression étaient donc souvent représentées à l’écran.
Dans les années 80 en revanche, le cinéma US semble en revanche reprendre du poil de la bête : le patriotisme revient en force, accompagné des bonnes vieilles valeurs familiales WASP. La nostalgie des années « pré-Vietnam », et en particulier des années 50 ou du début des années 60, vient donc doucement chatouiller le cinéma populaire, avec une représentation des États-Unis en mode carte postale : on y retrouve donc une Amérique fantasmée, celle des Dinners, des drive-ins et des petits pavillons de banlieue où il fait bon vivre. Des films tels que Absolute beginners, Porky’s, Les rues de feu, Retour vers le futur ou encore Peggy Sue s’est mariée s’inscrivent d’autant plus au cœur de cette vague nostalgique qu’ils mettent directement en scène cette période.
Ce regard tendre porté sur les années 50/60, Francis Ford Coppola le développera tout au long des années 80, avec des films tels que Outsiders, Tucker et Peggy Sue s’est mariée. Basée sur un scénario original des scénaristes Jerry Leichtling et Arlene Sarner, cette délicieuse comédie rétro combine astucieusement une histoire de voyage dans le temps avec une sorte de « romance inversée » qui aurait facilement pu tomber dans le pur mélo sentimental, mais qui évite brillamment cet écueil en proposant une œuvre solaire et d’une sincérité désarmante.
L’intrigue de Peggy Sue s’est mariée suit son héroïne (Kathleen Turner, parfaite) renvoyée de 1985 jusqu’en 1960 suite à un évanouissement survenu lors d’une réunion d’anciens élèves. Si l’argument fantastique est bien réel, on peut néanmoins supposer que le « voyage » de Peggy Sue est une projection mentale, lié peut-être à une courte période de coma qu’elle a subi lors de sa chute. Le fait est cependant qu’elle se retrouve, avec 25 ans de moins, entre les murs du lycée : elle « revit » donc sa vie, tout en se souvenant de tout ce qui s’est passé lors de sa « première » existence.
Si les enjeux soulevés par l’histoire de Peggy Sue s’est mariée sont énormes, Coppola nous proposera néanmoins une intrigue à la tonalité légère. Plutôt que de profiter de ce voyage dans le temps pour radicalement changer son existence passée (et donc à venir), Peggy Sue préférera revoir les personnes ainsi que les lieux dont elle se souvient avec affection, et sur lesquels elle porte maintenant un regard d’adulte. Elle en profitera par ailleurs pour réaliser un fantasme en couchant avec le « beatnik » de service, beau ténébreux sur qui elle avait toujours fantasmé – peut-être d’ailleurs dans l’idée de se venger de l’infidélité future de son Charlie de mari (Nicolas Cage). Un partout, la balle au centre.
Si vous aviez la chance de voyager dans le temps, feriez-vous vraiment les choses différemment ? C’est à cette question est d’ordre quasi-philosophique que doit faire face Kathleen Turner dans Peggy Sue s’est mariée. Et vous, vous feriez quoi ?
Le Blu-ray
[4/5]
Disponible chez Carlotta Films au sein d’une petite vague de deux Blu-ray consacrés à l’œuvre 80’s de Francis Ford Coppola, Peggy Sue s’est mariée s’offre donc un joli lifting HD sur galette Blu-ray, reprenant le master déjà utilisé par Sony pour son édition US de 2013. Et même si le master a quelques années, on ne pourra que saluer sa qualité : définition exemplaire, piqué précis, couleurs éclatantes… C’est un sacré tour de force, au rendu impeccablement homogène, qui a même de quoi surprendre ; le film impose de plus sa légère granulation d’origine, parfaitement respectée par l’encodage Blu-ray. Du très joli travail. Côté audio, VO et VF sont encodées en DTS-HD Master Audio 1.0 mono d’origine, et proposent des mixages essentiellement basés sur les voix. La VO dispose quant à elle également d’un mixage DTS-HD Master Audio 5.1, qui rend un bel hommage à la musique du film, mais s’avérant, en dehors des scènes musicales, essentiellement frontal, et préservant donc parfaitement l’esprit du film.
Du côté des suppléments, et outre la traditionnelle bande-annonce, on trouvera une passionnante analyse du film par Jean-Baptiste Thoret (24 minutes). Très bien pensé et argumenté, ce retour sur Peggy Sue s’est mariée reviendra sur la place du film dans la carrière de Francis Ford Coppola (et notamment sa nature de « film de commande », initialement prévu pour Penny Marshall), avant d’aborder le film à proprement parler, et ses thématiques. Sa réflexion se tient d’ailleurs tellement bien que Thoret parviendra à justifier, grâce à la thématique même du film, les faux raccords flagrants sur les plans de « miroirs » qui ouvrent et ferment le film : ce que l’on prenait à priori pour de grossières maladresses seraient peut-être bien, finalement, tout à fait volontaires…