Un autre festival ayant été frappé de plein fouet il y a près d’un an par l’irruption de la pandémie du coronavirus en Europe était celui de Bergame. Au printemps 2020, cette belle ville au nord de l’Italie n’était hélas pas mondialement connue pour son club de foot et encore moins pour son festival de cinéma. Non, ce sont les images de camions militaires chargés de cercueils quittant la ville en pleine nuit qui avaient rendu alors Bergame tristement célèbre. A présent, la cité lombarde n’est plus tout à fait dans l’œil du cyclone sanitaire. Par précaution, la 39ème édition du Festival de Bergame a été tout de même décalée de sa date habituelle en mars à fin avril, pour une durée du samedi 24 avril au dimanche 2 mai pour être précis.
Cette annonce avait d’ores et déjà été faite fin novembre de l’année dernière. La sélection officielle du 39ème Bergamo Film Meeting, qui se déroulera en fonction des restrictions sanitaires en vigueur à ce moment-là, sera dévoilée à la mi-avril. C’est par contre depuis la semaine dernière que nous connaissons le nom de l’invité d’honneur qui prendra la relève de l’actrice norvégienne Liv Ullmann, de l’acteur français Jean-Pierre Léaud et du réalisateur polonais Jerzy Skolimowski.
Il s’agit du réalisateur allemand Volker Schlöndorff (* 1939). En pas moins de 22 films, la rétrospective du festival reviendra sur la carrière exceptionnelle de ce cinéaste avant tout européen. Car même s’il avait commencé sa carrière comme l’une des voix les plus marquantes du jeune cinéma allemand à la fin des années 1960, aux côtés de Rainer Werner Fassbinder, Werner Herzog, Wim Wenders et tant d’autres, Schlöndorff s’était montré depuis autant à l’aise sur les plateaux de tournage français qu’américains. Le cycle du Festival de Bergame est parrainé par le Goethe Institut de Milan.
Né en Allemagne juste avant la guerre, Volker Schlöndorff avait passé une bonne partie de sa scolarité en France. Il était alors le camarade de classe de son futur confrère Bertrand Tavernier. Toujours en France, Schlöndorff avait fait ses premiers pas dans le milieu du cinéma en tant qu’assistant de Alain Resnais (L’Année dernière à Marienbad), Jean-Pierre Melville (Léon Morin prêtre et Le Doulos) et Louis Malle (Le Feu follet et Viva Maria). Il avait tourné son premier film en 1966 avec Les Désarrois de l’élève Törless, sélectionné en compétition au Festival de Cannes. Ses prochains films s’enchaînaient à un rythme soutenu : Vivre à tout prix, Michael Kohlhaas le rebelle, le téléfilm Baal d’après la pièce de Bertolt Brecht avec Rainer Werner Fassbinder devant la caméra, Un crime ordinaire, Feu de paille, L’Honneur perdu de Katharina Blum, Le Coup de grâce et le film collectif L’Allemagne en automne.
Le succès international de son adaptation de Günter Grass Le Tambour – Palme d’or au Festival de Cannes en 1979 et Oscar du Meilleur Film étranger l’année suivante – avait permis à Schlöndorff de diversifier encore davantage le champ de ses films. Au cours des années ’80, on lui doit ainsi le documentaire Le Candidat sur la campagne des législatives en Allemagne de l’Ouest contre Franz Josef Strauß et Helmut Schmidt, Le Faussaire avec Bruno Ganz et Hanna Schygulla, l’adaptation de Proust Un amour de Swann avec Jeremy Irons et Ornella Muti, l’adaptation pour la télévision américaine de la pièce de Arthur Miller « Mort d’un commis-voyageur » avec Dustin Hoffman et John Malkovich, le téléfilm « Colère en Louisiane » avec Louis Gossett Jr. et Richard Widmark, ainsi que La Servante écarlate avec Natasha Richardson et Faye Dunaway.
Par la suite, Schlöndorff était resté fidèle aux adaptations littéraires, notamment à travers The Voyager d’après Max Frisch avec Sam Shepard et Julie Delpy, Le Roi des aulnes d’après Michel Tournier avec John Malkovich et Armin Mueller-Stahl et Palmetto d’après James Hadley Chase avec Woody Harrelson et Elisabeth Shue. Il a de même continué à tourner quelques documentaires autour des films du réalisateur Billy Wilder et du compositeur Michael Nyman. Ou bien, il a signé responsable de films remarqués dans les plus prestigieux festivals, comme à Berlin avec Les Trois vies de Rita Vogt, Ours d’argent de la Meilleure actrice pour Bibiana Beglau et Nadja Uhl en l’an 2000, et Retour à Montauk en compétition en 2017, ainsi qu’à Cannes avec Ulzhan en 2007.
En plus de la Palme d’or et de l’Oscar pour Le Tambour, Volker Schlöndorff a gagné en 2015 le César du Meilleur scénario adapté pour Diplomatie.