Des fleurs pour un espion
Italie : 1966
Titre original : Le spie amano i fiori
Réalisation : Umberto Lenzi
Scénario : Umberto Lenzi
Acteurs : Roger Browne, Emma Danieli, Daniele Vargas
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h30
Genre : Espionnage
Date de sortie cinéma : 21 décembre 1966
Date de sortie DVD : 2 février 2021
Une arme secrète capable de neutraliser tout courant électrique dans un large rayon, l’Electroscomètre, a été volé. Les Services Spéciaux britanniques mettent leur meilleur agent sur la piste : Martin Stevens. A Genève, il va rencontrer la belle journaliste Geneviève qui se propose de l’aider. Les deux s’envolent donc pour Athènes suite à un mystérieux message codé : « Les roses bleues sont arrivées ce matin »…
Le film
[3,5/5]
Après le succès international de James Bond contre le Docteur No en 1962, on a vu débarquer dans tous les pays du monde des espions de cinéma conçus sur le même modèle que l’espion créé par Ian Fleming : séducteurs invétérés, flegmatiques et imperturbables, maniant tous les types d’armes avec le même brio, mais également redoutables combattants à mains nues… Ces agents secrets typiquement 60’s, qui auraient de nos jours toutes les associations féministes, les ligues de vertu et les réseaux sociaux de la bien-pensance au cul, ont donc littéralement inondé les écrans durant les années 60/70, en France bien sûr, mais également plus largement en Europe.
Production italienne sortie sur les écrans en 1966, Des fleurs pour un espion s’inscrit évidemment dans cette vague, et met en scène un espion agissant pour le compte des Services Spéciaux britanniques, appelé Martin Stevens et surnommé Super 7 (Roger Browne), un beau mâle à la mâchoire carrée et au sourire charmeur. Si le film nous propose une histoire indépendante, il s’agit en fait de la suite de l’excellent Super 7 appelle le Sphinx, film d’espionnage sorti un an auparavant et déjà réalisé par Umberto Lenzi.
Ecrit et réalisé par Umberto Lenzi, Des fleurs pour un espion suit une trame très premier degré. Les influences de Lenzi vont évidemment chercher du côté de la littérature de gare tendance espionnage, dont il livre une espèce de reader’s digest tout à fait solide, plein de voyages dans des pays exotiques et plein de retournements de situation.
Ce sérieux affiché, que Lenzi n’abandonne d’ailleurs jamais tout au long des quatre-vingt-dix minutes du film, est à la fois la grande force et la grande faiblesse de Des fleurs pour un espion, dans le sens où l’intrigue du film apparaît un poil trop sérieuse pour réellement parvenir à convaincre à 100% cinquante ans après son tournage…
Tous les ingrédients étaient en effet réunis pour nous livrer un opus délirant et décomplexé si Des fleurs pour un espion se permettait de quitter d’avantage les rails du réalisme et de verser dans une certaine fantaisie. C’est dommage, d’autant que le casting du film est vraiment solide : outre Martin Stevens, on trouve également Emma Danieli (Je suis une légende avec Vincent Price) et Yoko Tani, une habituée de l’espionnage dans les années 60 puisqu’on la verrait également dans des films aux titres aussi poétiques que Tonnerre sur Pékin, Agent Z55 : Mission désespérée ou encore Mission suicide à Singapour.
Comme d’habitude cela dit, Umberto Lenzi parvient à rattraper les défauts de son film grâce à une poignée de plans fulgurants, ou d’idées de mise en scène très originales. Au final, Des fleurs pour un espion s’impose comme une réussite partielle, à laquelle il ne manquait qu’un soupçon de folie pour devenir un classique immédiat.
Le DVD
[4,5/5]
Pour son arrivée en vidéo, Des fleurs pour un espion s’offre une belle édition DVD sous les couleurs d’Artus Films, et intègre la collection « Euro Spy » de l’éditeur. Comme d’hab avec Artus, les prestations techniques sont plus que satisfaisantes : la galette nous offre une définition très précise (dans les limites évidentes d’un encodage en définition standard), ne perdant de sa superbe que dans les (rares) plans du film en basse lumière, logiquement moins réussis. Néanmoins, l’ensemble demeure tout à fait solide. Côté son, on a uniquement droit à un mixage Dolby Digital 2.0 proposé au choix en VF ou en VO, aux dialogues clairs et proposant un bon équilibre entre les voix et la musique.
Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord une passionnante présentation du film par Christophe Bier (20 minutes). Faisant preuve d’une élocution parfaite et trouvant systématiquement les mots et la tonalité afin de maintenir l’intérêt du cinéphile en éveil, il reviendra sur la création et les motifs récurrents du genre « Euro Spy », ainsi que sur Umberto Lenzi et le casting du film. On terminera ensuite avec le générique italien du film, ainsi qu’avec une galerie photo et la traditionnelle bande-annonce.