Test Blu-ray : Rob Zombie Trilogie

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La maison des mille morts / The devil’s rejects / 3 from Hell

États-Unis : 2003-2019
Titre original : –
Réalisation : Rob Zombie
Scénario : Rob Zombie
Acteurs : Sid Haig, Bill Moseley, Sheri Moon Zombie
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 5h10 environ
Genre : Horreur, Thriller
Date de sortie DVD/BR : 5 décembre 2020

Plongez dans une vague de meurtres, de folie et de chaos avec La maison des 1000 morts (2003), The devil’s rejects (2005) et 3 from Hell (2019), la trilogie de Rob Zombie consacré aux tueurs du clan dément des Firefly…

Les films

[5/5]

A l’occasion de la sortie de 3 from Hell, le troisième opus de la trilogie consacrée par Rob Zombie aux dégénérés de la famille Firefly, Metropolitan Vidéo a mis les petits plats dans les grands, et nous propose aujourd’hui un coffret « Rob Zombie Trilogie », réunissant – enfin – tous les films de la saga en Haute-Définition. Un sacré événement puisque les deux premiers opus de la franchise, La maison des 1000 morts et The devil’s rejects, étaient jusqu’ici inédits en Blu-ray dans l’hexagone, et qu’ils s’offrent de loin les meilleurs masters que l’on ait vu pour ces films dans le monde entier…

La maison des 1000 morts

Tout commence en 2003, avec La maison des 1000 morts. Tourné avec la hargne propre aux premiers films, cet uppercut cinématographique s’avère – déjà – un coup de maître. Conçu comme un hommage foutraque à Massacre à la tronçonneuse et à ses suites, La maison des 1000 morts prend place en 1977, et suit un petit groupe de jeunes gens aux prises avec une famille de psychopathes dégénérés. Glauque, dérangeant et bien plus réfléchi qu’il n’y paraît, ce premier film de Rob Zombie pose les bases d’un univers très riche. Poisseux en diable, le film s’avère extrêmement déférent envers les classiques du genre, et fait ouvertement preuve d’un immense respect au genre. On en veut pour preuve les nombreux inserts de films célèbres qui émaillent le film de Rob Zombie : on y a en effet repéré des extraits de The old dark house (1932), Le loup-garou (1941), La maison de Frankenstein (1944) et même le tristement célèbre Face à la mort (1978).

Pour autant, La maison des 1000 morts n’en est pas uniquement tourné vers le passé : comme pour rappeler au spectateur qu’il vient du heavy metal, Zombie opte pour une mise en scène extrêmement « clippesque », très visuelle, et pratiquant volontiers l’Art de la « digression graphique », avec de nombreux passages non narratifs destinés à plonger le spectateur au cœur d’une ambiance malsaine, étouffante. Cela a pour conséquence de littéralement jeter le public en pâture à ses monstres dans un véritable cauchemar de celluloïd, l’ambiance oppressante de l’ensemble étant régulièrement amplifiée par le recours du cinéaste à ces plans courts, bordéliques, aussi secs et brutaux que l’histoire qui nous est ici contée.

La maison des 1000 morts s’impose de fait comme un véritable chef d’œuvre dans son genre, celui du shocker hardcore et rock’n’roll. Très maniérée, la mise en scène de Rob Zombie souffle sans cesse le chaud et le froid, avec notamment cette inoubliable séquence de la découverte des cheerleaders enlevées par les Firefly, lyrique et sirupeuse, se déroulant avec une chansonnette de Slim Whitman en fond sonore, et s’achevant sur un long, très long plan aérien durant lequel le sort du personnage incarné par Walton Goggins reste en suspens. Un putain de plan qui achève littéralement le spectateur en lui confirmant la naissance d’un grand cinéaste.

Complaisant, imprévisible et gentiment hystérique par passages, La maison des 1000 morts joue ainsi la carte de la barbarie furieuse, mais l’ambition développée par Rob Zombie dans sa forme tout autant que dans ses dialogues et son interprétation, littéralement au top, en fait réellement l’un des films d’horreur les plus puissants et les plus mémorables des années 2000. C’est d’autant plus clair que le film tient également un peu du « fourre-tout » horrifique, revisitant dans sa première partie le survival redneck à la Tobe Hooper pour finalement mieux se vautrer, dans son dernier acte, dans le conte gothico-morbide ultra-contemporain, notamment influencé par le jeu vidéo horrifique de l’époque (Silent Hill, American McGee’s Alice...).

La maison des 1000 morts se révèle donc une expérience de cinéma puissante et viscérale, nous proposant une plongée éprouvante et jusqu’au-boutiste au cœur d’une Amérique malade, littéralement rongée par son histoire teintée de violence.

The devil’s rejects

Deux ans après notre rencontre avec le Firefly, Rob Zombie revient à ses attachants personnages de psychopathes avec The devil’s rejects, le seul film de la trilogie à avoir droit à une sortie dans les salles obscures en France en 2005, dans un circuit très limité de 70 salles. Peu désireux cependant de faire ce que le public attendait de lui, il décide de prendre tout le monde à revers avec son nouveau film qui, s’il s’inscrit certes toujours dans le cinéma de genre hérité des années 70, n’évoluera plus dans le survival et le film d’horreur, mais plutôt dans le registre du thriller, et plus particulièrement du chase movie ou film de cavale.

En effet, The devil’s rejects s’impose comme un road movie criminel sentant le souffre et la poussière. On y suivra la cavale de notre famille de freaks à travers les États-Unis dans un ride grandiose et dérangeant, prototype même du feel bad movie nourri de sauvagerie et de cette culture de la violence typiquement américaine. De fait, Zombie rompt véritablement avec le ton mis en place au cœur de La maison des 1000 morts : exit le sentiment d’oppression et d’enfermement, place à une fuite en avant aussi noire que vraiment désespérée.

Dans le déroulement de The devil’s rejects, Rob Zombie abandonne donc les classiques de l’horreur pour convoquer l’âme brutale et teintée d’asphalte des grands films libertaires pessimistes de la fin des années 60 et du début des années 70. On pense évidemment au cinéma de Sam Peckinpah, mais également à Sergio Leone ou , le tout étant véritablement mis au service d’un carnage redneck gentiment azimuté, porté non seulement par le trio de tête Firefly (Sid Haig, Sheri Moon Zombie, Bill Moseley) mais également par un William Forsythe absolument grandiose en shérif sadique et illuminé, prêt à tout pour venger la mort de son frère (déjà incarné par William Forsythe dans le film précédent).

Une des grandes forces du film est d’ailleurs de, finalement, parvenir à amener le spectateur à avoir de l’empathie pour les monstres qu’il met en scène. The devil’s rejects ne suit en effet pas le schéma classiques mettant en scène de gentils flics face à de méchants psychopathes, mais oppose bel et bien deux formes extrêmes de bestialité, chacune se situant d’un côté et de l’autre de la loi. Au point que bien sûr, le personnage du flic incarné par William Forsythe est par bien des aspects pire que les bêtes qu’il traque à travers le pays. Nihiliste mais ô combien réjouissant, The devil’s rejects n’épargnera rien ni personne.

Derrière la caméra, Rob Zombie semble se faire d’avantage confiance, et abandonne la surenchère de plans clippesques qui faisaient (aussi) le charme de La maison des 1000 morts au bénéfice d’une sécheresse collant cela dit parfaitement avec son sujet. Plans larges, contrastes extrêmement poussés, ambiances crépusculaires héritées du western. Le tout baignant dans la poussière et le sang, sous un cagnard de plomb. L’abandon des visuels baroques n’empêche cependant pas à The devil’s rejects de s’avérer formellement époustouflant. Cependant, le cinéaste n’abandonne pas pour autant son goût pour le genre, ni pour le clin d’œil complice et référentiel, comme le prouve la présence au casting de deux acteurs majeurs du cinéma horrifique des années 70 : Michael Berryman (La colline a des yeux) et Ken Foree (Zombie).

Souvent considéré comme le chef d’œuvre de la carrière de Rob Zombie, The devil’s rejects fait partie de ces films qui traversent le temps sans prendre une seule ride, et qui s’enrichissent même vraisemblablement à chaque nouveau visionnage. Deuxième film donc, et deuxième putain de chef d’œuvre pour Rob Zombie, qui s’imposait dès lors comme l’un des meilleurs cinéastes US en activité. Rien que ça !

3 from Hell

Presque quinze ans après The devil’s rejects, Rob Zombie retrouve donc la « famille » Firefly avec 3 from Hell, qui nous propose une nouvelle balade secouante aux côté de trois agités du bocal. Au fil des séquences, les trois personnages incarnés par Sheri Moon Zombie, Bill Moseley et Richard Brake sèment le chaos et la violence partout où ils passent, le cinéaste n’ayant décidément pas son pareil pour faire brutalement passer l’ambiance de l’humour au chaos le plus choquant, distillant le malaise par l’usage d’une violence excessive et inattendue. Néanmoins, si les héros représentent la lie de l’humanité, on ne peut s’empêcher de s’attacher à eux et de les trouver sympathiques. Car, comme dans The devil’s rejects, si le clan Firefly est bel et bien composé de trois ordures, que dire du monde en déliquescence au cœur duquel ils évoluent ? Oui, ils sont « méchants », mais les autres sont encore pires : l’avidité, la haine ou l’appât du gain les entourent, et chacun suivra l’évolution de ces « 3 de l’enfer » à l’aune de sa propre morale.

Passant d’un genre à l’autre avec une aisance folle, Zombie expérimente, bifurque, change d’humeur comme de style formel, la péloche crasseuse et viciée laissant occasionnellement place à des plans littéralement sublimes, évidemment signés par son complice David Daniel à la photo. L’expérience est certes un peu déstabilisante (d’aucuns pourront penser que l’ensemble manque de cohésion ou d’équilibre), mais puissamment portée par l’énergie et la joie sadiques du trio central de psychopathes. Au final, le seul regret que l’on puisse avoir en tant que spectateur réside en fait dans la relative brièveté de chacune de ces incursions dans les différents genres, qu’on aurait aimé voir durer plus longtemps.

Violent, barge et provocateur, proposant un mélange des genres hétérogène nourri de sauvagerie et d’une certaine culture de la violence, 3 from Hell risque de laisser plus d’un spectateur sur le carreau. Pourtant, avec son récit porté par l’énergie et la décontraction de sa famille de tarés psychopathes, Rob Zombie parvient paradoxalement à imposer une galerie de personnages finalement bien plus fascinants et attachants qu’ils ne sont repoussants.

Et si 3 from Hell vire souvent au cauchemar éveillé, le ressenti général se démarque un peu du « feel bad movie » auquel l’ancien leader de White zombie nous avait habitué jusqu’ici. La violence tape certes toujours aussi dur, le sang gicle et les hurlements vont bon train, mais pour la première fois – peut-être grâce à un final ouvertement tourné vers le « soleil » – l’horreur laisse occasionnellement la place à une certaine poésie, dessinant avec un peu plus de précision que ses opus précédents les contours du monde déglingué, crasseux et peuplé de monstres développé par Rob Zombie dans son cinéma depuis 2003. Un univers vaste, baroque, déroutant, dérangeant et vicelard, qui s’enrichira vraisemblablement à chacun de ses nouveaux longs-métrages de nouveaux aspects tordus et inédits.

Le coffret Blu-ray

[5/5]

Étant donné l’attente fébrile entourant la sortie de ce coffret « Rob Zombie Trilogie » (on rappelle que La maison des 1000 morts et The devil’s rejects étaient jusqu’ici inédits en Blu-ray), Metropolitan Vidéo n’avait pas le droit à l’erreur, et l’éditeur semble l’avoir tout à fait compris, puisqu’il nous propose de redécouvrir les trois films de Rob Zombie dans des conditions exceptionnelles, et au cœur d’une édition absolument imparable et définitive.

On notera déjà d’entrée de jeu que ce coffret « Rob Zombie Trilogie » joue vraiment la carte du « bel objet » de collection. Les quatre disques (trois Blu-ray, un DVD) sont donc présentés dans une édition au standing grand luxe : un digipack quatre volets illustré et surmonté d’un étui cartonné. La maquette, la conception graphique et les illustrations qui ornent le coffret, de toute beauté dans un style d’aplats agressifs à la David Lapham, sont signées Olivier Fertel. Bref, il s’agit d’une édition tout simplement parfaite, de toute beauté, dénotant de tout le soin déployé par l’éditeur afin de proposer au consommateur un produit de luxe, qu’il sera fier de voir trôner dans sa bibliothèque.

Côté Blu-ray, le boulot effectué par Metropolitan sur la restauration et le transfert des films est vraiment impressionnant, et côté rendu, ces nouvelles éditions made in France enterrent littéralement les Blu-ray sortis aux États-Unis il y a une dizaine d’années. Les copies sont de toute beauté, respectueuses de la forte granulation d’origine dans le cas de The devil’s rejects et 3 from Hell, avec un piqué précis et des couleurs restituant parfaitement l’ambiance oppressante voulue par Rob Zombie. Mais c’est bel et bien dans le cas de La maison des 1000 morts que la différence avec le Blu-ray US est la plus impressionnante : pas le moindre filtrage numérique à l’horizon, le grain est d’une finesse incroyable, la définition exemplaire, riche d’un niveau de détail souvent surprenant. Les riches éléments de décor apparaissent dans leur plus baroque netteté, les couleurs vives et saturées sont d’une tenue exemplaire, bref, c’est du tout bon. La préservation des tons d’origine a été très soignée, seuls quelques plans à effets accusent d’une légère baisse de définition. Côté son, les trois films sont proposés dans d’impressionnants mixages DTS-HD Master Audio 5.1, à la fois en VF et en VO. Les pistes audio sont d’un dynamisme échevelé, surtout sur les scènes les plus intenses et/ou hystériques, et quand la violence commence à se déchaîner, tous les canaux y vont de leur puissance et le caisson de basses sollicité à intervalles très réguliers. Voila qui ajoute encore à l’ambiance et participe pleinement à l’immersion du spectateur au cœur de la trilogie. Sans vouloir faire les snobinards, on ajoutera cependant que cette « Rob Zombie Trilogie » ne pourra s’apprécier à sa juste valeur qu’en version originale, pour apprécier au plus près le jeu des acteurs.

Du côté des suppléments, pas de nouveautés à proprement parler, mais il est à noter que Metropolitan Vidéo recycle l’intégralité des suppléments disponibles sur les DVD déjà sortis sous la bannière de l’éditeur au cheval ailé. Dans le cas de La maison des 1000 morts, on se régalera donc d’une featurette ainsi que d’un commentaire audio (VOST). The devil’s rejects aura également droit à son commentaire audio (VOST), auquel on ajoutera l’intégralité du DVD de suppléments déjà disponibles dans l’édition 2 DVD Collector de 2007 – scènes coupées, spots TV et surtout 30 jours en enfer, un énorme making of de plus de deux heures passionnant et sans la moindre langue de bois. Vous retrouverez l’intégralité des suppléments de 3 from Hell dans notre test du Blu-ray unitaire sorti l’année dernière.

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