Test Blu-ray : Microhabitat

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Microhabitat

Corée du Sud : 2017
Titre original : So-gong-nyeo
Réalisation : Jeon Go-Woon
Scénario : Jeon Go-Woon
Acteurs : Esom, Ahn Jae-hong, Choi Deok-moon
Éditeur : Spectrum Films
Durée : 1h44
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie cinéma : 1 novembre 2018
Date de sortie DVD/BR : 30 juillet 2020

Mi So, jeune femme de 31 ans, vit modestement de son travail de femme de ménage, tout en économisant pour s’offrir chaque soir un verre de whisky et du tabac. Mais quand son salaire ne suffit plus, elle décide de quitter son appartement, plutôt que s’endetter et se priver de ses petits plaisirs. Pour survivre, elle parcourt alors Séoul, à la recherche de chacun des membres de son ancien groupe de musique…

Le film

[4/5]

Flânerie nocturne, poétique et sociale, Microhabitat s’impose comme une réponse de la réalisatrice sud-coréenne Jeon Go-Woon au cinéma de Jim Jarmusch ou de Mike Leigh. A la fois léger et grave, porté par une drôlerie irrésistible et l’excellente prestation d’actrice d’Esom (Man on high heels), le film de Jeon Go-Woon s’impose en effet comme un récit à la fois sincère et distancié, posant de grandes et vraies questions sur la « vie d’adulte », sur les rêves et les ambitions d’hier se confrontant – parfois brutalement – avec la réalité d’aujourd’hui.

Et pourtant, les aspirations spirituelles de Miso, le personnage au cœur de Microhabitat, ne semblent pas insurmontables à priori : tout ce qu’elle désire, c’est voir son petit ami, et profiter de ses petites clopes du soir et de son whisky – un Glenfiddich de préférence. Pourtant, les petits boulots qu’elle enchaine ne lui permettent plus tout à la fois de payer son loyer et de subvenir à ses besoins en cigarettes et whisky. Que faire alors au cœur de cette Corée du Sud qui ne lui permet plus de vivre la vie qu’elle désire ? Faut-il s’endetter ou tout plaquer ?

A cette question, le personnage incarné à l’écran par Esom répondra par le deuxième choix, résolvant son problème en optant pour un mode de vie alternatif, que peu auraient le courage d’embrasser, surtout du jour au lendemain. Bien sûr, les mauvaises langues pourront arguer qu’il ne se passe pas grand-chose dans l’intrigue de Microhabitat, mais là n’est certainement pas sa raison d’être : l’idée est d’avantage de partager un moment avec le personnage du film, de le comprendre, de se connecter à son mode de pensée.

Grâce à la mise en scène de Jeon Go-Woon, vous y parviendrez d’ailleurs sans le moindre problème. La philosophie de Miso est simple, et du début à la fin du film, elle restera fidèle à ce qu’elle est, et refusera la servitude au système. La société en revanche est compliquée, et forcera la plupart des gens à plier, le spectateur les rencontrera d’ailleurs, l’un après l’autre. Pas elle. Les dernières scènes du film sont d’ailleurs d’une rare beauté, jusque dans les questions qu’elles soulèvent. Procurant une joie simple et émouvante, Microhabitat s’avère parfaitement rythmé, et amène ses arguments au spectateur de façon subtile et sur un timing parfait.

Ayant bien retenu les leçons de Jarmusch, Jeon Go-Woon plongera le spectateur au plus proche de la personnalité de Miso, en paix avec elle-même. Peut-être réussira-t-elle à vous contaminer !

Le Blu-ray

[4,5/5]

Sorti au format Blu-ray sous les couleurs de Spectrum Films, Microhabitat est non seulement proposé dans une édition Combo Blu-ray + DVD, mais la copie Haute-Définition qui nous est proposée ici par l’éditeur français envoie le bois niveau image. Le master est sublime, avec un grain préservé, un très beau piqué et un niveau de détail nous permettant d’admirer en profondeur le moindre détail des plans magnifiques signés Jeon Go-Woon et Kim Tae-soo à la photo. Les contrastes sont très affirmés, les noirs d’une profondeur absolue, c’est du très beau travail. Côté son, seule la VO est proposée en DTS-HD Master Audio 5.1, et propose un bon confort d’écoute, un bon dynamisme, bref une immersion absolue, avec un excellent équilibrage entre la musique et les voix.

Rayon suppléments, on aura tout d’abord droit à une longue présentation du film par Antoine Coppola (53 minutes), qui remettra le film dans son contexte de tournage ainsi que dans la carrière de la réalisatrice Jeon Go-woon, qu’il évoquera par ailleurs assez longuement. On continuera ensuite avec un entretien avec Jeon Go-woon (7 minutes), au cours duquel cette dernière reviendra sur le fait que le prix exorbitant de l’immobilier à Séoul prive la population des choses qui lui paraissent importantes, et sa volonté de traiter de ce sujet important avec humour. Pour terminer, et en plus de la traditionnelle bande-annonce, on trouvera deux courts-métrages réalisés par Jeon Go-woon : Too bitter to love (2008, 22 minutes) et Bad scene (2012, 18 minutes). Passionnant et très complet !

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