Avancer, reporter ou maintenir ? Ce dilemme, les distributeurs français le connaissent hélas très bien depuis la réouverture des salles obscures il y a quatre mois. Il est devenu encore plus aigu depuis le couvre-feu, instauré dans les plus grandes villes du pays depuis samedi dernier. Afin de soutenir une filière en grande difficulté financière, les distributeurs continuent néanmoins de faire preuve de courage. Car pour une semaine en pleines vacances de la Toussaint, le programme des sorties de ce mercredi n’a strictement rien de honteux. Tout un chacun devrait donc y trouver son compte, entre les amateurs de contes d’enfants sirupeux, les fans de films de zombies coréens et les inconditionnels de documentaires extra-longs.
Pour notre part, nous nous rangeons une fois de plus derrière l’avis de notre cher confrère Jean-Jacques. Ses deux coups de cœur sont aussi les nôtres : le documentaire brûlant d’actualité dans un contexte social où aucun emploi ne paraît plus assuré Le Feu sacré de Eric Guéret, ainsi que, dans un espace-temps très loin de ces préoccupations causées par la crise sanitaire, le beau portrait d’un sculpteur de génie Michel-Ange de Andreï Kontchalovski.
Notre troisième conseil de la semaine porte sur une comédie à l’humour foncièrement irrévérencieux. A l’image de son acteur-réalisateur, le formidable Albert Dupontel, qui livre avec Adieu les cons un septième long-métrage aussi ébouriffant que les précédents, depuis Bernie en 1996 jusqu’à Au revoir là-haut sorti il y a trois ans presque jour pour jour.
L’immense majorité des autres sorties peuvent également valoir le détour. A commencer par le très long documentaire de Frederick Wiseman City Hall, qui fait durer son incursion à la mairie de Boston plus de quatre heures et demi ! C’est encore trente minutes de plus que son film le plus long sorti en France jusqu’à présent, At Berkeley en 2014 sur la prestigieuse université américaine près de San Francisco. Avec une telle durée et avec les restrictions du couvre-feu en prime, il vous sera quasiment impossible de vous faire une journée dédiée au documentaire cette semaine, entre celui-ci et le récit fleuve Israël Le Voyage interdit de Jean-Pierre Lledo dont la troisième partie sort ce mercredi.
Enfin, du côté des films plus accessibles, inutile de résister outre mesure à la curiosité que provoquent chez nous la suite de Dernier train pour Busan du même réalisateur, Peninsula de Yeon Sang-ho, le conte d’anticipation à la distribution prestigieuse et au sujet vaguement cinématographique Last Words de Jonathan Nossiter, Petit vampire le deuxième film d’animation de l’auteur de bande dessinée Joann Sfar, neuf ans après Le Chat du rabbin, et Miss de Ruben Alves à qui l’on souhaite le même succès que le premier film du réalisateur, La Cage dorée.
Adieu les cons de Albert Dupontel (France, Comédie, 1h27, distribué sur 632 copies) avec Virginie Efira, Albert Dupontel et Nicolas Marié
City Hall de Frederick Wiseman (États-Unis, Documentaire, 4h32, distribué sur 28 copies)
Le Feu sacré de Eric Guéret (France, Documentaire, 1h41) (critique)
Israël Le Voyage interdit Partie III Pourim de Jean-Pierre Lledo (Israël, Documentaire, 3h00)
Last Words de Jonathan Nossiter (États-Unis, Anticipation, 2h06, distribué sur 50 copies) avec Nick Nolte, Kalipha Touray et Charlotte Rampling
Michel-Ange de Andreï Kontchalovski (Russie, Biographie filmique, 2h09, distribué sur 140 copies) avec Alberto Testone, Jakob Diehl et Adriano Chiaramida (critique)
Miss de Ruben Alves (France, Comédie, 1h48, distribué sur 290 copies) avec Alex Wetter, Pascale Arbillot et Isabelle Nanty
Pas en mon nom de Daniel Kupferstein (France, Documentaire, 1h32)
Peninsula de Yeon Sang-ho (Corée du Sud, Action, 1h54) avec Gang Dong-won, Lee Jung-hyun et Kwon Hae-hyo
Petit vampire de Joann Sfar (France, Animation, 1h22, distribué sur 424 copies)
Poly de Nicolas Vanier (France, Aventure, 1h42, distribué sur 686 copies) avec François Cluzet, Julie Gayet et Patrick Timsit
Reprise
Manhunter (1986) de Michael Mann (États-Unis, Thriller, 1h58) avec William Petersen, Kim Greist et Joan Allen