Décès de l’acteur Michael Lonsdale

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Le Fantôme de la liberté © 1974 Jean Distinghi / Greenwich Film Productions / Carlotta Films Tous droits réservés

L’acteur français Michael Lonsdale est décédé hier à Paris. Il était âgé de 89 ans. Un monument incontestable du cinéma français et européen pendant plus d’un demi-siècle, du milieu des années 1950 à celui des années 2010, Lonsdale avait su se glisser avec maestria dans la peau de centaines de personnages. Essentiellement cantonné aux seconds rôles, il avait tourné avec les plus grands réalisateurs de son époque, de Orson Welles à Manoel De Oliveira, de Luis Buñuel à Ermanno Olmi, en passant par une collaboration soutenue avec Jean-Pierre Mocky. Sans oublier ses incursions remarquées dans le cinéma anglophone, notamment en tant que méchant Hugo Drax face au James Bond interprété par Roger Moore dans Moonraker de Lewis Gilbert.

India Song © 1975 Jean Mascolo / Les Films Armorial / Sunchild Productions / Roissy Films / Tamasa Distribution
Tous droits réservés

Très longtemps avant de devenir le vieux sage espiègle du cinéma français, Michael Lonsdale avait commencé plutôt timidement sa carrière au milieu des années ’50 dans des films comme Une balle dans le canon de Charles Gérard et Michel Deville, La Main chaude de Gérard Oury, Adorable menteuse de Michel Deville – seul aux commandes cette fois-ci – et La Dénonciation de Jacques Doniol-Valcroze. C’est en 1962 que son chemin croise pour la première fois celui du réalisateur Jean-Pierre Mocky pour le caustique Snobs ! Ils allaient encore faire équipe à huit reprises, jusqu’en 2013, à travers La Bourse et la vie, Les Compagnons de la marguerite, La Grande lessive, L’Étalon, Chut !, Un linceul n’a pas de poches, Le Furet et Le Renard jaune.

Monsieur Klein © 1976 Victor Rodrigue / Adel Productions / Lira Films / Mondial Televisione Film / Nova Films /
Les Acacias Tous droits réservés

Également en 1962, il avait tourné dans son premier film anglophone, le chef-d’œuvre kafkaïen Le Procès de Orson Welles. Parfaitement bilingue puisque d’origine franco-anglaise, Michael Lonsdale allait continuer à tourner pour quelques uns des réalisateurs les plus prestigieux du cinéma hollywoodien. Ainsi, il s’est mis au service de Fred Zinnemann (Et vint le jour de la vengeance et Chacal), Joseph Losey (Galileo et Une Anglaise romantique), J. Lee Thompson (Passeur d’hommes), Lewis Gilbert donc (Moonraker), Jeannot Szwarc (Enigma), John Frankenheimer (Le Pacte Holcroft et Ronin), James Ivory (Les Vestiges du jour et Jefferson à Paris), Steven Spielberg (Munich), Milos Forman (Les Fantômes de Goya) et Alejandro Amenabar (Agora).

Moonraker © 1979 Patrick Morin / Eon Productions / Les Productions Artistes Associés / MGM Tous droits réservés

Enfin, l’essentiel de sa carrière s’est tout de même déroulé en France. A partir du milieu des années 1960, on a pu l’y voir, abonné aux seconds rôles savoureux, dans Les Copains de Yves Robert, Je vous salue mafia de Raoul Lévy, Paris brûle-t-il ? de René Clément, L’Homme à la Buick de Gilles Grangier, La Mariée était en noir et Baisers volés de François Truffaut, Hibernatus et Le Téléphone rose de Edouard Molinaro, Détruire dit-elle, Jaune le soleil, India Song et Son nom de Venise dans Calcutta désert de Marguerite Duras, Le Souffle au cœur de Louis Malle, Les Assassins de l’ordre de Marcel Carné, Out 1 de Jacques Rivette, La Vieille fille de Jean-Pierre Blanc, Il était une fois un flic de Georges Lautner, Glissements progressifs du plaisir de Alain Robbe-Grillet, Stavisky de Alain Resnais, Le Fantôme de la liberté de Luis Buñuel, Section spéciale de Costa-Gavras, Folle à tuer de Yves Boisset et Monsieur Klein de Joseph Losey – César du Meilleur Film en 1977.

Des hommes et des dieux © 2010 Why Not Productions / Armada Films / France 3 Cinéma / Mars Distribution
Tous droits réservés

A partir des années ’80, Lonsdale était toujours aussi prolifique, notamment dans Une jeunesse de Moshé Mizrahi, Le Juge de Philippe Lefebvre, Le Bon roi Dagobert de Dino Risi, L’Éveillé du Pont de l’Alma de Raoul Ruiz, Le Nom de la rose de Jean-Jacques Annaud – César du Meilleur Film étranger en 1987 – , Ma vie est un enfer de Josiane Balasko, Nelly et Monsieur Arnaud de Claude Sautet – Prix Louis Delluc en 1995 – , Que la lumière soit de Arthur Joffé et Le Château des singes de Jean-François Laguionie. Idem à partir des années 2000 avec Les Acteurs de Bertrand Blier, Ceux d’en face de Jean-Daniel Pollet, Le Mystère de la chambre jaune, Le Parfum de la dame en noir et Bancs publics [Versailles rive droite] de Bruno Podalydès, Adieu de Arnaud Des Pallières, 5 X 2 de François Ozon, Les Invisibles de Thierry Jousse, Gentille de Sophie Fillières, La Question humaine de Nicolas Klotz, Une vieille maîtresse de Catherine Breillat et Je vais te manquer de Amanda Sthers.

Le Village de carton © 2011 Gabriele Torsello / Cinemaundici / Rai Cinema / Bodega Films Tous droits réservés

Enfin, les cinq dernières années de la vie active de Michael Lonsdale étaient ponctuées de quelques beaux rôles de vieillesse, dont Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois – Grand Prix au Festival de Cannes en 2010 et César du Meilleur Film en 2011 – , Les Hommes libres de Ismaël Ferroukhi, Le Village de carton de Ermanno Olmi, Gebo et l’ombre de Manoel De Oliveira, Maestro de Léa Fazer et Les Premiers les derniers de Bouli Lanners, son ultime film sorti en France en janvier 2016.

Les Premiers les derniers © 2016 Kris Dewitte / Versus Production / ADCB Films / Prime Time / Wild Bunch Distribution
Tous droits réservés

Michael Lonsdale a été nommé à trois reprises au César du Meilleur acteur dans un second rôle, pour Nelly et Monsieur Arnaud, La Question humaine et Des hommes et des dieux. Il l’avait gagné pour ce dernier en 2011. Il a été nommé aux BAFTAs dans la même catégorie en 1974 pour Chacal.

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