The babysitter – Killer queen
États-Unis : 2020
Titre original : –
Réalisation : McG
Scénario : Dan Lagana, McG
Acteurs : Judah Lewis, Bella Thorne, Emily Alyn Lind
Distributeur : Netflix France
Durée : 1h42
Genre : Horreur, Comédie
Date de sortie : 10 septembre 2020
Note : 4/5
Deux ans après avoir anéanti une secte satanique dirigée par sa baby-sitter Bee, Cole essaie d’oublier le passé et de se concentrer sur la dure vie de lycéen. Mais quand ses anciens ennemis réapparaissent sans crier gare, le jeune homme doit une nouvelle fois contrer les forces du mal…
Un film gore en mode cartoon
Qu’on se le dise : McG est de retour, et comme le dit l’expression tirée de La cité de la peur, « ça va trancher, chérie » ! Avec The babysitter – Killer queen, le réalisateur du diptyque-culte Charlie’s angels nous propose en effet un divertissement de haut vol, créatif, drôle et gore. Un rollercoaster en mode « Grindhouse », encore plus sanglant, encore plus barré, encore plus drôle.
Comédie d’horreur créée pour Netflix en 2017, The babysitter a suffisamment rapporté à la plateforme de SVOD pour que celle-ci commande à McG un deuxième épisode. Ce dernier, roi de la référence et metteur en scène iconique SA MÈRE, décide de reprendre l’écriture du film avec la complicité de Dan Lagana, showrunner de l’hilarante série American vandal en 2017-2018. De fait, les deux lascars font monter les enchères en termes de puissance comique, transformant The babysitter – Killer queen en une comédie aussi gore que franchement cartoonesque, enchaînant les outrances et les gags comme un épisode hardcore de Bip-Bip et le coyote. On n’en est pas tout à fait tout de même à la version live de Happy tree friends, mais on s’en approche, le film balançant des hectolitres de sang sur ses acteurs et se révélant parfois extrêmement créatif dans ses mises à mort, comme par exemple avec ce lustre composé de bois de cerf transperçant littéralement un des personnages.
Retour aux 80’s
Désireux de ne pas mettre en scène une simple « redite » du premier épisode, ils sacrifient le personnage de Bee incarné par Samara Weaving, indissociable du premier épisode, et emmènent The babysitter – Killer queen loin des décors typiques de la production Amblin Entertainement. En effet, McG et Dan Lagana décident, par le biais d’une intrigue surréaliste qui leur servira de prétexte à enchaîner les rebondissements, de (re)visiter les décors typiques de slashers des années 80 : le bateau, le feu de camp (avec redneck en mode Delivrance), la jetée en bois plongée dans la brume, la cabane à la Evil Dead…
L’amour du genre et des 80’s est sincère – McG pratiquait déjà l’Art de la référence dans ses premiers films, à une époque où être geek n’était pas encore à la mode. On le remarquera ici par le biais de certaines références vraiment – et volontairement – obscures ou tirées par les cheveux, telles que ce code à 7 chiffres tiré de la chanson « Jenny » du groupe pop Tommy Tutone. C’est d’autant plus évident ici que McG tisse au cœur de The babysitter – Killer queen une gamme d’influences encore plus large, de la musique aux motifs visuels en passant par les dialogues, qui multiplient les références bien au-delà des limites conventionnelles du genre horrifique. Défiant les contraintes habituelles du genre de la comédie d’horreur, McG ose les ruptures de ton, casse les parois entre les genres, citant pêle-mêle Rob Reiner, John Hughes, Matrix ou encore Terminator 2 (véritable obsession chez le cinéaste, puisqu’il citait déjà ouvertement le film de James Cameron en 2003 dans Charlie’s angels – Full throttle).
Mélange des genres
Toujours aussi décalé et référentiel, The babysitter – Killer queen s’impose de ce fait comme une véritable déclaration d’amour claire aux slashers et à toute la pop-culture des années 80, avec un peu de 70’s et de 90’s saupoudré au-dessus également. Visuellement, le film est une tuerie atomique, McG faisant son possible pour livrer au public les délires formels les plus excentriques dans ce qui s’impose comme une perle de comédie, mixant l’humour trash, le teen-movie, la romance et bien sûr les meurtres aussi imaginatifs que sanglants. Comme dans le film original, McG ne perdra pas de temps en considérations psychologiques, et après avoir rapidement réintroduit les personnages et l’intrigue générale, il ne lâchera plus le spectateur, imposant son rythme et ses délires, parfois bien barrés.
Brassant plus large que son prédécesseur, et surtout ne semblant rien s’interdire en termes de scénario et de digressions humoristiques, The babysitter – Killer queen s’avère probablement plus gore, encore plus bizarre et barré, et surtout beaucoup plus drôle que le premier film – le film met clairement encore d’avantage l’accent sur la comédie pure, avec une flopée de gags et de punchlines vraiment très, très drôles. Bien sûr, et comme le suggère forcément le déluge de sang et de viscères qui caractérise le film, l’humour sera plutôt à réserver à un public adulte, car le plus souvent situé en dessous de la ceinture, quitte à faire dans le carrément graveleux.
Ils sont venus, ils sont tous là
Et puisqu’on parle d’humour décomplexé, les personnages des deux pères – celui de Cole (Judah Lewis) et celui de Melanie (Emily Alyn Lind) – incarnés par Ken Marino et Chris Wylde délivreront une belle série de scènes comiques en mode « stoner movie » assez fendard.
D’ailleurs, côté acteurs, on retrouvera avec plaisir les personnages de Max (Robbie Amell), Sonya (Hana Mae Lee), John (Andrew Bachelor) et Allison (Bella Thorne), les démons gravitant autour du personnage de Bee (Samara Weaving). Détail amusant : le secret autour du retour éventuel de Samara Weaving dans le rôle titre a été scrupuleusement gardé par Netflix jusqu’à la sortie du film le 10 septembre : elle n’apparaissait ni dans la bande-annonce, ni sur l’affiche, ni sur la fiche IMDb dédiée à The babysitter – Killer queen. Sa présence a cependant maintenant été révélée sur IMDb : ce n’est donc plus un [Spoiler] que d’indiquer qu’elle est bel et bien de retour dans le film de McG, mais uniquement dans une petite série de flash-backs ainsi que pour le « Grand Final ». On notera également l’apparition d’un nouveau personnage, incarné par Jenna Ortega : Phoebe, la petite nouvelle à l’école, à la personnalité très marquée et volontiers bizarre.
On retrouvera donc dans The babysitter – Killer queen le charme et l’humour du premier opus, mais en mode bigger and louder. Le style visuel et irrévérencieux de McG, le scénario bourré de références, les incrustations de textes et d’images de style bande dessinée qui apparaissent à l’écran, les intermèdes loufoques, les vannes incessantes… Le film de McG est un concentré de plaisir, mené à un rythme d’enfer par un maestro du divertissement moderne.