Test Blu-ray : Rio Grande

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Rio Grande

États-Unis : 1950
Titre original : –
Réalisation : John Ford
Scénario : James Kevin McGuinness
Acteurs : John Wayne, Maureen O’Hara, Ben Johnson
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h45
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 17 août 1951
Date de sortie DVD/BR : 15 septembre 2020

Peu après la guerre de Sécession, l’attention se tourne vers les indiens apaches. L’officier Kirby York est en charge de l’entraînement de 15 nouvelles recrues parmi lesquelles se trouve son fils qu’il n’a pas vu depuis 15 ans. Alors qu’il entraîne son fils à se battre contre les apaches, Kirby voit arriver la mère de celui-ci qu’il n’a pas vu non plus depuis des années…

Le film

[4/5]

Après Le massacre de Fort Apache et La charge héroïque, et afin de faciliter le montage financier de L’homme tranquille, John Ford accepta de tourner un nouveau western consacré à la cavalerie américaine. C’est ainsi que naquit Rio Grande en 1950, qui permit au cinéaste de retrouver à nouveau John Wayne, et à l’acteur de retrouver le personnage de Kirby York, qu’il incarnait déjà dans Le massacre de Fort Apache. Pour les deux John, Rio Grande a donc du faire un peu l’effet d’une bonne vieille paire de charentaises, confortables, et il est vrai qu’en dépit de toutes ses qualités, le film donne parfois la vague impression que l’équipe n’a pas forcément tenu à forcer son talent avec cet ultime volet de ce qui était, par la force des choses, devenu la « Cavalry trilogy ».

Bon, on n’en est pas encore tout à fait au stade du film de vacances, dans le sens où Rio Grande développe une poignée de séquences mémorables. La tension sexuelle entre John Wayne et Maureen O’Hara est palpable, Victor McLaglen apporte une touche d’humour qui s’avère la bienvenue, et la séquence d’introduction – mettant en scène le retour des cavaliers au fort – est assez grandiose dans son genre. Le noir et blanc du film, photographié par Bert Glennon, est également assez somptueux, avec ses alternances de grande lumière et de passages en clairs-obscurs, qui tendent à renforcer le coté dramatique de certaines scènes.

Ainsi, Rio Grande est globalement remarquable, mais certains petits détails au cœur du film pourront sembler un peu décevants, comme s’ils dénotaient d’un manque d’implication de la part de ses auteurs. Ainsi, le film apparaît comme extrêmement manichéen, et les indiens sont vraiment représentés comme de grands « méchants » de façon assez unilatérale et injustifiée. C’était bien sûr le cas dans tous les westerns à l’époque, mais l’intrigue en elle-même semble encore accentuer ce défaut, au point que Rio Grande puisse aujourd’hui sembler particulièrement raciste ou déplacé aux sensibilités modernes (et ce même en sachant que John Ford n’était sans doute pas raciste).

Dans le même état d’esprit, l’utilisation systématique de la musique des Sons of pioneers, qui apparaissent à tout bout de champ pour nous chanter une petite chanson (neuf en tout !), pourra sembler excessive, au point même de provoquer un effet comique bien involontaire. Heureusement, il n’a pas que des défauts, et malgré son statut de film de commande, Rio Grande reste un grand et puissant western. Un classique des filmographies de John Ford et John Wayne, qu’on pourra probablement voir et revoir avec la même tendresse durant des décennies.

Le Combo Blu-ray + DVD + Livret

[4,5/5]

Après avoir connu plusieurs éditions DVD depuis une vingtaine d’années, Rio Grande débarque donc dans l’hexagone sous les couleurs de Sidonis Calysta, dans la collection « Western de légende ». L’éditeur nous offre d’ailleurs un très beau master, au grain scrupuleusement respecté et aux contrastes d’enfer, renforçant encore l’impact visuel des plans composés par John Ford et son directeur photo Bert Glennon. La restauration a vraiment fait des merveilles. La définition est irréprochable, le piqué d’une précision étonnante, bref, c’est un superbe boulot. Côté son, on se régalera des deux pistes en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine. Dans les deux cas, les dialogues sont clairs et les ambiances bien restituées, sans souffle ni aucun parasite d’aucune sorte.

Côté suppléments, l’éditeur nous a réservé quelques jolies surprises, à commencer bien sûr par le livret de 96 pages consacré à John Ford, rédigé par Patrick Brion et intitulé « John Ford et John Wayne ». Richement illustré de photos, d’affiches et de documents d’archive, il s’échine à nous dresser un portrait assez fidèle des relations entre les deux hommes. Sidonis Calysta nous propose ensuite de découvrir un making of rétrospectif présenté par Leonard Maltin (20 minutes), dans lequel on reviendra tout particulièrement sur le contexte de production du film. On continuera ensuite avec la traditionnelle présentation du film par Patrick Brion (14 minutes). Il reviendra assez longuement sur le statut de film « de commande » du film, puis abordera le film et ses différentes thématiques de façon assez intéressante, même s’il ne semble pas l’adorer. On terminera finalement avec une présentation du film par Jean-François Giré (14 minutes). Il y reviendra notamment sur le choc et la fascination qu’a créé chez lui la redécouverte du film de John Ford, l’image de l’Amérique qu’il propose dans Rio Grande ou encore la galerie de personnages du film.

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