Test Blu-ray : Le Blob

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Le Blob

États-Unis : 1988
Titre original : The Blob
Réalisation : Chuck Russell
Scénario : Chuck Russell, Frank Darabont
Acteurs : Kevin Dillon, Shawnee Smith, Donovan Leitch Jr.
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h35
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 1 février 1989
Date de sortie DVD/BR : 19 août 2020

Une météorite percute la Terre. Une masse informe s’en extrait et grandit en ingérant un à un les habitants d’une ville des Etats-Unis. Le Blob se glisse partout pour traquer ses proies et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Dans cette ambiance d’enfer, Meg Penny et Brian Flagg, tentent de survivre, alors qu’une mystérieuse équipe gouvernementale met la ville en quarantaine…

Le film

[4,5/5]

Pour ceux qui l’ignoreraient encore, Le Blob est un remake du petit film de science-fiction The Blob – Danger planétaire (1958), et s’impose, par sa nature même, comme un hommage aux films de monstres américains des années 50. Quand il s’attelle au remake du film d’Irvin S. Yeaworth Jr, le réalisateur Chuck Russell est encore auréolé du succès critique et populaire de son premier film, Freddy 3 – Les griffes du cauchemar (1987), régulièrement considéré comme le meilleur film de la saga consacrée à Freddy Krueger. Le pari affiché par Russell et la production du film est ambitieux : il s’agit de remettre au goût du jour un film encore assez mal compris, à mi-chemin entre le premier degré et la plaisanterie de potache.

Pour ce faire, Chuck Russell et son complice Frank Darabont se régalent à imaginer pour Le Blob cuvée 1988 un script aussi malin que déroutant, qui s’échinera à faire disparaître la quasi-totalité de ses personnages de « gentils » durant la première demi-heure de métrage. Exit donc le gentil footballeur aux intentions pures tout autant que le brave shérif et la serveuse du Dinner qu’il courtisait – une façon pour les deux coscénaristes de couper court à toute velléité morale ou/et romantique. Le couple de héros « par défaut » du Blob sera donc composé de la cheerleader timide et du bad boy un peu loser, respectivement incarnés par Shawnee Smith (future Angela de la saga Saw) et Kevin Dillon (frère cadet de l’acteur Matt Dillon).

Pur trésor de série B horrifique aussi rythmée qu’hargneuse, Le Blob déroule donc son intrigue sans le moindre temps mort, et enchaine les attaques de Blob avec une générosité assez bluffante. Nul ne sera donc épargné, les gentils, les petits vieux et même les enfants, tout le monde se fera bouffer dans la joie et la bonne humeur par cet amas visqueux de slime. Chaque attaque est un prétexte à un véritable déluge de scènes « gore », peu ragoutantes et encore très réussies et impressionnantes plus de trente ans après la sortie du film dans les salles. L’influence d’un film tel que Street Trash (1987) sur la production est ainsi extrêmement perceptible, même si bien sûr le film de Chuck Russell ne s’engouffre certes pas autant dans les outrances provocatrices et pipi-caca. Néanmoins, les effets spéciaux du Blob affichent également fièrement une volonté d’être absolument « dégueu », avec les chairs des victimes qui fondent et se confondent avec la masse informe de la créature. Le boulot sur les effets spéciaux, signé Tony Gardner (Darkman, Freaked – La cité des monstres), est ainsi particulièrement étonnant et contribue à mettre Le Blob vraiment à part dans la production horrifique de l’époque.

Si The Blob – Danger planétaire s’inscrivait encore, non sans quelques réserves, dans un courant de la science-fiction américaine farouchement anti-communiste, le scénario imaginé par Chuck Russell et Frank Darabont nous propose ici un virage à 180 degrés : Le Blob cuvée 1988 imagine en effet que la créature est issue d’expériences scientifiques américaines, ce qui sous-entend clairement non pas que le danger vient des cocos, mais bel et bien de l’intérieur des États-Unis, dont le gouvernement ment clairement à la population. Le Watergate est passé par là…

Du côté des seconds-rôles, les amateurs de fantastique et de bis des années 80 se réjouiront également de retrouver quelques têtes connues : on pense bien sûr à Paul McCrane, inoubliable Emil dans le Robocop de Paul Verhoeven (celui qui finit dans une cuve d’acide à la fin du film), à Jack Nance (Twin Peaks) dans un petit rôle de médecin, à Frank Collison dans un rôle de projectionniste bouffé par le Blob, à Jeffrey DeMunn (Hitcher) dans le rôle du shérif ou encore à Erika Eleniak dans la peau d’une jeune fille qui ne tardera pas non plus à se faire dévorer par la masse de slime.

Bref, c’est du tout bon pour Le Blob cuvée 1988 : il s’agit en effet d’un film qui n’a pas pris une ride et nous propose notamment des effets spéciaux toujours aussi excellents (on sera plus indulgents concernant les incrustations), un scénario solide et une poignée de punchlines mémorables (« Well, your meteor brought something, alright, but if it’s a germ, it’s the biggest son of a bitch you’ve ever seen »).

En deux mots comme en cent : en bonne petite bisserie vacharde absolument typique des années 80, Le Blob s’apparente au meilleur du cinéma horrifique produit durant cette décennie bénie entre toutes. On le rangera dès lors précieusement aux côtés de chefs d’œuvre du genre tels que Gremlins (Joe Dante, 1984) ou Extra-Sangsues / La nuit des sangsues (Fred Dekker, 1986) ou encore Tremors (Ron Underwood, 1990).

Le Combo Blu-ray + DVD + Livret + Photos

[4,5/5]

C’est sous les couleurs d’ESC Éditions que l’on aura la joie de redécouvrir Le Blob sur support Haute-Définition. Et dès les premiers plans, on constatera que le boulot de restauration a été fait avec soin : le bond qualitatif par rapport à l’édition DVD de 2001 (Sony Pictures) est vraiment saisissant. Le grain d’origine est bien là, le piqué est d’une belle précision, et les couleurs – et dieu sait s’il y a des nuances dans la teinte rosâtre de la créature – sont naturelles et rendent hommage à la belle photo du film, signée Mark Irwin. Bref, on est en présence d’un très beau Blu-ray, même si on constate un léger bruit vidéo durant certaines scènes en basse lumière. Côté son, c’est la classe également : le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 en version originale se révèle particulièrement explosif. Le dynamisme est omniprésent, la spatialisation a été finement pensée et le résultat est vraiment impressionnant. La VO ainsi que la VF d’origine sont également disponibles dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0, naturellement très frontaux, mais également très satisfaisants.

Au rayon des bonus, on trouvera tout d’abord une présentation du film par Olivier Père, journaliste et directeur de la programmation d’Arte (24 minutes). Ce dernier reviendra sur la carrière de Chuck Russell et de Frank Darabont ainsi que sur les qualités du film, qu’il compare à ceux réalisés par Joe Dante à la même époque. Il évoquera d’ailleurs les similitudes entre le script de Gremlins et celui du Blob. Par ailleurs, il nous apprendra également que le « blob », organisme unicellulaire de myxomycète de l’ordre des Physarales, existe dans la réalité. En revanche, il ressemble davantage à une éponge qu’à un amas de slime. On enchaînera avec un entretien avec Chuck Russell (22 minutes), qui se remémorera ses premiers pas dans le cinéma, en assurant le scénario de Dreamscape et la réalisation de Freddy 3 – Les griffes du cauchemar. On continuera ensuite avec un entretien avec le chef opérateur Mark Irwin (18 minutes), qui explique avoir été repéré par la production grâce à son travail sur la photo de La mouche de David Cronenberg en 1986. Il évoquera également sa collaboration avec Chuck Russell ainsi que les conditions de tournage en Louisiane. On terminera enfin avec un entretien avec le créateur des effets spéciaux Tony Gardner (22 minutes), qui évoquera ses débuts dans le métier aux côtés de Rick Baker et Stan Winston, les nombreux films sur lesquels il a travaillé dans les années 80 avant de s’attarder plus précisément sur certaines scènes du Blob. Passionnant et old school ! La section interactivité se fermera sur deux bandes-annonces.

On notera par ailleurs que Le Blob est présenté dans une très belle édition Combo DVD + 2 Blu-ray. En plus du Blu-ray du film que nous venons d’évoquer, on trouvera également le DVD du film de 1988 ainsi que le Blu-ray du film original The Blob – Danger planétaire dont nous avions évoqué les qualités fin 2018. Le DVD du film contient par ailleurs des suppléments inédits : un entretien supplémentaire avec Chuck Russell (25 minutes) ainsi qu’une compilation d’images d’archives sur les effets spéciaux du film (26 minutes). On trouvera également au sein du coffret un livret de 16 pages rédigé par Marc Toullec ainsi que cinq photos du film. Un grand bravo à ESC Éditions donc !

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