Décès de l’actrice Olivia De Havilland

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Capitaine Blood © 1935 Cosmopolitan Productions / Warner Bros. France Tous droits réservés

Moins de six mois après la disparition de Kirk Douglas, le cinéma hollywoodien vient de perdre également sa doyenne. L’actrice américaine Olivia De Havilland est décédée avant-hier à Paris. Elle avait atteint l’âge biblique de 104 ans. Or, sa longévité exceptionnelle n’est qu’un détail presque anecdotique dans une carrière légendaire, commencée à l’époque lointaine de l’âge d’or hollywoodien dans les années 1930. D’abord une partenaire récurrente à l’écran de Errol Flynn, De Havilland s’était rapidement imposée comme une actrice incontournable grâce à ses rôles dans Autant en emporte le vent, A chacun son destin, La Fosse aux serpents et L’Héritière.

La Charge fantastique © 1941 Fred Morgan / Warner Bros. France Tous droits réservés

Olivia De Havilland avait fait ses premiers pas devant la caméra au milieu des années ’30 dans Tête chaude de Lloyd Bacon et Le Songe d’une nuit d’été de William Dieterle et Max Reinhardt. Une fois prise sous contrat par le studio Warner Bros., elle devint la partenaire attitrée de la vedette montante du moment Errol Flynn. Après Capitaine Blood de Michael Curtiz en 1935, ils allaient encore faire équipe à sept reprises jusqu’en 1941, le plus souvent sous la direction de Curtiz, dans La Charge de la brigade légère, Les Aventures de Robin des bois, co-réalisé par William Keighley, Quatre au paradis, Les Conquérants, La Vie privée d’Elisabeth d’Angleterre et La Piste de Santa Fé, ainsi que La Charge fantastique de Raoul Walsh. En parallèle, De Havilland avait partagé l’affiche avec Frederic March dans Anthony Adverse Marchand d’esclaves de Mervyn LeRoy, avec Leslie Howard dans L’Aventure de minuit de Archie Mayo, avec David Niven dans Raffles Gentelman cambrioleur de Sam Wood, avec James Cagney dans La Blonde framboise de Raoul Walsh et avec Charles Boyer dans Par la porte d’or de Mitchell Leisen.

Autant en emporte le vent © 1939 Fred Parrish / Selznick International Pictures / MGM / Warner Bros. France
Tous droits réservés

Son rôle le plus marquant de cette époque-là était toutefois celui de Melanie Wilkes dans le classique Autant en emporte le vent de Victor Fleming, Oscar du Meilleur Film en 1940 et toujours d’actualité comme l’a prouvé la controverse autour de son retrait de la plateforme HBO Max le mois dernier dans le sillage du mouvement Black Lives Matter. Après ses derniers rôles sous contrat à la Warner au début des années ’40, dans L’Amour n’est pas un jeu de John Huston, La Petite exilée de Norman Krasna et L’Exubérante Smoky de Dudley Nichols, Olivia De Havilland espérait enfin pouvoir décider en toute indépendance de la direction qu’allait prendre sa carrière. C’était sans compter les clauses punitives de son lien professionnel avec le studio, qui considérait qu’elle lui devait encore plusieurs mois de travail. L’actrice avait alors intenté un procès à son employeur tout puissant. Elle allait devoir payer cet affront avec une absence de deux ans des écrans de cinéma. Grâce à son succès devant les tribunaux, la loi du travail américain en la matière fut durablement changée, interdisant désormais aux studios de prolonger artificiellement les contrats de leurs acteurs.

La Fosse aux serpents © 1948 Anthony Ugrin / 20th Century Fox Tous droits réservés

Auréolée de cette nouvelle aura d’héroïne du monde des acteurs, Olivia De Havilland avait fait son retour triomphant en 1946 dans A chacun son destin de Mitchell Leisen. Dès lors, elle pouvait choisir ses propres rôles, ce qu’elle faisait plutôt astucieusement dans La Vie passionnée des sœurs Brontë de Curtis Bernhardt, Champagne pour deux de Sidney Lanfield, La Double énigme de Robert Siodmak, La Fosse aux serpents de Anatole Litvak et L’Héritière de William Wyler. Dans les années ’50, elle avait considérablement ralenti son rythme de travail, aussi parce qu’elle avait épousé en 1955 le journaliste français Pierre Galante et qu’elle vivait depuis à Paris. Ses six films de la décennie étaient Ma cousine Rachel de Henry Koster, La Princesse d’Ebolie de Terence Young, Pour que vivent les hommes de Stanley Kramer, La Fille de l’ambassadeur de Norman Krasna, Le Fier rebelle de Michael Curtiz et La Nuit est mon ennemie de Anthony Asquith.

L’Inévitable catastrophe © 1978 John Monte / Warner Bros. France Tous droits réservés

A partir des années ’60, Olivia De Havilland s’était progressivement retirée du devant de la scène. Au cinéma, elle apparaissait principalement dans le genre de rôle proposé à cette époque-là à des actrices de son âge, c’est-à-dire des films d’horreur grand-guignolesques comme Une femme dans une cage de Walter Grauman et Chut chut chère Charlotte de Robert Aldrich en 1964, ainsi que des films catastrophes tels que Les Naufragés du 747 de Jerry Jameson et L’Inévitable catastrophe de Irwin Allen en 1977 / ’78. En parallèle, elle faisait des apparitions peu mémorables dans Les Derniers aventuriers de Lewis Gilbert, Jeanne papesse du diable de Michael Anderson et Le 5e mousquetaire de Ken Annakin, son dernier film en 1979. Sur le petit écran, elle avait plus de succès, par le biais de mini-séries populaires comme « Racines 2 », « Nord et sud II » et « Anastasia ». Et même si elle n’avait plus joué dans un film depuis quarante ans, Olivia De Havilland maîtrisait l’art de faire parler d’elle à intervalles réguliers. Comme par exemple en 2017, lors du procès qu’elle a intenté au producteur Ryan Murphy pour son portrait peu regardant sur les faits réels dans la mini-série « Feud » autour du tournage de Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? de Robert Aldrich.

L’Héritière © 1949 G.E. Richardson / Paramount Pictures France Tous droits réservés

Olivia De Havilland a été nommée à cinq reprises à l’Oscar, en tant que Meilleure actrice dans un second rôle dans Autant en emporte le vent et comme Meilleure actrice dans Par la porte d’or, A chacun son destin, La Fosse aux serpents et L’Héritière. Elle l’avait gagné à deux reprises, pour A chacun son destin en 1947 et pour L’Héritière en 1950. Aux Golden Globes, elle a été victorieuse à deux reprises, pour L’Héritière en 1950 et pour « Anastasia » en 1987. Elle y avait également été nommée pour Ma cousine Rachel. Son rôle dans La Fosse aux serpents lui avait valu le prix d’interprétation féminine au Festival de Venise en 1949, ainsi que les prix du National Board of Review et des critiques de New York. Ces derniers l’avaient de même plébiscitée l’année suivante pour L’Héritière.

En 1965, Olivia De Havilland était la présidente du jury de la 18ème édition du Festival de Cannes. Elle fut alors la première femme à occuper ce poste prestigieux. Enfin, elle est la sœur aînée de l’actrice Joan Fontaine (oscarisée pour Suspicion de Alfred Hitchcock en 1942 et décédée en 2013) avec laquelle elle avait eu des rapports assez tumultueux.

Les Aventures de Robin des bois © 1938 Elmer Fryer / Warner Bros. France Tous droits réservés

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