Test DVD : Lectures diaboliques

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Lectures diaboliques

États-Unis, Canada : 1990
Titre original : I, madman
Réalisateur : Tibor Takács
Scénario : David Seltzer, Louis Venosta, Eric Lerner
Acteurs : Jenny Wright, Clayton Rohner, Randall William Cook
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h26
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 16 mai 1990
Date de sortie DVD/BR : 8 juillet 2020

Virginia, employée dans une librairie de livres anciens, se passionne pour un vieux roman d’épouvante appelé « Much of Madness, More of Sin ». Elle parvient à mettre la main sur le second et dernier roman de son auteur Malcom Brand : « I, Madman ». Celui-ci conte l’histoire horrible d’un amoureux, éconduit à cause de sa laideur, qui mutile son propre visage, afin de le reconstruire progressivement. Virginia se rend compte que, au fur et à mesure qu’elle progresse dans la lecture de ce livre, des personnes de son entourages sont mystérieusement assassinées par un sadique qui semble s’inspirer du roman…

Le film

[3/5]

Si les films fantastiques et les bandes d’exploitation orientées « horreur » des années 70/80 ont le vent en poupe ces dernières années, on ne peut malheureusement pas en dire autant des séries B horrifiques américaines des années 90, qui semblent pour la plupart retombées dans l’oubli et ne bénéficient pas – en France du moins – du regain de popularité qu’ils mériteraient sans doute. Ainsi, les noms de Brian Yuzna, Anthony Hickox, Charles Band, Fred Olen Ray, Brian Trenchard-Smith, Ethan Wiley, Tibor Takács, Rodman Flender, Jeff Burr, Steve Miner ou encore Tony Randel se voient pour la plupart peu représentés en Blu-ray, et même en DVD tout court pour être tout à fait honnête.

Heureusement, certains éditeurs commencent à se bouger le cul pour apporter au spectateur ayant grandi dans les années 90 une série de petites madeleines de Proust cinématographiques, vestiges d’une époque lointaine où le cinéma d’horreur n’était pas encore dominé par les effets spéciaux numériques et le tout-CGI. Début juillet, on a donc vu débarquer chez ESC Éditions un représentant extrêmement décrié de la série B du début des années 90 : Lectures diaboliques.

Réalisé par Tibor Takács en 1989, ce petit B sans prétention avait eu en son temps l’insigne honneur de recevoir le Grand Prix au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1990. Le jury de l’époque, présidé par Jerry Schatzberg et composé de personnalités aussi hétéroclites que Wes Craven, Yves Boisset, Macha Méril, Claire Nadeau ou Julien Clerc (!!?) l’avait donc préféré à des films depuis devenus de véritables classiques, tels qu’Appel d’urgence de Steve De Jarnatt, Simetierre de Mary Lambert ou encore le sublime Society de Brian Yuzna. C’est ce qu’on appelle dans le milieu des fantasticophiles la « jurisprudence Hidden », qui remonte à l’édition 1988 du Festival d’Avoriaz, qui au cours de laquelle le jury avait préféré le film de Jack Sholder au RoboCop de Paul Verhoeven ou au Prince des ténèbres de John Carpenter.

Il est donc temps, après des années de détestation aveugle, de réhabiliter Lectures diaboliques. On n’ira pas, bien sûr, jusqu’à affirmer que le jury d’Avoriaz avait vu juste. Cependant, on admettra sans trop rechigner que le film de Takács – ou de TakTak comme le bafouille Marc Toullec dans les suppléments du DVD – s’avère un bon petit représentant d’une certaine série B old school, très datée mais finalement aussi très sympathique. Le film affiche une narration, une image et des effets spéciaux absolument typiques de son époque : le grain est épais, la photo terne et marronnasse, l’intégration des effets en stop-motion est assez aléatoire, et même la musique signée Michael Hoenig (Class of 1999) s’avère dans la lignée des séries B horrifiques du début des années 90.

Et pourtant, malgré ses défauts, Lectures diaboliques s’avère au final une petite bande du samedi soir rythmée et très fréquentable, dans la droite lignée des films diffusés sur M6 dans les « jeudis de l’angoisse » entre deux épisodes des Contes de la crypte. La mise en scène de Tibor Takács, aussi carrée que soignée, dénote indéniablement du savoir-faire du cinéaste dans le domaine de la série B à budget très limité. Autant dire donc que si vous êtes nostalgique de l’époque où vous enchaîniez les locations de VHS de séries B d’horreur toutes plus fauchées les unes que les autres, Lectures diaboliques devrait vous rappeler avec plaisir ces heures passées au vidéo-club à choisir les films en fonction non pas de leur casting ou de leurs équipes techniques mais plutôt… de leurs jaquettes volontiers outrancières. Celle de Lectures diaboliques était d’ailleurs une des plus belles qui soient. Elle est également reprise sur la jaquette du DVD et du Blu-ray édité par ESC Éditions.

Le DVD

[4,5/5]

Le DVD de Lectures diaboliques édité par ESC Éditions s’avère une belle réussite, composant habilement avec les limites d’un encodage en définition standard. Bien sûr, si l’image est le plus souvent très belle et bien définie malgré un grain volontairement très prononcé, quelques plans souffrent néanmoins un peu des points faibles du format DVD, notamment lors des séquences les plus sombres ou les plus chargées en fumées et/ou éclairages vifs. Mais dans l’ensemble, l’éditeur français nous offre un transfert absolument satisfaisant. Côté son, les deux mixages Dolby Digital 2.0 s’avèrent très immersifs et font littéralement des merveilles lors des séquences baignant dans le fantastique.

Dans la section suppléments, on trouvera outre la traditionnelle bande-annonce deux sujets formidables, qu’on aurait même tendance à trouver meilleurs que le film en lui-même. On commencera tout d’abord avec une présentation du film par Marc Toullec (15 minutes), au cœur de laquelle le journaliste évoquera son expérience à Mad Movies et les débats houleux qui entouraient le film, avant de revenir sur la genèse et les qualités / les défauts de ce dernier. Last but not least, on trouvera également un formidable making of rétrospectif (« Relecture diabolique », 32 minutes). Ce passionnant sujet reviendra sur la genèse, le tournage et l’héritage du film, avec d’excellents entretiens sans langue de bois avec les acteurs et l’équipe : le réalisateur Tibor Takács, le scénariste David Chaskin, le superviseur des effets visuels Randall William Cook et les acteurs Stephanie Hodge et Clayton Rohner.

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