Les forces de l’ordre n’ont pas vraiment bonne réputation en France en ce moment. Mais après tout, est-ce que ça a déjà été le cas, en dehors de rares parenthèses d’un élan de solidarité nationale, comme après les attentats en janvier 2015 ? Une chose est sûre par contre, c’est que les hommes et les femmes en uniforme inspirent – en bien ou en mal – la conscience collective. Et nulle part mieux et avec plus d’endurance que sur le grand et le petit écran, où les gendarmes notamment font partie intégrante des repères incontournables de la fiction.
Depuis aujourd’hui et encore pendant huit mois, jusqu’au dimanche 28 février 2021, le Musée de la Gendarmerie nationale à Melun, dans le département de Seine-et-Marne en région parisienne, organise sa cinquième exposition temporaire sous le titre « Les Gendarmes crèvent l’écran De Cruchot à Marleau ». Elle revient sur la longue histoire d’amour et de méfiance entre le cinéma / la télévision et ces gardiens de la paix typiquement français, à mi-chemin entre le policier et le militaire. L’exposition sera accessible tous les jours de la semaine, sauf le mardi, au tarif unique de trois euros. Pendant le week-end de lancement, les 4 et 5 juillet, l’entrée sera même gratuite !
Longtemps avant que Louis De Funès ne devienne le gendarme préféré du public français en 1964 grâce à Le Gendarme de Saint-Tropez de Jean Girault, les hommes de l’ordre ont exercé une influence plus ou moins explicite sur les spectateurs. Ce rapport ambigu remonte jusqu’au cinéma muet. Il se poursuit dans des films emblématiques, tels que La Belle équipe de Julien Duvivier dans les années ’30 et Goupi mains rouges de Jacques Becker la décennie suivante. En parallèle des six succès populaires autour du maréchal Cruchot, la représentation devient progressivement plus réaliste, à travers des drames parfois basés sur des événements historiques, comme L’Affaire Dominici de Claude Bernard-Aubert, Peur sur la ville de Henri Verneuil ou encore Le Juge et l’assassin de Bertrand Tavernier.
Plus récemment, à la télévision, c’est la « Capitaine Marleau » sous les traits de l’actrice Corinne Masiero qui attire depuis 2015 un public de téléspectateurs toujours plus nombreux au fil de ses vingt enquêtes un peu partout dans l’Hexagone aux méthodes peu orthodoxes.
Sous la direction du commissaire général Bernard Papin, docteur en littérature et maître de conférences honoraire en sciences de l’information et de la communication, l’exposition se conjugue selon une scénographie façon loges d’artistes. Réalisée par le cabinet parisien Scénos-associés, elle se veut une expérience immersive dans un univers audiovisuel. Les objets de la collection du Musée de la Gendarmerie nationale et de ses partenaires, dont le musée Louis De Funès à Saint-Raphaël qui célébrera son premier anniversaire à la fin du mois, établiront un lien avec la réalité sur le terrain, tandis que soixante références culturelles feront découvrir aux visiteurs les différentes facettes de la représentation du gendarme au cinéma et à la télévision au fil du temps.
Parmi les activités annexes, des visites guidées tous les mercredis jusqu’au 19 août raviront un public familial. Deux ateliers jeunesse, à partir de dix ans, permettront aux visiteurs de créer leur propre affiche d’un film de gendarmes. Le samedi 10 octobre, une rencontre avec l’équipe de « Capitaine Marleau » sous forme de table ronde permettra d’en savoir plus sur les secrets de fabrication de la série à succès sur France 3. Enfin, le samedi 15 décembre, le commissaire général de l’exposition s’appuiera sur la série « Un village français », diffusée sur la même chaîne du service public entre 2009 et 2017, afin d’analyser comment la fiction tente de restituer à l’écran la période difficile de l’Occupation et la place de la gendarmerie.