Sortie DVD : Mine de rien

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Mine de rien

France : 2019
Titre original : –
Réalisation : Mathias Mlekuz
Scénario : Mathias Mlekuz, Philippe Rebbot, Cécile Telerman
Interprètes : Arnaud Ducret, Philippe Rebbot, Mélanie Bernier
Editeur : Orange Studio
Durée : 1h22
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 26 février 2020
Date de sortie DVD : 1er juillet 2020

Dans une région qui fut le fleuron de l’industrie minière, deux chômeurs de longue durée, ont l’idée de construire un parc d’attraction « artisanal » sur une ancienne mine de charbon désaffectée. En sauvant la mine et sa mémoire, ils vont retrouver force et dignité…

Le film

[3.5/5]

Dire que la qualité des comédies cinématographiques « Made in France » est inégale ne relève ni du mensonge ni de la manifestation d’un esprit polémique, c’est un fait ! C’est pourquoi on ne peut que se réjouir lorsque apparait sur nos écrans un premier long métrage réussi réalisé par un comédien de 54 ans et qu’il faut bien placer dans la catégorie comédie même si on y rencontre l’émotion bien plus que le rire. En effet, dans Mine de rien, on est très loin des comédies lourdingues qui envahissent trop souvent nos salles de cinéma et qui font rire de nombreux spectateurs avec des gags le plus souvent vulgaires et d’une grande facilité, on est dans un genre que le cinéma britannique pratique davantage que le cinéma français, la comédie « Feel good movie » revendiquant un lien fort avec le tissu social d’une région ou d’un pays. Le tissu social de l’ex bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, Mathias Mlekuz le connait bien : Né à Lens, il a grandi à Sallaumines et il a vécu dans les corons. Son grand-père paternel était un immigré yougoslave qui est arrivé dans le nord de la France en 1923 et qui a commencé à travailler à la mine en 1928, à l’âge de 13 ans. Dès son plus jeune âge, Mathias Mlekus a entendu parler des mineurs, de ce qui se passait au fond et il a toujours eu envie de faire quelque chose de ces wagonnets et de ces trains qui le faisaient fantasmer. C’est donc tout naturellement un parc d’attraction que Arnault et Di Nello, les deux chômeurs longue durée qui sont en tête d’affiche de son film, lassés des stages de reconversion sans aucun débouché, vont se mettre en tête de lancer sur l’emplacement d’un puits de mine fermé 30 ans auparavant. Un parc d’attraction « bricolé » dans lequel de vieux chariots de supermarché seraient transformés en véhicules d’auto-tamponneuse et les wagonnets circuleraient dans un décor de train fantôme.

Il est probable que des esprits chagrins vont être capables de trouver tout un tas de défauts au film de Mathias Mlekus, et nous serons obligés d’admettre qu’ils ont partiellement raison : oui, le scénario est assez prévisible, mais n’est-ce pas le lot de tous les « feel good movies » ? Oui, certains personnages sont un peu trop caricaturaux, oui, le film utilise un certain nombre de clichés, on est d’accord. Peut-être plus grave : mise à part la scène qui voit la maire de la ville s’étonner que le Front National et les Insoumis soient d’accord pour la contrer, ce film social n’aborde pas la montée du vote d’extrême droite dans cette région sinistrée. Il y a toutefois une bonne raison à cela : le film a été tourné en grande partie à Loos-en-Gohelle, une petite ville certes située à 20 kilomètres de Bruay-la-Buissière, mais qui, depuis la fermeture de ses mines, s’est résolument tournée vers l’écologie et qui a réélu son maire écolo dès le premier tour. A côté de ces défauts, véniels ou carrément inexistants, beaucoup de qualités, beaucoup de fraicheur, beaucoup de répliques qui, sans forcément entrainer une cascade de rires chez tous les spectateurs, ne manquent pas de les faire sourire et, surtout, de les émouvoir.

L’ensemble des comédiens est pour beaucoup dans la réussite du film avec, dans les rôle principaux, un surprenant Arnaud Ducret dans le rôle d’Arnault, un homme divorcé, père de deux enfants et fils d’une femme atteinte d’Alzheimer, et un Philippe Rebbot égal à lui-même dans le rôle de Di Lello, un homme marié dont le loisir préféré consiste à courir le guilledou. A leurs côtés, une palette de seconds rôles attachants, parmi lesquels on détachera particulièrement Rufus dans le rôle de Roger Morels, un mineur retraité très rancunier envers celui qu’il appelle « Le traitre », un ancien ami qui, venant d’être promu cadre, n’avait pas fait grève des dizaines d’années auparavant, Hélène Vincent, dans le rôle d’Hélène, la mère d’Arnault qui ne se sépare jamais du récipient contenant les cendres de son mari, et Mélanie Bernier, une jeune femme capable de redonner le sourire à Arnault. A noter que le réalisateur a fait appel à 450 figurants provenant de la population locale, une petite dizaine d’entre eux étant même promus à des rôles secondaires de demandeurs d’emploi ou d’anciens mineurs. Mine de rien s’est vu décerner le Prix du Public lors du Festival International du Film de Comédie de l’Alpe d’Huez en janvier dernier et, à bien réfléchir, on ne voit rien à redire à cette récompense.

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