À voir sur Netflix : The last days of american crime

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The last days of american crime
États-Unis : 2020
Titre original : –
Réalisation : Olivier Megaton
Scénario : Karl Gajdusek
Acteurs : Edgar Ramírez, Anna Brewster, Michael Pitt
Distributeur : Netflix France
Durée : 2h29
Genre : Thriller, Action
Date de sortie : 5 juin 2020

Note : 3/5

Un braqueur de banques décide de monter le casse du siècle avant que le gouvernement américain enclenche un signal anti-criminalité qui contrôlera les cerveaux des gens…

Le retour d’Olivier Megaton

The last days of american crime, à la base, c’est une mini-série de comics indépendants. Créée par Rick Remender et Greg Tocchini, publiée en 2009 chez Radical, puis à l’été 2010 en France, chez Emmanuel Proust Editions. C’est sans doute par le biais de cette édition en trois volumes que le français Olivier Megaton a découvert ce passionnant roman graphique, entre les tournages du Transporteur 3, de Colombiana ou de Taken 3. Aïe aïe aïe… Je la vois, la grimace circonspecte qui vient d’apparaître sur votre visage. En effet, Olivier Megaton s’est surtout fait connaître des cinéphiles par ses contributions en tant que réalisateur pour les productions EuropaCorp de Luc Besson. Et pas les meilleures…

En l’espace de quelques années et quelques films, et surtout parce qu’il est parvenu à flinguer deux franchises sympathiques, il a donc réussi à se faire détester par une poignée de cinéphiles très actifs sur le Net, qui le considèrent volontiers comme l’un des pires cinéastes de tous les temps. Les griefs à son encontre sont les suivants : esthétique clippesque, surdécoupage et « manque de lisibilité » des scènes d’action. « Montage à la ramasse » et « bouillie visuelle » seront donc les doux mots que vous pourrez lire à longueur de page sur les sites les plus populaires évoquant le cas d’Olivier Megaton, se retrouvant à titre personnel régulièrement qualifié de tâcheron ou d’incompétent. Mais si Megaton était la bête noire, l’homme à abattre lors de la sortie de son dernier film en 2014, il ne suscite plus aujourd’hui qu’un ennui poli chez les trolls du Net, toujours à la recherche de nouvelles proies, qui sont passés à autre chose. Mais la mauvaise réputation est tenace… Ainsi, si beaucoup boycotteront ou jugeront le film sans prendre la peine de le voir, il se pourrait que d’autres soient tentés de le réhabiliter à la découverte de The last days of american crime

Une adaptation de comics

Non bien sûr que le nouveau film d’Olivier Megaton soit exempt de défauts. Ceux-ci serviront d’ailleurs à coup sûr aux critiques les plus rancuniers, qui se focaliseront sur ses faiblesses et ses déséquilibres afin de l’enfoncer. Le premier souci résidera, sans doute, pour celles et ceux qui auront eu le plaisir de lire le comic book, dans les libertés prises par le scénariste Karl Gajdusek dans l’adaptation de l’histoire. Certains détails du background des personnages se voient modifiés, de même que certains points de l’intrigue, même si les « gros morceaux » du comics sont là, et souvent portés à l’image avec talent. Mais au final, The last days of american crime sera surtout à rapprocher de films tels que le Wanted : choisis ton destin de Timur Bekmambetov, le Faust de Brian Yuzna ou encore le Coq de Combat de Pou-Soi Cheang. C’est-à-dire de films bourrés de qualités, mais au-dessus desquels flotte l’ombre d’un récit graphique tellement barré et extrême que toute adaptation semble forcément très adoucie. Visuellement époustouflant, le matériau d’origine était tellement vulgos et délirant qu’il fallait bien s’attendre à ce qu’il subisse un sévère remaniement pour son passage sur grand écran. Et ça ne loupe pas, évidemment : les outrances diverses qui émaillaient le graphic novel se résument au final à quelques éclairs d’ultra-violence, dont l’impact est considérablement amoindri par l’utilisation d’une voix off sentencieuse et assez ringarde. Des grandes phrases toutes faites sonnant bien mais ne voulant absolument rien dire, qui accentuent le côté très artificiel des scènes de meurtres et d’exécutions.

Amateurs d’action à l’ancienne, et probablement soucieux de justifier leur budget, Karl Gajdusek et Olivier Megaton font également le choix de rajouter de nombreuses « explosions » au comic book créé par Rick Remender et Greg Tocchini. De bonnes grosses explosions, bien spectaculaires, filmées avec amour par un Megaton sous le charme. Et si ça n’a peut-être l’air de rien, ça contribue à faire lentement glisser la tonalité de The last days of american crime, du polar hardcore et anarchiste que l’on avait sur le papier jusqu’au thriller d’action vaguement mâtiné de SF dystopique que l’on retrouve à l’écran. C’est dommage.

Trop de personnages

En revanche, Karl Gajdusek et Olivier Megaton décident de conserver tous les personnages du comics, en « gonflant » même le rôle de certains d’entre eux, qui faisaient figure de simples silhouettes dans l’œuvre originale. De ce fait, c’est la durée du film qui s’en voit considérablement allongée. Vous ne rêvez donc pas : The last days of american crime dure rien de moins que deux heures et demie. Deux heures et demie de violence, de poursuites, de sexe et d’explosions, au point que Netflix mette en garde le spectateur pour « Violence » et « Violence sexuelle ». Les rebondissements sont nombreux, mais l’implication émotionnelle du spectateur peine un peu à arriver. Par conséquent, l’énergie de l’ensemble se dilue durant la longue scène de braquage, aux environs de deux heures de film, même si c’est lors de cette séquence que l’on pourra le plus profiter du jeu toujours réjouissant de l’excellent Sharlto Copley.

Mais si on ressent un ventre mou à ce moment de la narration, c’est bel et bien parce que la mise en place des nombreux personnages aura pris rien de moins que cinquante minutes. Or, pour que l’on s’attache vraiment à ces derniers, il eut fallu qu’ils sortent du carcan un peu trop caricatural auquel ils sont condamnés. Malheureusement, ces personnages ne parviendront jamais à s’extraire de leur statut de simples caricatures tant les acteurs s’avèrent peu convaincants. Si le personnage de Shelby (Anna Brewster) est globalement assez proche de celui de la BD, les caractères de Graham (Edgar Ramírez) et Kevin (Michael Pitt) ont été modifiés afin de coller à des stéréotypes du genre, à savoir le tueur froid et taciturne et le fils de caïd bling bling. Dommage à nouveau.

Une vraie claque visuelle

Cependant, The last days of american crime mérite globalement que l’on mette de côté ses erreurs de casting et ses quelques fautes de goût, tout simplement pour profiter du spectacle de ce pur divertissement sous testostérone. Parmi ses qualités les plus évidentes, on notera que la photo du film signée Daniel Aranyó s’avère littéralement sublime, et permet à Olivier Megaton – qui décidément semble s’être calmé côté montage frénétique – de poser ses plans, de construire séquence après séquence un univers visuel époustouflant, même s’il s’avère forcément très éloigné du trait de Greg Tocchini. Cette signature visuelle retrouvée et remarquable, que Megaton parvient à imposer sans en faire de méga-tonnes (ah ! ah ! ah !), constitue la bonne nouvelle du film. De la même façon, et même si elles ont tendance à un peu trop verser dans le pyrotechnique, les scènes d’action sont plutôt solides et convaincantes. Les ayatollahs anti-montage ultra-cut seront ravis d’apprendre que l’ensemble est parfaitement « lisible », si tant est que l’on puisse encore employer ce terme de nos jours.

Malgré d’évidentes et légitimes réserves freinant forcément un peu notre enthousiasme, on avouera que The last days of american crime fait globalement le taf dans son créneau de divertissement musclé, en procurant un indéniable plaisir immédiat au spectateur. Ainsi, en dépit d’inévitables petites longueurs qu’Olivier Megaton parvient néanmoins à gérer sans trop de dégâts, le film s’avère un bon petit actioner du samedi soir, par ailleurs rythmé par une playlist rock tout à fait fréquentable.

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