Manga : Assassin’s creed – Blade of Shao Jun – Tome 1

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Assassin’s creed – Blade of Shao Jun, Tome 1
Japon : 2016
Titre original : –
Auteur : Minoji Kurata
Genre : Manga, Seinen
Éditeur : Mana Books
Traduction : Jean-Benoit Silvestre
Date de sortie : 11 juin 2020
Nombre de pages : 160

Note : 4/5

En 1526, la dynastie Ming règne depuis près de 200 ans, et la Chine jusque-là prospère sombre dans le chaos. Zhang Yong, chef des Huit Tigres, un groupe de Templiers, en profite pour faire éliminer tous ceux qui pourraient se dresser entre lui et le pouvoir. Pour échapper à une mort certaine, Shao Jun – la dernière Assassin de la Confrérie chinoise – a fui en Europe auprès d’un mystérieux mentor italien. De retour dans son pays, elle est déterminée à prendre sa revanche contre ceux qui ont massacré son clan…

La franchise Assassin’s creed, lancée en 2007 avec le jeu vidéo éponyme, est devenu absolument incontournable, dans le domaine vidéoludique bien sûr, mais aussi plus largement dans le domaine culturel. Romans, films, bandes dessinées, comics et mangas font désormais partie de l‘univers « étendu » autour du Crédo des Assassins. Assassin’s creed – Blade of Shao Jun est le deuxième manga officiel autour de la licence, après Assassin’s Creed – Awakening en 2013. Dessinée et scénarisée par Minoji Kurata, cette nouvelle incursion dans l’univers des Assassins se base sur un personnage très secondaire de la licence, Shao Jun, héroïne du jeu vidéo Assassin’s creed chronicles – China, se déroulant dans un univers en 2,5D à défilement horizontal. Conçu comme un hommage moderne au premier opus du jeu vidéo Prince of Persia (1989), avec qui la série Assassin’s creed entretient quelques liens, le jeu sorti en 2015 introduisait le personnage de Shao Jun, assassin formée à Florence par le légendaire Ezio, héros des jeux Assassin’s creed II, Assassin’s creed – Brotherhood et Assassin’s creed – Revelations.

Dans le manga de Minoji Kurata tout comme dans le jeu, l’histoire commence au retour de Shao Jun dans son pays natal. Son objectif est se venger du groupe Templier des « Huit Tigres », qui a anéanti la Confrérie chinoise dont elle est la dernière représentante. Sa quête l’emmènera à Macao, Nan’an, dans la Cité interdite et sur la Grande Muraille… Très fidèle au déroulement du jeu ainsi qu’à « l’esprit » de la franchise Assassin’s creed, Minoji Kurata alterne les séquences historiques en mode action / infiltration et les séquences prenant place dans le contexte de « l’animus », tout en développant une intrigue générale pleine de de complots, complexe mais assez linéaire. Lors des scènes dans le présent, le lecteur fera donc la connaissance avec Lisa Huang et le Dr Akagami. Et si habituellement, les passages autour de l’Animus font office de « maillon faible » dans les intrigues de la franchise Assassin’s creed, ce n’est vraiment pas le cas ici. En effet, ce pan de l’histoire imaginée par Minoji Kurata s’avère probablement le plus réussi et le plus passionnant de ce manga, dans le sens où les faux-semblants et les relations entre les deux personnages se révèlent beaucoup plus riches que ce à quoi on pouvait s’attendre.

Pour le reste bien sûr, on nage en plein dans la mythologie initiée par la série de jeux depuis 2007. Dans Assassin’s creed – Blade of Shao Jun, les mystères, les infiltrations, la violence et la cruauté côtoient donc les trésors cachés et les luttes fratricides entre sociétés secrètes. L’intrigue est ici relevée par une notion de vengeance de la part du personnage principal, qui la pousse à encore pousser les curseurs un peu plus loin en ce qui concerne le sadisme. Les motifs visuels chers à la franchise sont bien présents (symboles, lames secrètes, saut de la foi), sans pour autant apparaitre au lecteur comme de simples « passages obligés » ou de fan service. La lecture est rapide, les pages et les rebondissements s’enchaînant très rapidement. Le coup de crayon nerveux et dynamique de Minoji Kurata excelle tout autant dans les double-pages spectaculaires nous proposant de sublimes images et/ou paysages évoquant les « synchronisations » des jeux que dans le rendu des affrontements et des scènes d’action, très dynamiques.

Ce premier volume de Assassin’s creed – Blade of Shao Jun est donc une belle réussite, nous proposant une intrigue solide portée par une mise en images tout à fait impressionnante. Le personnage de Shao Jun est attachant, même si on aimerait en connaître d’avantage sur son apprentissage et ses années de formation auprès d’Ezio Auditore da Firenze. On peut supposer qu’entre cette partie du récit, celle impliquant Lisa Huang et celle centrée sur la vengeance de Shao Jun, la série – encore en cours au Japon – pourrait bien tourner dans les six ou sept tomes quand elle arrivera à son terme. C’est tout le mal qu’on lui souhaite !

On espère cela dit qu’au fil des pages, Minoji Kurata parviendra à « s’affranchir » quelque-peu du poids de la licence afin de proposer au lecteur d’avantage d’elle-même, mais également d’avantage de surprises. Car si l’on peut faire un reproche à Assassin’s creed – Blade of Shao Jun, c’est peut-être bien celui de faire du Assassin’s creed tout simplement, de donner aux fans du jeu ce qu’ils sont venus voir sans réellement aller plus loin ou tenter de s’amuser avec les codes de la série. C’est dommage, d’autant que la mangaka s’est « presque » lâchée au détour d’un rebondissement de son récit.

Ainsi, lorsque Shao Jun remet le pied en Chine au début de l’histoire, elle est immédiat faite prisonnière par des disciples des « Huit Tigres », qui la placent dans une geôle suspendue. Une cage qui ne la tiendra pas captive très longtemps, car comme elle le révèle elle-même en bas de page, « j’ai réussi à dissimuler l’une de mes lames ». A ce moment précis, le lecteur hausse le sourcil, se demandant si oui ou non Kurata a osé ? En tournant la page, on ne pourra que soupirer quand la case suivante nous dévoile une lame cachée sous son pied… Parce que bien sûr, personne n’a été vérifier sous ses pieds avant de l’emprisonner, qui plus est dans une cellule suspendue à plusieurs mètres du sol ? On ne pourra que regretter l’aspect trop « timoré » de ce passage, à l’image de tout le reste du manga, d’ailleurs. Minoji Kurata ne s’approprie pas encore tout à fait la franchise, qu’elle aurait pu malaxer, modeler sous ses doigts afin d’en faire ce qu’elle voulait. Et si elle voulait voir une assassin se planquant une lame dans la schneck, pourquoi pas, après tout. Sans forcément faire dans le scabreux, traiter l’apparition de cette lame par le biais d’une ellipse aurait simplement permis d’ajouter à Assassin’s creed – Blade of Shao Jun le petit grain de folie qui lui manque un peu – mais qu’on espère bien trouver au cœur des prochains volumes !

Étant donné qu’ Assassin’s creed – Blade of Shao Jun s’avère un manga adapté d’un jeu vidéo, il était évident que son édition française se ferait sous les couleurs de Mana Books, éditeur s’étant spécialisé depuis 2017 dans les publications liées au jeu vidéo sous toutes ses formes : beaux livres, bandes dessinées, romans, essais, guides… En partenariat avec des acteurs incontournables du marché tels que Square Enix, Konami ou Blizzard Entertainment, Mana Books propose un catalogue éclectique dédié à des univers vidéoludiques salués par la critique et plébiscités par les fans (Final Fantasy, Sonic, Metal Gear Solid…).

2 Commentaires

  1. « On espère cela dit qu’au fil des pages, Minoji Kurata parviendra à « s’affranchir » quelque-peu du poids de la licence afin de proposer au lecteur d’avantage de lui-même »

    Elle-même, c’est UNE mangaka. 😉

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