Vu sur OCS : K

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© 1997 Jean-Marie Leroy / Alexandre Films / New Light Films / TF1 Films Production
Tous droits réservés

Alexandre Arcady persiste et signe dans le grand n’importe-quoi avec ce thriller de la fin des années 1990, qui mélange tout, sans pour autant avoir à dire quelque chose de valable sur quoique ce soit. K se voudrait en effet l’équivalent filmique d’une partie d’échecs de haut niveau, où tous les coups sont permis, mais où la stratégie la plus finement agressive l’emporte finalement. Sauf que le cinéma d’Arcady s’y démasque une fois de plus lui-même comme l’immense fourre-tout d’idées et d’allégeances idéologiques mal fagotées, qu’il est hélas dans la plupart des cas. Ce film-ci ne fait donc point exception au sein d’une filmographie tendancieuse, dans la forme et dans le fond, avec son intrigue policière inutilement alambiquée, sa défense sans aucune nuance des juifs en général et de l’état d’Israël en particulier, sa relecture péniblement brouillonne de l’Histoire européenne du 20ème siècle et, pour couronner le tout, sa vision risiblement stéréotypée de l’Allemagne.

Avant que l’action ne se déplace définitivement sous un déluge germanique – il faut croire qu’il pleut sans cesse à Berlin, surtout au moment opportun pour rendre l’intrigue encore plus théâtrale – , K a d’ores et déjà absorbé une dose considérable de clichés. Patrick Bruel y campe une fois de plus un brave gars, flic aux méthodes peu orthodoxes, qui ne jure que par ses origines juives et son amitié avec un vieux brocanteur. Pour contre-balancer le jeu toujours aussi aveuglement fougueux de l’acteur attitré d’Arcady, il faudra se contenter cette fois-ci du grand comédien suisse Pinkas Braun dans l’un de ses derniers rôles pour le cinéma. Car l’autre fidèle du réalisateur, Richard Berry, ne fait qu’une brève apparition vocale à la fin du film, comme porte-parole du message toujours aussi lourdement appuyé qui tente en l’occurrence de souligner l’exemplarité de la politique israélienne sur la scène internationale …

Bref, puisque ce n’est ni l’endroit, ni le moment d’entrer dans une polémique pro- ou anti-sioniste – surtout pas au sujet d’un film au bagage idéologique si peu lucide – , contentons-nous de signaler une course-poursuite à pied à travers le sous-sol de la Samaritaine comme signe distinctif tout à fait anecdotique de cette première partie parisienne.

© 1997 Jean-Marie Leroy / Alexandre Films / New Light Films / TF1 Films Production
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Les choses ne s’arrangent guère en Allemagne. La notion du poisson hors de l’eau du protagoniste y est martelée à travers des précipitations ininterrompues et une barrière de la langue, jamais relativisée pour le spectateur par des sous-titres lors des passages en allemand et en hébreux, en tout cas pas dans la version encore disponible pendant un mois et demi sur le replay d’OCS. En parallèle, l’intrigue se fourvoie dans un mélange indigeste de théories du complot, conçues par les témoins de ce que l’Histoire de nos voisins d’outre-Rhin a de moins reluisant à offrir. L’arc historique tendu par le récit se veut alors si inclusif qu’il tente le grand chelem, entre la persécution des juifs sous le régime nazi, le code d’honneur parmi les bourreaux les plus fervents au nom de la folie meurtrière de Hitler, la spoliation de la communauté juive de ses œuvres d’art, la reconversion des nazis défroqués dans le socialisme est-allemand, la chasse par les renseignements israéliens des criminels de guerre, ainsi que les liens douteux entre l’extrême droite française et le régime irakien de Saddam Hussein. Son échec est aussi prévisible que sans appel.

Et comme si la barque narrative ne devait pas déjà misérablement couler sous le poids de cette surcharge de bribes d’actualité à la paresse opportuniste affligeante, Alexandre Arcady lui ajoute une histoire d’amour certainement pas plus élaborée. L’actrice italienne Isabella Ferrari doit s’y démener avec un personnage aussi inconsistant que l’intrigue en elle-même, jamais sûr de rien et en proie aux pires excès mélodramatiques quand elle apprend que son passé familial a complètement changé de camp idéologique. A cette prestation peu mémorable, nous préférons celle, plus sobre, de Marthe Keller en chasseuse de tableaux au discours joliment empreint de duplicité.

Le confinement, cela sert aussi à ça : regarder plusieurs films d’un même réalisateur qu’on n’aime pas et qu’on est à peu près sûr de ne jamais apprécier. Cependant, K est une œuvre parfaitement cohérente dans la filmographie de Alexandre Arcady, autant par son style bancal que par son propos. Ce dernier est certes cette fois-ci exempt d’allusions à la communauté pied-noir, mais sinon toujours parfaitement aligné sur les intérêts du peuple juif et la propagande israélienne. Et c’est en cela que l’acharnement partisan du réalisateur nous paraît le plus problématique. Il cherche à tout prix à donner une voix à un point de vue peu représenté dans le cinéma français, ce qui est en soi et en théorie une démarche à encourager. Mais il s’y prend extrêmement mal, avec ses gros sabots d’une solennité inacceptable, dépourvus de la moindre réflexion nuancée.

© 1997 Jean-Marie Leroy / Alexandre Films / New Light Films / TF1 Films Production
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