Vu sur OCS : 16 ans ou presque

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2022
© 2013 Roger Do Minh / Les Films du 24 / TF 1 Droits Audiovisuels / TF 1 Films Production /
UGC Distribution Tous droits réservés

L’abus de confinement conduit-il à une régression psychologique ? En tout cas, cet état de suspension existentielle nous donne le temps – et parfois aussi l’envie – de regarder des films qu’on aurait autrement laissés de côté. Comme cette comédie post-pubère française, qui va quitter ce soir le replay d’OCS, et qui constitue malgré tout un divertissement pas déplaisant. 16 ans ou presque pourrait s’inscrire dans le grand mouvement d’interrogation sur l’acquisition de plus en plus tardive de la maturité chez les jeunes générations successives en France, à l’extrémité chronologique de tous ces films aux personnages trentenaires qui ne savaient toujours pas quoi faire de leur vie, très en vogue dans les années 2000. Ou bien, on peut considérer le premier film de Tristan Séguéla d’une façon beaucoup plus détendue, comme une comédie d’adolescents sans prétention, mais sans faux pas notable non plus.

Passée à la moulinette américaine, la prémisse de ce film aurait probablement fait appel à un subterfuge fantastique pour expliquer le retour vers l’adolescence du personnage principal, avant de le justifier par un message édifiant aussi peu plausible. Heureusement, le cinéma français a moins tendance à compliquer les choses. Un diagnostique médical suivi d’une subtilisation de médicaments et hop, le tour est joué pour amorcer une intrigue qui s’apparente avant tout à une grande récré. Tout le monde y prend le droit de s’adonner librement à ses petits plaisirs de bouffe, de loisirs et d’aventures mi-sexuelles, mi-romantiques maladroites, sans faire de mal à personne. La bonne humeur inoffensive est alors au rendez-vous, au détriment de quelque mise en question sérieuse que ce soit à l’égard de la conception de la responsabilité adulte, perçue comme obligatoire dans notre culture au plus tard au passage du cap des trente ans.

© 2013 Roger Do Minh / Les Films du 24 / TF 1 Droits Audiovisuels / TF 1 Films Production /
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Le manque de sincérité et de naturel que l’on peut reprocher à Laurent Lafitte dans d’autres rôles joue plutôt en sa faveur ici. Ce grand frère qui ne jure que par le cahier des charges exhaustif d’une élite intellectuelle chichiteuse lui colle assez bien à la peau. Pendant la première partie du film, il est en quelque sorte le condensé conçu un peu grossièrement de tout ce qui ne va pas dans l’état d’esprit bo-bo, encore plus l’idéal social à cette époque-là qu’actuellement, quand la crise profonde que traverse l’humanité devrait lui donner dans le meilleur des cas l’opportunité de partir sur des bases plus authentiques. La transformation vers tous les dérèglements hormonaux propres à l’adolescence se fait certes un peu vite. Elle s’exprime surtout à travers un relâchement généralisé, plus proche de la reprise de goût à la vie que de la débandade. Rien de choquant donc au fil de cette deuxième partie de l’histoire, mais rien de franchement comique non plus.

16 ans ou presque procède à une variation sur le thème du retour à un âge plus innocent un peu trop lisse et gentillette pour nous marquer. Il s’agit certes d’une comédie populaire française sans accroc, mais sans traits particuliers non plus, susceptibles de nous permettre de nous en souvenir, d’ici quelques mois ou années. Pour tout vous dire, on avait un léger doute de l’avoir déjà vue, ce qui n’était a priori pas le cas. Or, le fait de l’avoir rattrapée risque de ne pas non plus changer grand-chose dans notre vision du cinéma et encore moins celle du monde. Bref, c’est un bon petit divertissement, mais guère plus !

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