Si elle était disponible au format Blu-ray en France ainsi que d’autres pays d’Europe depuis 2012, la trilogie du Flic de Beverly Hills restait à ce jour inédite aux États-Unis dans sa totalité : en effet, seul le premier film de la saga, signé par Martin Brest en 1984, était disponible en Haute-Définition sur le territoire américain. Histoire de fêter dignement l’arrivée de la totalité de la franchise aux USA, les trois films ont donc bénéficié de tout nouveaux transferts, remasterisés en 4K pour l’occasion. De quoi assurément foutre votre ancienne édition à la poubelle, ou vous en servir pour caler un meuble, n’est-ce pas ? Cette ressortie est également l’occasion de redécouvrir la saga, plus de 35 ans après la sortie du premier épisode, et éventuellement de revoir votre jugement sur celle-ci. On ne peut également s’empêcher de penser que Paramount a pu lancer cette restauration comme une façon de tâter le terrain concernant l’hypothétique mise en chantier d’un quatrième épisode de la saga – véritable arlésienne puisque Le flic de Beverly Hills 4 est régulièrement annoncé en développement puis repoussé depuis une quinzaine d’années… On ne désespère pas de le voir un jour débarquer sur grand écran, même si après l’excellent Dolemite is my name en 2019, on commence à se dire qu’il y a de fortes chances que le film voie le jour directement sur Netflix.
Le flic de Beverly Hills
États-Unis : 1984
Titre original : Beverly Hills cop
Réalisation : Martin Brest
Scénario : Daniel Petrie Jr., Danilo Bach
Acteurs : Eddie Murphy, Judge Reinhold, John Ashton
Éditeur : Paramount Pictures
Durée : 1h45
Genre : Policier, Comédie
Date de sortie cinéma : 27 mars 1985
Date de sortie DVD/BR : 1 mars 2020
L’inspecteur Foley est un flic qui ne respecte pas toujours les protocoles ce qui lui vaut d’être mis au repos. Il en profite pour enquêter sur la mort d’un de ses amis. Cela va l’amener jusqu’à Beverly Hills. Il n’est pas au bout de ses surprises…
Le flic de Beverly Hills I
L’immense succès du Flic de Beverly Hills au box-office (235 millions de dollars de recettes aux États-Unis, 3 millions d’entrées en France) n’a pas seulement permis au film de passer à la postérité : il l’a également complètement « vampirisé », dans le sens où on a aujourd’hui tendance à oublier qu’à l’origine, le film n’était pas censé être une comédie. Il est en effet intéressant de noter que durant sa phase de production, Le flic de Beverly Hills premier du nom se présentait comme un polar sombre, dans la lignée des « renegade movies » en vogue au début des années 80 à Hollywood. David Cronenberg fut même un moment contacté pour le réaliser. C’est l’arrivée d’Eddie Murphy au casting qui a finalement réorienté le film vers la comédie : comédien de stand-up ayant intégré en 1980 la prestigieuse bande du Saturday Night Live, Eddie Murphy était à l’époque un trublion débordant d’énergie tout juste révélé au cinéma par 48 heures (1982). Le film de Martin Brest s’est donc vu remanié afin de tourner complètement autour du charisme et de la performance physique de son acteur principal, qui bouffe littéralement les autres acteurs autour de lui. L’humour du film – qui, avouons-le, n’est pas forcément à se tordre de rire non plus – est essentiellement verbal et se concentre sur une petite série de numéros d’Eddie Murphy en quasi-impro, proposant un style comique essentiellement basé un flot de paroles volontiers argotiques balancées sur un tempo rapide – on notera par ailleurs que ses incessants verbiages s’avèrent remarquablement doublés par Med Hondo dans la version française.
Le flic de Beverly Hills est donc un curieux film de vendetta : l’histoire suit l’enquête d’un flic peu conventionnel afin de retrouver l’assassin de son ami fraichement sorti de prison, dont il fait clairement une affaire personnelle. Mais si c’est bien d’une histoire de vengeance qu’il s’agit, le fait que le film donne par passages dans le comique grand-public désamorce presque complètement les implications les plus noires du scénario. De fait, le déroulement du film est simple, et relativement routinier : on a pas mal d’enquête, un peu de comédie et un peu d’action – et si Le flic de Beverly Hills finit par décoller, c’est surtout qu’il est porté par le charisme d’Eddie Murphy, qui se donne réellement corps et âme pour donner vie au personnage d’Axel Foley, rôle de sa vie, qui lui collera à la peau durant toute sa carrière. De fait, la narration est toujours sur la corde raide, en équilibre précaire, mais l’ensemble s’avère le plus souvent tiré vers le haut par l’enthousiasme contagieux de l’acteur. Et bien sûr, il y a la musique, ou plutôt le thème principal, mondialement connu, imaginé par Jack Bontempi, hum, pardon, Harold Faltermeyer : quelques beats de synthétiseur bien sentis et accrocheurs, dont la cadence ouvertement répétitive reflète en elle-même le déroulement du film.
Pour autant, si les interactions entre les personnages sont relativement naturelles et l’abattage d’Eddie Murphy parfaitement efficace, si le tout est rythmé par les horripilants sons synthétiques de Faltermeyer, les producteurs Jerry Bruckheimer et Don Simpson sont bien conscients que ces éléments ne suffiront pas à eux seuls à assurer l’équilibre du film. D’où l’idée d’introduire dans le métrage – et c’est là que se situe le véritable coup de génie du film – un décalage ouvertement « bling bling » entre Detroit et Beverly Hills, avec soleil, bimbos et villas des beaux quartiers : le mélange fonctionne au final plutôt bien, faisant définitivement passer à l’arrière-plan l’histoire de vengeance personnelle – pourtant très représentative des préoccupations de l’Amérique Reaganienne vis à vis de la justice – qui s’accomplira au final de façon aussi détournée que vicelarde, dans le luxe et la franche rigolade. Au final, Le flic de Beverly Hills s’impose donc comme un film certes un peu poussif mais vraiment sympathique ; pas le plus mémorable des films policiers, ni la plus impérissable des comédies, mais un solide représentant d’un certain cinéma populaire des années 80, porté par la tchatche et la bonne humeur de son acteur principal.
Le flic de Beverly Hills II
États-Unis : 1987
Titre original : Beverly Hills cop II
Réalisation : Tony Scott
Scénario : Larry Ferguson, Warren Skaaren
Acteurs : Eddie Murphy, Judge Reinhold, Jürgen Prochnow
Éditeur : Paramount Pictures
Durée : 1h43
Genre : Policier, Comédie
Date de sortie cinéma : 26 août 1987
Date de sortie DVD/BR : 1 mars 2020
Axel Foley est de retour à Beverly Hills. Cette fois, il vient prêter main forte à ses collègues et amis pour résoudre une affaire de vol de bijoux…
Le flic de Beverly Hills II
Les mauvaises langues auront beau râler en disant que Le flic de Beverly Hills II n’est qu’une pale resucée du premier film qui n’était déjà pas bien folichon, les vrais esthètes continueront à se gausser dans leur coin, car EUX ils savent bien que la vraie valeur ajoutée du Flic de Beverly Hills II réside dans la présence au générique de Tony Scott, qui apportera à la saga son inimitable patte visuelle : format Scope, filtres à gogo, photo tape-à-l’œil, pose et tenues iconiques (au point même que le blouson de l’équipe de football américain des Lions de Detroit que porte Eddie Murphy sera repris dans l’épisode suivant), tout est fait ici pour marquer et flatter l’œil, jusqu’à en devenir un brin vulgaire, à l’image de la « méchante » du film, incarnée par Brigitte Nielsen, la « grande salope » comme l’appelle Axel (« Goddamn, that’s a big bitch »).
Bien sûr, les mauvaises langues diront que Tony Scott est juste parvenu à transformer un premier film poussif et visuellement laid en un clip poussif et visuellement jaune (« un peu comme si on regardait à travers un urètre » auraient dit les Robins des Bois). Il n’en est rien, et le talent de Tony Scott dans la mise en scène et l’iconisation à outrances des silhouettes, des lieux et de la violence tend même sérieusement à booster le film, et à effacer une grande partie des problèmes de rythme du premier épisode, qui patinait sérieusement dès qu’Eddie Murphy n’était plus à l’écran. Et si les personnages secondaires (Bogomil, Taggart et surtout Rosewood) prennent un peu d’importance, le reste du film est un décalquage en règle du premier film de la saga : l’humour d’Eddie Murphy ne change pas d’un iota, et le film enchaîne séquences d’investigations et scènes d’action sur une enquête faisant référence, de façon assez amusante, à l’intrigue d’ABC contre Hercule Poirot d’Agatha Christie.
Parallèlement, en 1987, la formule Don Simpson / Jerry Bruckheimer commence à se roder : Le flic de Beverly Hills II s’éloignera de fait quelque peu de son modèle et se rapprochera par moments d’avantage du classique film d’action de l’époque, du type L’arme fatale (1987) ou Cobra (1986). Les clins d’yeux à Sylvester Stallone sont d’ailleurs nombreux, avec une poignée de références à Rambo, tout autant qu’à Cobra d’ailleurs, avec ce fameux plan où Eddie Murphy pose devant l’affiche du film, comme s’il était devant un miroir – amusant dans le sens où Brigitte Nielsen, femme de Stallone à la ville à l’époque, avait été révélée par le film de George Pan Cosmatos. Indéniablement donc, le film de Tony Scott misera d’avantage que le précédent sur ses scènes d’action (avec notamment une amusante course-poursuite en bétonneuse), construisant au final une espèce de brouillon de ce que serait le Bad Boys de Michael Bay quelques années plus tard.
La conclusion est simple : par rapport à son prédécesseur, Le flic de Beverly Hills II semble adopter la devise de Fort Boyard : « Toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort ! », poussant tous les curseurs non pas à leur maximum, mais en tous cas plus haut dans tous les domaines. Plus d’humour, plus d’action, plus d’ambition dans la forme et dans les scènes d’action… Le génie visuel de Tony Scott permet de plus au film d’aller au-delà des blagues et du timing comique d’Eddie Murphy, toujours aussi imparable cela dit si vous êtes client de son humour.
Malgré un immense succès dans les salles obscures (153 millions à l’international, 2.4 millions d’entrées en France), Le flic de Beverly Hills II n’est malheureusement pas parvenu à égaler les recettes du premier épisode. Dans une interview donnée à Rolling Stone en 1989, Eddie Murphy, amer, déclarait : « Le flic de Beverly Hills II a probablement été le film médiocre le plus rentable de l’histoire. Il a rapporté 250 millions de dollars dans le monde entier, mais c’était un film qui avait le cul entre deux chaises : c’est pour l’essentiel une resucée du premier, mais il n’était ni aussi spontané, ni aussi drôle. »
Le flic de Beverly Hills III
États-Unis : 1994
Titre original : Beverly Hills cop III
Réalisation : John Landis
Scénario : Steven E. de Souza
Acteurs : Eddie Murphy, Jon Tenney, Joey Travolta
Éditeur : Paramount Pictures
Durée : 1h44
Genre : Policier, Comédie
Date de sortie cinéma : 17 août 1994
Date de sortie DVD/BR : 1 mars 2020
Dans cette nouvelle aventure, Axel Foley va mener l’enquête dans le célèbre parc d’attractions de Wonderworld à Beverly Hills. Il recherche le dangereux commanditaire d’une bande de voleurs de voitures responsable de la mort de son ami Todd…
Le flic de Beverly Hills III
Au début des années 90, la carrière au cinéma d’Eddie Murphy donne des signes de faiblesse. Ses films peinant à décoller au box-office, décision est prise de relancer une nouvelle fois la franchise Axel Foley avec Le flic de Beverly Hills III, qui était censé lui redonner un nouveau souffle mais qui, malheureusement, s’avérera un des plus gros échecs financiers de toute la carrière de l’acteur. La faute sans doute à une série de mauvaises décisions, liées au fait qu’en l’espace de sept ans – la période qui sépare le deuxième opus du troisième – le blockbuster Hollywoodien orienté action / comédie avait profondément changé, et que le film de John Landis ne correspondait plus du tout aux attentes du public. 25 ans après sa sortie, le film mérite donc non seulement une petite réhabilitation, mais également une recontextualisation, qui devrait nous aider à comprendre et à apprécier d’avantage ce qui, sur le papier, ressemble surtout à un immense accident industriel.
Eddie Murphy n’a jamais caché son dédain pour le deuxième épisode de la saga, réalisé par Tony Scott. Par conséquent, il n’y a rien d’étonnant à ce que Le flic de Beverly Hills III marque une évidente rupture avec le film précédent, quitte à abandonner quelques-uns des éléments « historiques » de la saga : déjà, le film n’est plus une production Don Simpson / Jerry Bruckheimer, qui n’apporteront plus leur « expertise » en termes de blockbuster. Exit également Harold Faltermeyer, qui ne composera plus la musique du film – si à priori nos oreilles auraient eu tendance à remercier les exécutifs responsables de cette décision, c’était sans compter sur le mauvais goût général de l’entreprise : les auteurs du film sont parvenus à faire encore pire avec Nile Rodgers, qui nous livre une version symphonique du thème de Faltermeyer qu’il nous resservira à toutes les sauces : c’est absolument immonde. Plusieurs personnages passent également à la trappe : Taggart (John Ashton), Bogomil (Ronny Cox) et Friedman (Paul Reiser) sont en effet complètement absents de cet épisode, et Todd (Gilbert R. Hill) périra quant à lui dans les premières minutes du film. Ne reste plus que Rosewood alias Judge Reinhold, et un revenant du premier film, Serge, incarné par Bronson Pinchot, galeriste efféminé dans une séquence « culte » du premier film ayant abandonné l’Art contemporain et revenant ici dans le rôle d’un marchand d’armes.
Techniquement parlant, le film descend en gamme également, puisqu’au Scope et à l’efficacité formelle qui claque sa mère proposés par Tony Scott succèdent ici le classique format 1.85, pas forcément aidé non plus par la photo peu inspirée de Mac Ahlberg, et surtout par la réalisation plus je-m’en-foutiste que jamais de John Landis, en total mode pilote automatique, et visiblement plus intéressé par le fait d’aligner les caméos de ses amis réalisateurs que par le fait de dynamiser sa mise en scène. Bon réalisateur de comédie, John Landis se laisse vite déborder quand il aborde d’autres genres, et visiblement, il s’est contenté ici de faire le « yes man » pour son camarade Eddie Murphy (avec qui il avait pourtant déjà tourné deux bons films, Un fauteuil pour deux et Un prince à New York), le laissant totalement en roue libre, ce qui, malheureusement, ne lui rend pas toujours service : le voir grimacer et rouler des yeux deux minutes après la mort de son supérieur et ami n’est par exemple pas la meilleure entrée en matière qui soit, et on peine un peu à réellement s’impliquer dans l’intrigue du film, par ailleurs très différente de celles développées sur les deux premiers films.
Car il faut également noter qu’entre 1987 et 1994, le petit monde du film d’action s’est vu complètement remodelé avec l’arrivée d’une poignée de films ayant complètement redéfini les codes du genre. Parmi ces films bien sûr, l’un des plus symboliques de l’évolution du blockbuster est Piège de cristal. Il y a fort à parier qu’en réalisant son film en 1988, John McTiernan ne se doutait pas que son œuvre se révélerait aussi « séminale » dans l’inconscient collectif de l’amateur de cinéma d’action. En effet, dans les quinze années qui ont suivi le chef d’œuvre de McT, qui mettait en scène Bruce Willis face à un groupe de terroristes au cœur d’un building High-Tech, les pseudo-remakes ont commencé à inonder les écrans : aux côtés de la suite « officielle » (58 minutes pour vivre) qui prenait place dans un aéroport, se sont imposées des démarcations un peu plus bâtardes mais souvent assez fréquentables, d’autant plus quand elles étaient réalisées par des pointures de la série B. Steven Seagal a donc affronté des méchants sur un bateau dans Piège en haute mer (1992) / dans un train dans Piège à grande vitesse (1995), Jean-Claude Van Damme a défouraillé dans un stade hockey dans Mort subite (1995), Wesley Snipes dans un avion (Passager 57, 1992), Keanu Reeves dans un bus (Speed, 1994)… Le scénario du Flic de Beverly Hills III est donc confié à Steven E. De Souza, scénariste de Piège de cristal que Murphy connaît bien puisqu’il était également le scénariste de 48 heures (1982). Ce dernier placera l’intrigue du film à Wonder World, un parc d’attractions « à thèmes » calqué sur Disneyland. Et même si la tension est clairement amoindrie par le fait qu’il ne s’agisse pas d’un endroit clos (Foley ne cesse de faire des allées et venues entre le parc et l’extérieur) et que le héros ne subisse aucune contrainte « temporelle » pour agir (le tout se déroule sur plusieurs jours consécutifs), on ne peut que saluer l’idée de situer l’action dans ce genre d’endroit, aussi inattendu qu’original.
Exit donc l’ambiance « bimbos, palmiers et milliardaires », bonjour le sous Disneyland. A la réal, John Landis s’amuse gentiment du capitalisme cynique propre à ce genre d’endroits – difficile, même vingt-cinq ans après sa sortie, d’oublier la chansonnette du parc. Parallèlement, il offre à Eddie Murphy l’occasion de jolis moments de comédie pure – on pense par exemple à ce moment où il apparait au centre de l’estrade où dansent les personnages déguisés – ainsi qu’une ou deux scènes d’action intéressantes, dont une prenant place sur une grande roue (ratée, mais intéressante).
Alors voilà, on ne va pas mentir : Le flic de Beverly Hills III n’est pas un grand film, même au cœur de la faiblarde filmographie de John Landis. Cependant, il faut tout de même admettre que toute nostalgie mise à part, le film se laisse suivre très agréablement, le ton étant à l’humour potache et le caméo de rigueur (on y reviendra juste après). C’était déjà le cas en 1994 et finalement, si le film a été un échec retentissant aux États-Unis avec ses 42,6 millions de dollars de recettes – pour un budget de 50 – on notera quand même que nous autres français lui avions plutôt réservé un bon accueil, avec plus de deux millions d’entrées dans les salles. Parce que les français et Le flic de Beverly Hills, c’est une grande histoire d’amour ; on en veut pour preuve que la saga était déjà disponible chez nous en Blu-ray alors qu’elle restait inédite au pays de l’oncle Sam, et on n’oubliera pas non plus qu’Omar Sy et Rachid Bouchareb s’étaient lancés en 2018 dans un remake officieux du film avec Le flic de Belleville… pour un résultat au box-office que l’on qualifiera de mi-figue mi-raisin (630.000 entrées).
Les cameos du Flic de Beverly Hills
S’il y a bien quelque-chose d’amusant quand on redécouvre des films américains 25 à 35 ans après leur sortie dans les salles, c’est d’y retrouver des seconds-rôles ayant par la suite « fait du chemin », et s’étant retrouvés sous les feux des projecteurs un peu plus tard. La saga du Flic de Beverly Hills ne fait pas exception à la règle, et si certains acteurs sont restés profondément marqués par leurs rôles dans la franchise (on pense surtout à John Ashton et Judge Reinhold), d’autres ont finalement d’avantage marqué les mémoires APRES leur participation aux aventures d’Axel Foley / Eddie Murphy.
Dans le rôle d’Andrew Bogomil, chef de la police de Beverly Hills, on retrouvera par exemple la tronche sévère de Ronny Cox qui, s’il était loin du statut de débutant, marquerait surtout les mémoires quelques années plus tard grâce à ses collaborations avec Paul Verhoeven, en incarnant Dick Jones dans Robocop (1987) puis Cohaagen dans Total recall (1990). Du côté des amis d’Axel Foley, on trouvera aussi Paul Reiser, qui serait révélé par Aliens le retour (1986) puis exploserait grâce à la série télé Dingue de toi (1992). Dans le premier film, on trouvera également Jonathan Banks (alias Mike Ehrmantraut dans Breaking bad) dans le rôle d’un des hommes de main du bad guy, Frank Pesce, proche de Stallone et du cinéma de William Lustig, dans celui de l’acheteur de cigarettes au début du film (qui apparait également au début du Flic de Beverly Hills II) ou encore Damon Wayans, qui joue le garçon d’hôtel qui offre les bananes à Eddie Murphy.
Dans le film de Tony Scott, on ne pourra pas louper la présence de Dean Stockwell dans un rôle très mineur, après Dune ou Paris, Texas – tous deux tournés en 1984 – mais quelques années avant son rôle récurrent dans la série-culte Code Quantum (1989). Il faudra cependant être un peu plus attentif pour repérer sous la perruque blonde du trafiquant d’armes Nikos Thomopoulos (Thomopolis en VO) la présence de Paul Guilfoyle, futur Jim Brass dans la série Les experts (2000). Enfin, on repérera également la présence de Chris Rock dans le rôle d’un voiturier à la fête Playboy, et bien sûr Hugh Hefner dans son propre rôle, durant la même séquence.
Mais bien sûr, la palme ira au Flic de Beverly Hills III qui, en bon film de John Landis, nous propose un véritable défilé de cinéastes et de personnalités du cinéma venus faire une apparition le temps d’un plan ou deux. Le plus évident est bien sûr Joe Dante, qui tient le rôle du flic qui libère Foley quand ce dernier est en prison. Impossible de louper George Lucas en client refoulé durant la séquence de la grande roue. Axel Foley pique sa Porsche à Barbet Schroeder en se faisant passer pour un voiturier, John Singleton joue les pompiers, Martha Coolidge s’occupe de la sécurité, Arthur Hiller, Forrest J. Ackerman et Ray Harryhausen prennent un verre au bar, et Peter Medak y va également de sa discrète apparition. Les plus observateurs repéreront également la présence de Julie Strain durant la publicité pour l’Annihilator. Mariée pendant un peu plus de dix ans à Kevin Eastman, créateur avec Peter Laird des Tortues Ninja, Julie Strain est une véritable icône du « Bis », ayant joué dans plus de 100 films à petit budget, et s’étant notamment imposé comme une égérie de la firme Troma Entertainment à la fin des années 90. Ayant souffert d’amnésie rétrograde durant de nombreuses années suite à une chute de cheval dans les années 80, l’actrice reçoit actuellement des soins palliatifs à domicile liés à un stade de démence avancé. Malgré des rumeurs insistantes en janvier 2020, Julie Strain est à ce jour toujours en vie, et vient de souffler ses 58 bougies.
Finalement, ça vaudrait peut-être même le coup de revoir le film pour tous les repérer, non ? On notera également la présence au casting de John Saxon – qui pour le coup était déjà une célébrité depuis longtemps – mais également de Stephen McHattie, dont la popularité n’exploserait réellement qu’il y a une grosse dizaine d’années, grâce à sa participation notamment à plusieurs films de genre.
Les Blu-ray
[4,5/5]
C’est donc Paramount Pictures qui nous propose aujourd’hui de (re)découvrir les trois films de la saga Le flic de Beverly Hills en Blu-ray. L’image a été restaurée en 4K, et la qualité des transferts est tout simplement somptueuse, préservant le grain d’origine, nous proposant des couleurs, des textures et une tenue des noirs tout simplement exceptionnelles. L’ensemble est propre, clair et encodé avec un soin visiblement maniaque : le niveau de détail est extrêmement solide, et le tout nous parvient sans le moindre problème de compression à l’horizon : c’est du grand Art, on a là trois Blu-ray tout simplement incroyables. Côté son, les versions originales des trois films sont toutes proposées en DTS-HD Master Audio 5.1. Dans les trois cas, on est en présence d’une belle réussite acoustique : chaque canal s’évertue à dépoter, les effets multidirectionnels sont légion, les dialogues sont cristallins, les surrounds s’occupent de retours arrière profondément immersifs, et le caisson de basse ne manque pas non plus de nous rappeler régulièrement sa présence. On est donc bel et bien en présence de mixages très précis et efficaces. En version française, on retrouvera les mixages Dolby Digital 2.0 déjà présents sur les Blu-ray précédents, qui restituent les dialogues avec la plus parfaite clarté, et font profiter d’un certain punch aux scènes musicales.
Du côté des suppléments, seul le premier film de la série affiche quelques suppléments, mais on ne pourra que s’incliner devant la qualité de ceux-ci, d’autant que certains d’entre eux sont totalement inédits. On commencera avec le commentaire audio du réalisateur Martin Brest (VOST), qui reviendra sur la genèse du film, le processus de tournage, les décors, les accessoires, la prestation d’Eddie Murphy et son alchimie avec ses partenaires… La piste s’avérera très complète, sans temps morts, et très enrichissante pour les fans indécrottables du film. On continuera ensuite avec la musique du film en piste isolée, pour les amateurs du score d’Harold Faltermeyer, pour enchainer avec deux scènes coupées (4 minutes), quelques interviews d’époque présentées dans leur jus « vintage » (7 minutes). On s’attardera ensuite avec le plus grand intérêt sur le making of rétrospectif du film (29 minutes), qui reviendra sur les origines du projet avec Sylvester Stallone dans le rôle principal, les différents acteurs envisagés pour le remplacer, le changement de direction et de tonalité du projet avec l’arrivée d’Eddie Murphy, l’arrivée de Martin Brest aux commandes et bien sûr le succès et « l’héritage » du film. Ce sujet très intéressant se complètera par un focus sur le casting du film (10 minutes) et la galère vécue par la directrice de casting Margery Simkin lors du remplacement de Stallone, ainsi que sur la musique (8 minutes), qui a remporté un Grammy Award. On terminera enfin avec une amusante « carte d’orientation », qui nous proposera de découvrir les coulisses de sept lieux représentatifs du film (8 minutes) ainsi qu’avec la traditionnelle bande-annonce. Et pour les amoureux des sons kitschissimes des années 80 qui tapent du pied en regardant le film, l’éditeur propose également un accès direct aux différents morceaux de la bande originale via la Mixtape ‘84 du Flic de Beverly Hills : l’occasion de retrouver les morceaux « The heat is on », « Neutron dance », « New attitude », « Do you really », « Stir it up » et « Nasty girl ». Funky !