Les sous-doués en vacances
France : 1982
Titre original : –
Réalisation : Claude Zidi
Scénario : Claude Zidi, Didier Kaminka, Michel Fabre
Acteurs : Daniel Auteuil, Guy Marchand, Grâce de Capitani
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h35
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 10 mars 1982
Date de sortie DVD/BR : 26 février 2020
Après leur réussite au baccalauréat, les élèves du cours Louis XIV prennent des vacances bien méritées. Mais Bébel se fait larguer à l’aéroport par sa nouvelle conquête, qu’il n’aura pas tellement de mal à oublier. Il rencontre Claudine lors d’une expérience de la Love Computer, qui a révélé la compatibilité totale des deux cobayes. Et lorsque Claudine se rend à Saint-Tropez, Bébel part la retrouver avec ses anciens camarades de baccalauréat…
Le film
[3/5]
La comédie populaire française est un monstre bicéphale. D’un côté, nous avons les œuvres « respectables », écrites avec finesse et s’imposant auprès de la critique et du public comme autant de petits trésors, pétillants et drôles. De l’autre, on a ce qu’on appelle gentiment les « nanars », ces comédies franchouillardes des années 70/80, qui ne sont plus de nos jours ni diffusées à la télévision ni disponibles en DVD. Les plus jeunes cinéphiles semblent donc privés de la découverte de tous ces films, et de ces cinéastes dévoués au genre. Déjà pas très respectés en leur temps, il semble que les noms de Philippe Clair, Max Pécas, Richard Balducci ou encore Christian Gion soient voués à sombrer dans l’oubli à plus ou moins court terme – et ce malgré des films ayant réalisé des chiffres parfois très impressionnants au box-office.
Mais la comédie populaire franchouillarde compte aussi ses classiques, qui auront permis à des réalisateurs comme Jean Girault, Robert Lamoureux ou Claude Zidi de se faire une renommée inattendue : en parallèle avec les sagas consacrées à la Septième compagnie ou au Gendarme de St Tropez, il y a bien sûr les deux opus des Sous-doués. On a abordé il y a quelques jours Les sous-doués (lire notre article), place aujourd’hui aux Sous-doués en vacances, film séminal s’il en est, puisque son succès a donné naissance à une flopée de « nanars à Saint-Tropez », genre dans lequel Max Pécas a œuvré tout au long des années 80 et dont les films ont fait les beaux jours de La 5 et de M6 dans les années 80/90.
Les sous-doués en vacances fait donc partie de ces petits plaisirs complètement désuets qui essaient, le plus souvent en vain, de vous faire rire, mais qui font preuve d’une telle énergie pour brasser du vide qu’elles en deviennent immédiatement attachantes. Développant avec plus ou moins d’inspiration un scénario-prétexte propre à enchaîner les gags plus ou moins stupides / plus ou moins efficaces, le film de Claude Zidi parvient néanmoins à fonctionner de façon régulière sur nos zygomatiques. Et même si le film semble unanimement considéré par le public et la critique comme inférieur au premier épisode (la note sur IMDb est inférieure, et les deux intervenants des bonus du film, Didier Kaminka et Thibault Decoster, le tiennent également pour moins bon que l’original) on aurait tendance quant à nous à le considérer comme un peu plus drôle que son prédécesseur. Débile certes, mais amusant, et typiquement 80’s. Les goûts et les couleurs…
Au casting du film de Claude Zidi, on retrouvera quelques-uns des acteurs du premier film, naturellement menés par Daniel Auteuil. Pour les « petits nouveaux », on trouvera bien sûr l’ineffable Guy Marchand, qui composait ici un personnage de beauf qui lui collerait à la peau durant de nombreuses années. Pire encore pour sa carrière (de chanteur), il remporterait un immense succès avec le tube « Destinée », chanson parodique que la France entière prendrait au premier degré et lui réclame encore aujourd’hui à corps et à cris. A leurs côtés, on trouvera également une Charlotte de Turckheim tout juste sortie de La nuit de la mort et du Maître d’école, ainsi que Grâce de Capitani, actrice incontournable des années 80, ayant essentiellement cela dit tourné avec Claude Zidi et Didier Kaminka : Les ripoux, Canicule, Les cigognes n’en font qu’à leur tête, Ripoux contre ripoux, Promotion canapé… Puis plus rien ou presque, sa carrière s’étant par la suite concentrée sur la télévision et, plus tard, les films de Jean-Pierre Mocky. On notera également que si l’on est attentif, on pourra remarquer à la fin du film la présence de Sandrine Bonnaire dans le public du spectacle de Guy Marchand. Comme quoi de Claude Zidi à Maurice Pialat, il n’y a finalement qu’un pas…
Le Blu-ray
[4,5/5]
Gaumont nous gâte décidément en ce mois de février avec les sorties conjointes des deux films de la franchise Les sous-doués. Intégrant tous deux la trentième-et-unième vague de la collection Blu-ray Découverte de chez Gaumont (aussi appelée Gaumont découverte en Blu-ray), les films de Zidi s’offrent de nouveaux transferts Haute-Définition, très supérieurs à ceux utilisés par EuropaCorp sur leurs éditions sorties en 2014. Côté Blu-ray, la copie des Sous-doués en vacances est de très bonne tenue, avec un grain cinéma respecté aux petits oignons, et des contrastes finement travaillés. La restauration a fait place nette des tâches, rayures et autres griffes disgracieuses, et propose une image stable, avec néanmoins quelques fourmillements discrets sur certaines séquences. Côté son, l’éditeur nous propose un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 sans souffle ni bruits parasites. Les dialogues sont parfaitement clairs. Du très joli boulot technique.
Niveau suppléments, on trouvera, comme sur le Blu-ray du premier film, un passionnant entretien croisé entre Didier Kaminka, dialoguiste du film, et Thibault Decoster, auteur du livre « Le cinéma de Claude Zidi » (30 minutes). Didier Kaminka évoquera à demi-mots les faiblesses du scénario du film, tandis que Thibault Decoster reviendra quant à lui sur sa découverte du film, originellement prévue en 1997, mais que la mort de Lady Di, puis sa mère qui trouvait que le film montrait « trop de filles à poil », sont venues perturber. Il découvrirait finalement le film trois ans plus tard, en 2000 (il était alors âgé de dix ans), mais ne le trouverait pas aussi percutant que l’original. Plusieurs idées de scénario sont abordées : Didier Kaminka y explique qu’une des premières moutures du scénar suivait les Sous-doués en « road trip » à travers les États-Unis. Thibault Decoster quant à lui évoque le fait que la suite des Sous-doués fut un temps envisagée comme un film de « caméras cachées » à la façon de Dieu me savonne (1976) ou de Les anges se fendent la gueule (1983), eux-mêmes ancêtres des 11 commandements (2003), N’importe qui (2013), Connasse, princesse des cœurs (2014) ou encore Mon ket (2018). Enfin, Didier Kaminka évoquera un autre projet : celui d’une suite tardive au cœur de laquelle le personnage de Daniel Auteuil deviendrait président, et intitulée Les sous-doués au pouvoir. Mais la sortie des Tuche 3 (2018) mit fin au projet, car l’idée de départ du film d’Olivier Baroux était trop proche de celle imaginée par Kaminka et Claude Zidi. On regrette cela dit que ce projet n’ait pas abouti, car après tout, l’intrigue des Tuche 3 ne faisait-elle pas déjà doublon avec l’élection d’Emmanuel Macron l’année précédente ? On terminera le tour des bonus avec une scène coupée (4 minutes) et la traditionnelle bande-annonce.
On vous rappelle par ailleurs que le livre de Thibault Decoster « Le cinéma de Claude Zidi » est disponible aux Editions Lettmotif.