Test Blu-ray : American graffiti

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American graffiti

 
États-Unis : 1973
Titre original : –
Réalisation : George Lucas
Scénario : George Lucas, Gloria Katz, Willard Huyck
Acteurs : Richard Dreyfuss, Ron Howard, Paul Le Mat
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h50
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 1 mars 1974
Date de sortie DVD/BR : 21 janvier 2020

 

Modesto, Californie, Août 1962. Pour Curt et Steve, la nuit qui commence est la dernière avant de partir à la fac. Une dernière nuit de fête, et il sera temps de faire leurs adieux à leurs copains de lycée. Les heures qui viennent seront inoubliables…

 


 

Le film

[4/5]

« Second film de George Lucas, American Graffiti résulte d’un pari lancé par Coppola le défiant de toucher une audience de masse. Aujourd’hui devenue une œuvre incontournable sur la pop culture et les années 60 en Amérique, elle a permis à son réalisateur de s’affirmer à Hollywood et de créer ce qui deviendra une des épopées les plus cultes au monde, la saga Star Wars. (…)

Lucas rapproche l’Amérique des années 60 aux adolescents qui y vivent : tous deux vont connaître une période de transition. Il a voulu parler de l’expérience qu’il avait eu d’une génération naïve dans une époque entre deux guerres, insouciante. C’est quasiment une autobiographie qu’il nous livre avec cette histoire d’errance et de questionnements avant un passage à l’âge adulte qu’on ne peut pas empêcher.

Cette transition est au centre de tout : partir ou rester, un choix simple en apparence mais qui signifie oublier ses rêves d’enfant au profit de la réalité. Les personnages prennent conscience de l’enjeu de leurs choix et observent pour la première fois avec recul un monde qui leur paraît tout nouveau. Les voitures sont les véritables personnages principaux, et représentent le cocon de l’adolescence, les rituels auxquels les adolescents se livrent avant de devoir définitivement les abandonner : courses, cruising, vols… Petit à petit, ils les quittent et voient enfin les choses plus clairement, d’une clarté irréversible.

Lucas voulait donner un échantillon le plus proche possible de la réalité de ce moment ; dans un rapport quasi-documentaire à l’époque représentée, il nous fait prendre conscience du chemin parcouru par le monde depuis ce passé révolu. L’idée d’irréversibilité est aussi présente que celle du changement ; les personnages, portés par des acteurs encore inconnus tels que Ron Howard, Richard Dreyfuss ou Harrison Ford, se posent cependant en modèles intemporels et universels. Les voitures transportent les personnages à travers un changement inévitable et les protège ; elles sont ce qui est le plus représentatif de cette époque, avec la bande-son rock omniprésente portée par la voix de Wolfman Jack (un véritable dj des années 60 qui fascinait Lucas dans sa jeunesse et sur lequel il voulait faire un documentaire), la figure du sage qui les rassure tout au long de la nuit. (…)

American Graffiti signe la fin du rêve américain d’après-guerre ainsi qu’un questionnement non pas symptomatique d’une génération en Amérique mais de l’humanité toute entière. Chaque personne passera par cette transition et connaîtra une nuit comme celle-ci, où tous cherchent à s’amuser une dernière fois avant de faire leurs adieux à l’enfance et d’embrasser la réalité. C’est une dernière nuit dans un rêve partagé, une transformation collective, une fureur de vivre avant que tout ne change sans appel. Presque tous les plans sont tournés de nuit, et Modesto est la scène de ce croisement de destins dans un monde presque arrêté mais qu’on ne peut pas empêcher de continuer. En donnant peu d’indications aux acteurs et en tournant avec de la lumière quasi-naturelle dans des endroits survivants de cette époque, Lucas veut montrer la vérité de la vie à ce moment-là ; partager avec les spectateurs la nostalgie d’avoir été vivant à cet instant précis de l’histoire.

American Graffiti est un des « teen movies » qui a eu le plus d’influence sur le genre ; c’est un film culte sur l’Amérique des années 60 et la pop culture, mais aussi sur le passage de l’enfance à la vie adulte, la difficile transition avec le monde de la réalité. C’est une histoire universelle et intemporelle, qui raconte un passage initiatique commun à tous. Il montre qu’il ne faut pas vivre dans le passé par crainte du futur, mais s’en libérer par un dernier moment, une dernière nuit d’insouciance : c’est ce rituel que vivent les personnages sous nos yeux. »

Extrait de la critique de notre chroniqueuse Amélie Barbier. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

La première édition Blu-ray d’American graffiti, parue en France en 2011 sous les couleurs d’Universal Pictures, ne s’était pas avérée des plus satisfaisantes, à cause d’un master trop sombre et lissé à grands coups de réducteur de bruit numérique (DNR). C’est donc Rimini Editions qui nous propose ce mois-ci de redécouvrir le film de George Lucas dans une nouvelle édition Blu-ray qui nous fera à coup sûr oublier les outrages de la précédente : l’image est en effet d’une stabilité exemplaire, la copie satisfaisante, la colorimétrie retrouve une belle vivacité, les contrastes et les détails sont sensiblement renforcés, c’est du beau travail technique. Si quelques petites taches et autres points blancs demeurent, le grain a été préservé, et le tout affiche une forme insolente. En ce qui concerne le son, nous avons évidemment le choix entre la version originale et la version française, les deux étant proposées en DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine. Le doublage que nous connaissons tous est évidemment respecté et cette piste s’avère plus rentre-dedans avec des dialogues qui prennent le pas sur les ambiances annexes. La version originale paraît plus « calme », mais en réalité les ambiances, la musique et les dialogues sont beaucoup plus riches. Dans les deux cas néanmoins, l’ensemble est clair et équilibré.

Du côté des suppléments, Rimini Editions reprend les suppléments du Blu-ray précédent qui, pour le coup, s’avéraient quant à eux très intéressants : on commencera avec un passionnant making of rétrospectif (1h18). On irait même jusqu’à dire que le documentaire s’avère, à bien des égards, beaucoup plus captivant que le film lui-même. George Lucas y développera son approche du sujet, en revenant notamment sur son amour des voitures et de la vitesse, mais également sur sa volonté de signer un film quasiment « documentaire ». Les scénaristes Gloria Katz et Willard Huyck, les acteurs (de Harrison Ford à Richard Dreyfuss) et divers collaborateurs (dont Francis Ford Coppola) sont également de la partie, et tous les sujets sont abordés, de l’intrigue au montage en passant par la musique et les acteurs, l’ensemble s’avérant d’une honnêteté rafraîchissante, sans le moindre recours à la langue de bois. On continuera ensuite avec des bouts d’essai des acteurs Ron Howard, Richard Dreyfuss, Paul Le Mat, Cindy Williams, Mackenzie Pillips et Charles Martin Smith (23 minutes). On terminera enfin avec un commentaire audio de George Lucas, absent de l’édition précédente. Le réalisateur partagera de nombreuses anecdotes sur la production du film, couvrant un spectre de sujets plus vaste et étendu que durant le documentaire. Très intéressant !

 

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