Never grow old
Irlande : 2019
Titre original : –
Réalisation : Ivan Kavanagh
Scénario : Ivan Kavanagh
Interprètes : Emile Hirsch, John Cusack, Déborah François
Editeur : Rezo Films
Distribution : ESC Distribution
Durée : 1h35
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 7 août 2019
Date de sortie DVD : 3 décembre 2019
Un charpentier et entrepreneur de pompes funèbres irlandais Patrick Tate vit avec sa jeune famille à la périphérie d’une petite ville sur la route de la Californie pendant la ruée vers l’or de 1849. La vie y est dure mais paisible jusqu’à l’arrivée de Dutch Albert et sa bande de Hors-la-loi qui va tout faire basculer et l’obliger à protéger sa famille…
Le film
[4/5]
La ruée vers l’or de Californie est un épisode marquant de l’histoire des Etats-Unis, entrainant un transfert massif de population de l’est vers l’ouest du pays. Toutes celles et tous ceux qui empruntaient le California trail n’étaient pas des chercheurs d’or en puissance, certain.e.s ayant tout simplement des métiers leur permettant d’espérer pouvoir profiter des retombées de ces nouvelles richesses. C’est le cas de Patrick Tate, un immigré irlandais qui s’est installé avec sa femme et ses deux enfants à Garlow, une bourgade située à proximité de la frontière avec la Californie. Son travail de charpentier et de croque-mort leur permet de vivre à peu près correctement, tout au moins aux yeux d’Audrey, son épouse d’origine française, qui se réjouit de vivre dans un lieu régi par un prêtre protestant à la morale très rigoureuse et qui, avec les fidèles qui l’entourent, a réussi à proscrire de Garlow l’alcool, le jeu et la prostitution. De son côté, Patrick serait enclin à reprendre la route vers l’ouest, le nombre de morts à Garlow lui paraissant trop faible pour que son travail de croque-mort soit suffisamment rémunérateur. L’arrivée à Garlow d’un trio de hors-le-loi va changer la donne : avec son chef, Dutch Albert, avec le muet et le sicilien, avec ce trio qui fait régner la terreur, le saloon va être racheté, le vice va s’inviter à nouveau et le nombre de morts va aller crescendo. Dorénavant, c’est Audrey qui voudrait quitter Garlow et Patrick qui, voyant gonfler son chiffre d’affaire, souhaite rester, du moins dans un premier temps.
Tourné en Irlande et au Luxembourg par un réalisateur irlandais, Never grow old est un des meilleurs westerns arrivés sur nos écrans depuis qu’on a changé de siècle. Un western qui réussit à être atypique tout en étant très classique dans sa conception. En effet, très classique dans le western est l’arrivée dans une bourgade jusque là paisible d’un groupe de hors-la-loi désireux de mettre la communauté à feu et à sang. Très classique le fait que, dans cette communauté, la plupart ont peur et ne bougent guère mais une figure émerge pour prendre le flambeau de la résistance face à la force brutale et aveugle. Sauf qu’ici, ce personnage fort de la bourgade, ce n’est pas un homme, mais une femme : Audrey, l’épouse de Patrick.
L’étude du comportement de Patrick est une des grandes forces du film. Un homme qui cherche le bonheur de sa famille mais qui, très longtemps, est coincé entre le bonheur matériel, l’enrichissement que le trio maléfique lui rapporte et les limites qu’il peut accepter moralement pour devenir riche. Sa relation ambigüe avec Dutch Albert est vue d’un très mauvais oeil par la population de Garlow et, surtout, par Audrey. Par ailleurs, le film montre sans concession les côtés excessifs de beaucoup d’américains : capables, comme le pasteur et ses ouailles, de plonger dans la bigoterie la plus extrême et de prohiber tout ce qui concerne l’alcool et le sexe ; capables, à l’instar de Dutch Albert, de plonger à corps perdu dans les beuveries, les jeux de carte, les plaisirs rétribués et, bien sûr, les assassinats de sang froid.
Magnifiquement filmé par Piers McGreil dans un environnement dont tout laisse à penser qu’on est dans l’ouest des Etats-Unis même quand on sait qu’il s’agit du Luxembourg et de l‘Irlande, Never grow old donne un visage certainement très authentique de ce qu’a été cette période de l’histoire des Etats-Unis, tant au niveau des costumes, du comportement des individus, que dans les conditions de vie, particulièment dures. La distribution du film mélange acteurs américains et acteurs européens, britanniques ou belges. John Cusak est impressionnant dans le rôle de Dutch Albert, Emile Hirsch aussi juste que dans Into the wild, Deborah François remarquable dans le rôle d’Audrey. Quant à la musique, elle permet d’entendre, accompagnant le générique de fin, une magnifique chanson au titre très sobre : « Vanzandt ». Impossible de savoir s’il s’agit d’une référence au comté du Texas qui porte ce nom ou à un musicien, que ce soit Steven Van Zandt ou Townes Van Zandt !
Le DVD
[4/5]
Never grow old est un film remarquable par la qualité de sa photographie, une photographie très souvent en demi-teinte, et même, parfois, sombre. Dans ces conditions difficiles, le résultat du transfert sur DVD est à la hauteur de cette qualité, avec une image présentant en permanence toutes les nuances attendues. Concernant le son, on peut choisir entre entre 2.0 et 5.1, entre VO et VF, entre présence ou absence de sous-titres, tous les panachages étant possibles.
3 compléments sont proposés : « Les coulisses du tournage » dure 5 minutes et il est muet. L’entretien avec Emile Hirsch dure 7 minutes et il présente surtout la vision de l’acteur sur le personnage qu’il interprète. Quant à l’entretien avec le réalisateur, d’une durée de 16 minutes, il est très complet, avec ses sources d’inspiration, sa vision sur les personnages, son travail avec les interprètes, le choix des lieux de tournage, son travail avec son directeur de la photographie et le travail à venir concernant le son, l’interview s’étant manifestement déroulé avant ce travail final.